Crime contre l’humanité : il y a 67 ans, la France massacrait l’Union des populations du Cameroun
Un portrait de Um Nyobe, héros nationaliste camerounais
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Crime contre l’humanité : il y a 67 ans, la France massacrait l’Union des populations du Cameroun

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L’ingénieur financier Babissakana a adressé une correspondance à l’occasion de la visite officielle d’Emmanuel Macron à Yaoundé, du 25 au 26 juillet 2022.

«Lettre de réforme à M. Emmanuel Macron, Président de la République Française». Tel est l’intitulé de la correspondance que l’ingénieur financier Babissakana a adressée à Emmanuel Macron à la veille de sa visite officielle au Cameroun. Parmi les points soulevés dans ce document publié par le journal Intégration, la «reconnaissance par la France de la destruction du patrimoine humain du Cameroun», vient en pole position.

Dans ce chapitre sur lequel le Chef de l’Etat français était attendu, le panafricaniste fait un rappel mémoire: «En violation de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée à Paris le 10 décembre 1948 (résolution 217 A (iii)) par l’Assemblée Générale des Nations Unies, la France avait mené au Cameroun une guerre très meurtrière contre les Camerounais de l’Union des populations du Cameroun (UPC) de 1955 à 1971. Dans ce cadre, en dépit de l’article 3 de ladite Déclaration qui stipule que ‘’Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne’’, la France a assassiné le 13 septembre 1958 comme une bête sauvage le secrétaire général de l’UPC, Ruben Um Nyobè à l’âge de 45 ans».

Babissakana précise que «le mouvement d’anéantissement du capital humain camerounais de premier plan s’est poursuivi notamment par l’assassinat de Félix Roland Moumié, le successeur de Ruben Um Nyobè le 15 octobre 1960 et de Ernest Ouandié, leader de l’UPC tué publiquement le 15 janvier 1971».

A la France coloniale qui joue l’amnésique pendant la tournée africaine du locataire de l’Elysée, l’ingénieur financier fait savoir que l’ampleur de la destruction du patrimoine humain du Cameroun de cette période par la France est établie et constatée par plusieurs auteurs français et camerounais. A l’en croire, ces constats privés reflètent partiellement l’intensité des crimes commis contre le leadership politique et plus largement la population du Cameroun. Il cite quelques références : «Les estimations sont données par : (i) Gilles Manceron dans « Marianne et les colonies » (2003) à plus de 100 000 morts de 1948 à 1960; (ii) Max Bardet et Nina Thellier dans « O.K. Cargo ! » (1988) entre 300 000 et 400 000 morts de 1962 à 1964; (iii) Ferdinand Chindji – Kouleu dans « Histoire cachée du Cameroun » (2006) à 2 000 000 de morts de 1955 à 1971 et Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa dans « Kamerun !: une guerre cachée aux origines de la Françafrique, 1948-1971 » (2011) à des dizaines de milliers, peut-être davantage, de morts».

Babissakana revient dans la déclaration d’Emmanuel Macron à Alger sur la colonisation, qui, selon lui, «rompt avec vos prédécesseurs qui appliquaient jusque-là, la politique coloniale raciste et honteuse de la République Française défendue en 1885 notamment par Jules Ferry selon laquelle la Déclaration des Droits de l’Homme fut-elle Universelle ne concerne pas ‘’les Noirs d’Afrique équatoriale’’». En conséquence, poursuit-il, «une refondation de notre relation de coopération n’est pas envisageable sans la reconnaissance par la France de la destruction aussi forte du patrimoine humain du Cameroun».

Babissakana conclut cette première partie de sa sortie épistolaire en ces termes : «Ces crimes sont imprescriptibles et l’impératif de la vérité et de la justice à cet égard y compris leurs implications pour la République Française et pour les victimes est consubstantiel à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme».

D.N.

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