Au sortir d’une rencontre avec la société civile le 12 octobre 2021 à Yaoundé sur la situation dans les régions anglophones, la Représentante résidente de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung au Cameroun et en Afrique centrale répond aux questions de La Plume de l’Aigle.
La rencontre du 12 octobre 2021 portait sur les «Négociations pour un retour à la paix durable dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest». Qu’est-ce que cela signifie en des termes plus clairs ?
La Fondation Friedrich Ebert Stiftung voulait offrir une plateforme pour discuter de la possibilité de négociation de paix au Cameroun. Et je dois dire que nous avons observé qu’il y a eu et il y a encore beaucoup d’initiatives soit de dialogue comme le Grand Dialogue National, soit d’autres initiatives comme la médiation Suisse, soit de négociations officieuses, en même temps nous voyons que sur le terrain les atrocités continuent et on se dit vraiment il faut discuter, et comment procéder pour rétablir la paix au Cameroun. Pour nous le dialogue c’est toujours la meilleure option et c’est ça l’idée de notre débat du 12 octobre dernier, de rassembler des acteurs différents, des chercheurs, des partis politiques, des syndicats, des ONG, etc. pour vraiment rassembler des idées différentes sur comment on peut organiser des négociations. Et je pense que nous sommes aussi conscients qu’en ce qui concerne les négociations, il faut une phase pour créer la confiance et ça peut prendre beaucoup de temps. Parce qu’on ne peut pas organiser les négociations tout de suite. Il faut créer la confiance entre des acteurs différents et je pense que ça c’est vraiment un processus long. Il faut plus d’espace de dialogue.
Que peut-on retenir au sortir de cette plateforme d’échange ?
Les participants ont trouvé que c’était une discussion franche par rapport aux négociations de paix et ça c’est quelque chose qui manque. J’espère qu’il y aura une couverture médiatique qui va vraiment relancer le sujet de négociation de paix parce que c’est urgent. Au quotidien il y a aussi la population civile qui souffre qui se fait tuer dans les zones en conflit donc, il faut élaborer des moyens pour organiser des négociations et aussi de dialogue et ça c’est le rôle de la Fondation.
Est-ce que vous essayez, par-là, de proposer aux autorités camerounaises d’évoluer du dialogue aux négociations avec les sécessionnistes armés ou avec les populations terrorisées depuis bientôt cinq ans ?
Ce n’est pas le rôle de la Fondation de proposer des initiatives au gouvernement. Et je pense qu’il y a déjà beaucoup d’initiatives et dans un monde idéal, à la fin de toutes les initiatives, toutes les approches, il y aura des négociations de paix entre le gouvernement et les forces séparatistes, mais d’abord je pense qu’il faut aller doucement parce qu’il faut aussi un minimum de sécurité, c’est-à-dire il faut d’abord terminer les atrocités, je ne veux pas parler d’un cessez-le-feu parce que c’est un mot compliqué. C’est quoi exactement un cessez-le-feu ? Bon également il faut bien choisir les acteurs pour que tout le monde se sente représenté. Et si à la fin d’un tel processus il y aura négociation, ce serait bien. Pour l’instant, nous sommes encore dans la phase de pré-négociation. Nous créons la confiance entre les différents acteurs.
De quels moyens dispose la Fondation Friedrich Ebert Stiftung pour concrétiser un tel projet pour un retour à la normale dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest du Cameroun ?
D’abord nous sommes un acteur neutre. Si nous ne faisons pas partie officielle du gouvernement d’Allemagne, c’est-à-dire nous sommes une organisation de la société civile mais bien connectée au Cameroun depuis 1986 et nous avons des activités, des partenaires dans toutes les dix régions du Cameroun. Donc nous sommes un acteur neutre qui peut offrir une plateforme aux acteurs différents comme nous offrons déjà aux femmes qui construisent la paix. Nous sommes prêts à offrir une plateforme à d’autres acteurs s’ils veulent dialoguer ils peuvent venir à la Fondation Friedrich Ebert Stiftung.
Entretien mené par Francine Atangana
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