Le dernier conseil municipal tenu dans cette mairie a étalé au gout du jour la descension existant au sein de l’exécutif communal plombé depuis l’accession de Justin Bejedi Ndame à la tête de la mairie.
Justin Bejedi Ndame : «le 1er adjoint au maire voulait m’obliger à rester dans le Mpcn»
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Mairie de Dibombari/Justin Bejedi Ndame : «le 1er adjoint au maire voulait m’obliger à rester dans le Mpcn»

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Maire de la commune de Dibombari depuis 2020, Justin Bejedi Ndame a de la peine à assurer son premier mandat à la tête de cette commune du département du Moungo. Il est en conflit avec ses adjoints et ses conseillers. Ils n’arrivent pas à faire adopter le budget de la mairie. Dans une interview accordée à LPA, il raconte le film de l’événement qui a rendu sa mairie tristement célèbre le mercredi 27 juillet 2022. Dans cet échange, il a révélé également les causes réelles de la discorde entre  ses adjoints et ses conseillers.

Qu’est ce qui s’est passé dans votre commune le mercredi 27 juillet 2022?

Il y a eu premièrement la séance de travail avec le préfet et tous les conseillers municipaux ont reçu leur convocation. La séance de travail de vote du budget devait commencer à 13h. La première séance de travail qui était l’arbitrage a bien commencé et s’est bien achevée. Le préfet a déclaré la séance d’arbitrage fructueuse et on est passé au conseil d’adoption du budget. Après l’hymne national, on a demandé de faire l’appel pour voir le nombre de conseillers présents dans la salle. Quand j’ai sorti quatre procurations que j’ai remis au Secrétaire général de la mairie qui faisait office de secrétaire du conseil, c’est alors qu’ils ont compris qu’ils ne pouvaient pas faire le poids. Puisqu’ils étaient 14 dans la salle et nous désormais 17. C’est-à-dire 13 avec les 4 procurations. Ils ont commencé à dire qu’on n’allait pas tenir compte des procurations. Une allégation que le 2eme adjoint préfectoral qui représentait le préfet à cette séance n’a pas accepté. Il a plutôt rappelé que la procuration est validée par la loi et qu’on peut se faire représenter.

Comme ce sont les fauteurs de troubles, ils sont sortis. Et quand ils sortent, il y a un conseiller de la mairie Kome Gilbert qui a un problème de droit commun avec un musulman Ousmane Diop qui le cherchait depuis. Il est allé le chercher à la sous-préfecture et il n’y était pas. On lui a dit qu’il est au conseil et ne pouvant pas l’arrêter en plein conseil, il a attendu qu’il sorte pour l’interpeller. Il a emmené avec lui des gendarmes de la légion de gendarmerie. Les antigangs. Quand il sort de la salle, les gendarmes de Dibombari le présentent aux antigangs qui viennent lui signifier le mandat d’arrêt.

Au moment des faits, il était avec le premier adjoint au maire. Celui-ci a donné directement un coup de tête au gendarme. Entre-temps, le premier adjoint au maire était venu à la mairie avec des gros bras qui habitent Bonaberi, qu’on a déjà identifiés. Ces gros bras escaladent la barrière et rejoignent le premier adjoint au maire qui était avec deux conseillers et se mettent à taper sur le gendarme antigang. Le petit frère du premier adjoint au maire monsieur Ndoumbe a commencé aussitôt à casser les lampadaires qu’il y avait dans la mairie.

Entre-temps, nous sommes à l’intérieur pour le conseil. On venait à peine de finir l’appel quand ils sont sortis. C’est quand ils ont constaté qu’ils étaient en minorité qu’ils ont commencé à faire le désordre. La séance du conseil a continué jusqu’à la fin. Et c’est à la fin qu’on découvre ce qui s’est passé à l’extérieur. Mais entretemps, le commandant de brigade, le commissaire spécial et le préfet étaient sortis pendant que la séance se poursuivait. Ils nous ont rejoints vers la fin quand les autres sont partis.

