Depuis 1994, les victimes rwandaises de cette guerre (socio-politique, économique, psychologique…)  se comptent par millions. C’est ainsi que les Rwandais, toutes les ethnies confondues, continuent de fuir ce pays devenu l’enfer pour la majorité de ses citoyens. Malheureusement, les réfugiés rwandais, particulièrement les familles des Hutu, sont toujours en insécurité permanente même dans les pays d’asile.
Jean Vivien HABYALIMANA, Président de l’IAPDA Cameroun
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Tribune libre/Droits humains : les refugies d’origine rwandaise sont devenus apatrides !

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Pourquoi les réfugiés rwandais ?

En octobre 1990, l’armée du Front Patriotique Rwandais (FPR), sous le commandement de Paul Kagame, envahit le Rwanda. Armes à la main, les militaires de l’APR, descendants des réfugiés rwandais des années 1959-1960, ont attaqué la République Rwandaise en provenance d’Ouganda, pays frontalier (Nord). Lors de ses conquêtes militaires, l’APR composée essentiellement de Tutsi, massacre les Hutu (85 % de la population) et protège les familles des Tutsi (10 % de la population) parce qu’ils étaient apparentés et en complicité. Dès le départ, le mensonge a été leur arme la plus redoutable : « libérer le pays et rétablir la démocratie au Rwanda ». Dans cette entreprise terroriste et criminelle, les Tutsi et leur armée étaient appuyés par le Gouvernement de l’Ouganda et ses alliés occidentaux, qui les ont formés, leur fournissaient matériel et personnel.

Depuis 1992, toutes les tentatives de négociations pour arrêter cette guerre meurtrière afin d’arriver à un accord de paix ont échoué parce que le FPR n’a jamais souhaité la paix pour les Rwandais. Le 06 avril 1994, en violation des Accords de paix qui venaient d’être signés à Arusha (Tanzanie) en août 1993, l’armée des Tutsi a abattu l’avion présidentiel, deux chefs d’Etat en exercice – celui du Rwanda et celui du Burundi –  ont péri avec leur suite. Le feu était mis aux poudres : une guerre civile ravagea tout le pays et dans l’immédiat les Tutsi payèrent le tribu le plus lourd qui fut plus tard qualifié de génocide.

Lorsque Kagame et son armée – militaire (APR) et politique (FPR = Front patriotique Rwandais) composée à 99 % de Tutsis – ont pris le contrôle du Rwanda et établi leur régime en juillet 1994, le massacre des Hutu (enfants, femmes, hommes, vieillards et jeunes…) a été systématique sous le regard complaisant ou complice de l’ONU. Les rescapés ont dû s’exiler partout dans les pays qu’ils ont pu atteindre. Ceux qui n’ont pas pu s’échapper sont depuis lors prisonniers dans leur propre pays, objet d’une ségrégation inadmissible pour le 21ème siècle.

L’objectif du Président Kagame est de détruire tout ce qui est Hutu né et à naître !

Les Hutu qui se sont réfugiés dans les pays voisins : ex-Zaïre (aujourd’hui République Démocratique du Congo – RDC), Ouganda, Cameroun, Congo Brazza, Tanzanie et Burundi, ont continué à être pourchassés comme du gibier par les forces du FPR avec leurs différentes branches militaires et ‘’civils’’ dont les criminels « INTORE ».  Dans les camps des réfugiés, les Hutu ont été et sont toujours harcelés et certains assassinés avec toutes les armes à la disposition du FPR jusqu’à l’élimination par empoisonnement.

L’opération ‘’destruction des camps des réfugiés hutu’’ commencé en 1996 a fait des millions de morts (voir le ‘’Rapport Mapping concernant les violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises entre mars 1993 et juin 2003 sur le territoire de la République démocratique du Congo’’ – Août 2010, par le Haut-Commissariat aux Droits de l’homme). Par les armes de guerre, la faim, l’épuisement, les conditions de vie inhumaines dans les forêts de la RDC, l’armée de Kagame et ses alliés ont tout fait pour détruire les réfugiés Hutu.  Quelques survivants de ce carnage ont réussi à atteindre – à pied ! – les pays comme le Congo Brazzaville, la République Centre-Africaine, le Cameroun… Selon les conventions internationales, tous ces centaines de milliers de réfugiés hutu ont été placés sous la protection du HCR (Haut-Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés.

Par la manipulation et le mensonge, Kagame poursuit toujours son programme d’anéantir les Hutu exilés

Dans son fonctionnement depuis son installation au pouvoir au Rwanda en 1994, le Pouvoir de Kigali se distingue par le mensonge et la manipulation de l’opinion nationale et internationale. Ce sont ses armes les plus redoutables pour harceler et anéantir les Rwandais, notamment les Hutus et les Tutsis qui ne sont pas en accord avec sa façon de gérer le pouvoir dans ce pays devenu une prison à ciel ouvert.

