Un riz risqué en circulation au Cameroun
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Filière rizicole : «toutes les nuits, 10 camions de riz de Yagoua entrent frauduleusement au Nigéria»

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Le Groupement des importateurs de riz du Cameroun (Girc) annonce une pénurie dans les prochains mois si le gouvernement ne facilite pas l’entrée du riz asiatique sur le territoire. Au même moment, le Nigéria voisin s’approvisionne chez les riziculteurs de Yagoua, région de l’Extrême-Nord.

C’est la saison de la récolte du riz à Yagoua. Cette période cadre avec les plaintes du Groupement des importateurs de riz du Cameroun (Girc) contre le gouvernement. Au cours d’un point de presse le 17 juin 2021 à Yaoundé, Jacquis Kemleu, secrétaire général du Girc a justifié la hausse du prix du riz sur le marché local : « La pandémie a confiné tout le monde, nous-mêmes ne cultivions pas, en comptant sur le riz à importer qui n’est malheureusement plus disponible avec comme conséquence, le coût élevé».

Les importateurs apprennent que 200 000 tonnes de riz seulement sont actuellement disponibles au Cameroun. Ils demandent au gouvernement de se bouger pour lever toutes les barrières liées à l’importation du riz afin d’éviter une pénurie dans les trois prochains mois.

Le Nigéria se sucre à Yagoua

La sortie du Girc est fortement critiquée par les riziculteurs de Yagoua, dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Ces derniers disent disposer du riz en quantité et qualité suffisante pour satisfaire la demande nationale. « Ce mois de juin, nous avons démarré la récolte du riz à Yagoua, qui est le bassin de production du riz en Afrique centrale. Nous produisons 100 000 tonnes du riz par an », apprend Ahmadou Wadiri, promoteur du riz Nouria.

A la tête de la coopérative COOP – CA TPA, l’opérateur économique camerounais de 44 ans recherche des subventions pour équiper sa rizerie en technologie de pointe pour transformer toute la récolte de Yagoua.

Depuis son retour au pays natal en 2013, le promoteur de Nouria sollicite l’accompagnement de l’Etat pour se doter des équipements nécessaires « pour transformer le riz local que nous produisons, qui est d’ailleurs de meilleure qualité et que les camerounais puissent le consommer. On peut davantage augmenter la production pour que nous puissions nous passer des importations. Mais jamais des actions n’ont été menées dans ce sens pour que nous transformions le riz que nous produisons», regrette le prix Pierre Castel 2021.

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La saison de la récolte à Yagoua est une aubaine pour le géant voisin. « Toutes les nuits, les Nigérians sortent au moins avec 10 camions pleins de riz non décortiqués, c’est-à-dire la matière première, ils prennent la direction du Nigéria. Comme cette exportation frauduleuse est interdite, ils monnaient partout où ils passent jusqu’à ce qu’ils traversent nos frontières. Ils livrent ce riz au niveau des usines, des rizeries qui sont à Kano», dénonce Ahmadou. Le riziculteur ajoute : « Ils décortiquent ce riz, consomment une bonne partie et reviennent au Cameroun avec l’autre partie dans des jolis emballages qu’ils nous revendent cher ».

Que de miser sur l’importation du riz en « vrac », avec les « risques de cancer que les asiatiques ne consomment plus », le Cameroun gagnerait, selon les riziculteurs, à investir sur la production locale. « Nous avons 240 000 hectares de terre identifiés pour la production du riz. Le Cameroun est capable de produire 1,5 million de tonnes du riz par an. Nous sommes capables de garantir d’abord notre souveraineté alimentaire en riz et exporter pour capter des devises», conclut le prix Pierre Castel.

Didier Ndengue    

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