L’interpellation du conseiller Kome n’avait rien à voir avec la mairie. Le conseiller Kome avait un problème de terrain avec monsieur Ousmane. Tout ce que je vous dis m’a été rapporté par les éléments de la police municipale. Voilà ce qui s’est passé. Mais le budget a été voté et les délibérations votées également. Le premier adjoint au maire et ses éléments ont copieusement tabassé le gendarme anti gangs. Il a fallu l’intervention de la gendarmerie de Mbanga et de Dibombari pour le sortir de leur griffe. Voilà la situation. Il y a des mauvais perdants partout.

La procuration du conseiller Ngilla  était à l’origine de ce trouble dans votre mairie. Il affirme l’avoir donné à l’adjoint au maire. Qu’en est-il du vôtre.

Je vais vous envoyer la procuration que monsieur Ngilla m’a faite et si possible le numéro du commissaire de sécurité publique qui a signé cette procuration et le cahier dans lequel il a signé. Cette procuration a été signée à Dibombari alors que l’autre procuration a été certifiée le lundi matin à Douala. Il m’a donné une première procuration avant de faire une seconde. Et, vous vous souvenez de l’élection à la Fecafoot avec la procuration d’Onana que Njitap voulait enlever, C’est Onana qui avait finalement voté parce qu’on avait signé la deuxième procuration sans avoir annulé la première. Vous n’êtes pas à Dibombari, si vous étiez à Dibombari le Commissaire de sécurité  publique vous montrerait le registre dans lequel Ngilla a signé quand il me faisait cette procuration. Tout ce que Ngilla raconte ce sont les histoires de la télé.

Autre grief porté contre vous, c’est la non tenue régulière des conseils municipaux. Que répondez-vous à cela ?

Appelez tous les maires ou les mairies que vous visitez. Demandez-leur combien de sessions de conseil ils organisent par an. Les sessions de conseils municipaux se tiennent par rapport à l’argent. Les sessions normales qui vont se tenir sont les sessions d’adoption du budget et ceux de validations du compte administratif. Cette année nous sommes déjà au deuxième conseil. On va tenir le troisième et le quatrième pour l’évaluation du budget fin novembre 2022.

Vos partenaires vous reprochent la centralisation de la gestion de la mairie. Comment pouvez-vous gérer une mairie seul?

Le maire est le seul ordonnateur de la mairie. C’est pourquoi le jour où il va en prison, il y va seul. C’est lui seul qui sort l’argent, qui signe les bons de commandes. Un adjoint au maire ne signe pas les bons de commande, un adjoint au maire ne signe pas les bons de caisse. Un adjoint au maire n’a que la délégation de signature que le maire peut lui donner. Et quand tu as des gens qui n’ont rien dans la tête, ça devient difficile. Au départ je leur ai donné des délégations de signature et ils ont fait du n’importe quoi. Le deuxième adjoint au maire par exemple, je lui ai demandé de gérer l’eau. Et il a commencé à prendre de l’argent de gauche à droite. Je lui ai demandé de superviser le Comité d’eau, mais il est devenu plutôt l’ennemi du président du comité de pilotage. Et j’ai dû prendre la décision de l’enlever.

Vous étiez des alliés hier. Qu’est-ce qui vous oppose aujourd’hui ?

Vous connaissez le 1er adjoint au maire ? C’est un monsieur qui n’a jamais travaillé. Il a passé tout son temps à vendre des terrains dans son village où il est devenu chef. Je vais vous envoyer son curriculum vitae. Quand j’entre à la mairie, il pense qu’il va gérer avec moi. Qu’il va entrer dans mon bureau prendre de l’argent comme il vend les terrains de son village. Vous n’êtes pas au courant de son affaire de vol aggravé, d’escroquerie foncière, je vais vous faire parvenir tous les dossiers. On était ensemble dans le Mpcn. J’ai quitté le Rdpc pour rejoindre le Mpcn et après avoir gagné la mairie, j’ai quitté le Mpcn pour retourner au Rdpc. Vous pouvez comprendre les ambitions de chacun. Il voulait m’obliger à rester dans le Mpcn. Vous comprenez donc que chacun a ses ambitions politiques.

Entretien mené par HVN

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