En général, les réfugiés sont des personnes qui ont tout quitté : leurs pays, leurs familles et se trouvent hors de leur pays d’origine en raison d’une crainte de persécution, de conflit, de violence ou d’autres circonstances (voir : La Convention de 1951 relative au statut des réfugiés).

Depuis 1994, les victimes rwandaises de cette guerre (socio-politique, économique, psychologique…)  se comptent par millions. C’est ainsi que les Rwandais, toutes les ethnies confondues, continuent de fuir ce pays devenu l’enfer pour la majorité de ses citoyens. Malheureusement, les réfugiés rwandais, particulièrement les familles des Hutu, sont toujours en insécurité permanente même dans les pays d’asile.

Les raisons de fuir leur patrie sont multiples car le FPR a tout confisqué :   les hutus n’ont plus leur mot à dire au sujet de la gestion de leur pays ; ils n’ont plus droit ni part aux richesses du pays (éducation, travail, liberté, etc.…) ; ils n’ont plus droit au bonheur auquel ils ont normalement droit d’aspirer ; ils sont injustement jetés en prison pour des durées indéterminées ; ils disparaissent ou sont tués dans des lieux tenus secrets. Et le Pouvoir de Kagame est déterminé à les poursuivre même dans leur exil le plus lointain.

Pour tromper la vigilance de l’ONU et du HCR afin d’arriver à réaliser son plan criminel, le pouvoir de Kigali a fabriqué des mensonges pour présenter le Rwanda comme un pays où il fait bon vivre, ou la paix est garantie pour tous… et que par conséquent il ne devrait plus y avoir des réfugiés rwandais dans le monde ! Et pourtant la guerre n’est jamais finie ! Les citoyens rwandais continuent de fuir leur pays tous les jours !!!

Sans ignorer son style de gouvernance de plus en plus autoritaire ; les restrictions qu’il impose au niveau national à la liberté d’expression et d’association politique ; la manière dont il harcèle et réprime les partis d’opposition ainsi que le comportement agressif et d’exploitation à l’égard des jeunes ; son armée qui fait des ravages en République Démocratique du Congo, sont autant de préoccupations qui devraient attirer l’attention de tous les hommes et femmes de bonne volonté.

Le HCR et l’ONU se sont laissés corrompre par le régime de Kigali et ont foulé aux pieds le droit des réfugiés !

Coincé dans le piège de Kagame, le HCR a sorti la clause de cessation de statut des réfugiés pour les Rwandais ayant fui le pays entre 1959 et 1998.

Pour les Tutsi ayant quitté le pays en 1959 oui ! En effet, les Tutsi ont pris le pouvoir au Rwanda et ce sont eux-mêmes qui assurent leur sécurité au prix de la sécurité des Hutu. Les Hutu quant à eux, sans aucune autre alternative comme la réinstallation, l’intégration dans les pays d’accueil, l’aide matériel et la protection juridique leur ont été unilatéralement retirées. Le HCR demande aux réfugiés hutu chassés de leur pays de rentrer au Rwanda, pays toujours instable et sous le régime de la ségrégation ethnique aggravée.

Et pourtant, pendant plus de 35 ans d’exil, ces Tutsi anciens réfugiés en Ouganda, au Burundi et en RDC surtout, ont étudié, travaillé et même intégrés dans les armées des pays d’accueil (comme l’armée ougandaise), toujours protégés et aidés par le HCR. Personne de ces grands défenseurs des droits des réfugiés n’a jamais eu l’idée diabolique de demander aux Gouvernement des pays qui les avaient hébergés de mettre en cause la clause de leur statut de refugies, alors qu’il y avait une véritable paix pour tous au Rwanda.

Il est connu de tous que jusqu’aujourd’hui, Il n’y a pas de paix au Rwanda. Pour preuve, des citoyens rwandais continuent de fuir le pays.  Même les familles des hauts dignitaires du régime de Kigali – des Tutsi –  demandent l’asile dans les pays étrangers surtout en Amérique, en Grande Bretagne, en Suisse, en France, en Belgique… Des statistiques vérifiables auprès du HCR et des pays d’accueil l’attestent suffisamment. Quelle raison les pousse-t-elle actuellement à fuir le pays pour demander l’asile dans les pays étrangers ?

Dommage pour le HCR et l’ONU qui ont retiré la protection aux réfugiés rwandais alors qu’ils sont sans ignorer qu’au Rwanda ce sont les Tutsi qui contrôlent tout le pouvoir et pratiquent un apartheid abject contre les Hutu, la grande majorité de la population.

Les agents de HCR, bien identifiés, corrompus par le Gouvernement de Kigali, ont mis rapidement et aveuglement en œuvre cette décision honteuse et injuste.   Ni l’ONU, ni le HCR n’ont même pas essayé de s’intéresser aux intentions cachées derrière ce que préparait le régime de Kigali : déstabiliser les réfugiés, les affamer, les persécuter jusqu’à en éliminer certains. Les réfugiés dans des pays comme le Cameroun et le Congo ont été scandaleusement lésés.

Ils sont plus de 1500 réfugiés rendus apatrides par le HCR. La plupart sont des enfants et des jeunes innocents. Certains d’entre eux ne connaissent même pas leur pays natal car ils sont nés dans les forêts pendant les pérégrinations de l’exil et ils n’ont même plus de références dans leur pays d’origine de leurs parents ! Il y en a même qui ne peuvent pas prendre le risque de retourner au Rwanda parce que tout simplement nés des parents indésirables (persona non grata) au Rwanda à cause de leurs biens confisqués ou d’autres raisons connues des seuls persécuteurs. Pourquoi rendre cette jeunesse apatride, des ‘’sans papiers’’… ?

Dans cette catégorie des apatrides, il faut également signaler les femmes seules, les enfants, les personnes âgées, les handicapés, qui ne peuvent pas se payer une carte de séjour qui coûte 150 000 FCFA soit 229 euros… Ils ne peuvent pas s’inscrire dans les écoles, ils ne peuvent pas demander du travail, ils ne peuvent pas voyager, ils ne peuvent pas ouvrir un compte à la banque, etc. Ils sont tout simplement sans papiers, apatrides, devenus comme des vagabonds à cause d’une simple entente entre le HCR et le pouvoir de Kigali.

Faire perdre la protection internationale par la clause de cessation du statut de réfugié à plus de 1500 réfugiés rwandais en exil c’est  les condamner sans jugement à vivre la prison forcée, vivre sans documents, sans protection… Les réfugiés Hutu peuvent encore espérer entendre la voix des défenseurs de la Charte internationale des droits de l’homme ?

Le plan caché de Kagame

Que cache la manipulation de Kagame dont le HCR fait l’objet ? Premièrement : Le programme de déstabilisation de la Région des Grands Lacs d’Afrique. Pour mener la guerre d’occupation en RDC pour piller ses ressources naturelles, Kagame doit recruter massivement les hommes de troupe. Or les réfugiés refoulés des pays d’accueil suite à la cessation de statut de réfugié, sont une bonne réserve car, une fois arrivés dans le pays, les jeunes surtout, ont à choisir entre les prisons mouroirs et aller au front pour servir de chair à canon au sein des M23/RDF.

Deuxièmement : Le régime de Kagame veut, à tout prix, déstabiliser la vie sociale des rwandais en exil. Lors de leurs périples dans les pays ayant accueilli les réfugiés rwandais, les envoyés de Kigali (Intore) vont jusqu’à encourager les pays hôtes à chasser les jeunes des écoles, de piller les commerces des Rwandais, faires incarcérer les élites avec la fabrication de fausses accusations… Le Gouvernement de Kigali ne voudrait pas voir un exilé prospérer, réussir sa vie.

Pour cela, Kigali dépense des milliards de dollars pour avoir des agents partout et dans toutes les organisations pour corrompre afin de rendre la vie impossible aux exilés. Il y a malheureusement des Etats et/ou des personnalités qui tombent dans ce piège !

Troisièmement : Les personnes que le régime de Kigali appelle « ennemis du Rwanda ». Avec ce programme, Kigali veut faire taire toute voix dissidente. Tous les opposants politiques ou d’opinion sont considérés comme des ennemis de la nation. Leur sort, pour le tueur universel comme l’a qualifié Charles Onana, c’est la mort, la disparition ou la prison à vie…

Naturellement, certains pays comme les voisins du Rwanda, connaissant bien l’histoire tourmentée de ce pays pris en otage par un groupuscule d’extrémistes racistes tutsi, ont refusé de tomber dans cette complicité anti-droits de l’homme. Résistants au machiavélisme de Kagame et de son régime, ils ont tout simplement refusé d’appliquer le programme de cessation de statut de réfugiés pour les ressortissants rwandais réfugiés depuis 1994 [cfr : https://www.rfi.fr/fr/ameriques/20130423-rdc-refuse-signer-accord-clause-cessation-statut-refugies-rwandais].

Appel au HCR pour qu’il revienne à la raison !

Le HCR, étant un organisme des nations Unis ayant pour mission la protection des réfugiés d’où qu’ils viennent et où qu’ils soient, n’a aucune raison juridiquement valable d’abandonner les réfugiés Rwandais, particulièrement ceux qui résident au Cameroun et au Congo. Victimes d’une discrimination scandaleuse depuis 2013, la situation actuelle des réfugiés Rwandais Hutu déshonore l’ONU et ses institutions spécialisées. Comment comprendre que le HCR rende apatrides tant d’enfants, de femmes, d’hommes valides et invalides rescapés du génocide dont les Hutus sont victimes au Rwanda depuis 1990 ?

L’espoir des réfugiés rwandais, ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui, reste fixé sur les décisions du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et des Gouvernements des pays d’accueil.

Jean Vivien HABYALIMANA

Président de l’IAPDA

Cameroun

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