Premier adjoint au maire de Dibombari, Samuel Elongo Kingue, par ailleurs chef traditionnel du village Bwadibo, est perçu comme le principal collaborateur du maire Justin Bejedi Ndame. Seulement depuis son accession au poste de maire, les anciens amis et alliés d’hier se regardent aujourd’hui en chien de faïence. Rencontré par LPA, celui-ci parle de ses rapports avec son ancien camarade de parti, il revient sur les problèmes au sein de la mairie de Dibombari, et propose des pistes de sortie de crise. Lisez plutôt!
Samuel Elongo Kingue Samuel : «le maire ne collabore pas avec le conseil municipal»
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Mairie de Dibombari/Samuel Elongo Kingue : «le maire ne collabore pas avec le conseil municipal»

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Premier adjoint au maire de Dibombari, Samuel Elongo Kingue, par ailleurs chef traditionnel du village Bwadibo, est perçu comme le principal collaborateur du maire Justin Bejedi Ndame. Seulement depuis son accession au poste de maire, les anciens amis et alliés d’hier se regardent aujourd’hui en chien de faïence. Rencontré par LPA, celui-ci parle de ses rapports avec son ancien camarade de parti, il revient sur les problèmes au sein de la mairie de Dibombari, et propose des pistes de sortie de crise. Lisez plutôt!

Qu’est ce qui fait problème à la mairie de Dibombari?

C’est la mauvaise gérance de notre maire. Il ne collabore pas avec le conseil ni avec les adjoints au maire. Il veut gérer la mairie comme si c’était sa propre maison. Et c’est ça qui est à l’origine de tous les problèmes que nous vivons chez nous à la mairie de Dibombari.

Combien de conseils municipaux avez-vous tenu dans cette mairie depuis l’installation du maire?

Chaque année, c’est au moins quatre conseils municipaux qu’on doit tenir. Ce qu’on ne fait pas à la mairie de Dibombari depuis deux ans. Ce que nous ne comprenons pas, c’est  le fait que l’administration encourage cela. On a écrit à notre tutelle qu’on n’a pas de conseil municipal, qu’on tient au maximum deux conseils par an. Une chose qui ne correspond pas à la demande du livre vert. Mais, jusqu’à présent personne n’a bougé le petit doigt.

 C’est pourtant vous qui l’avez choisi au lendemain des élections…

Bien sûr, c’est nous qui l’avons choisi. Et j’ai pesé de tout mon poids pour qu’il devienne maire. C’est chez moi que tout cela se décidait. Le président du parti Paul Eric Kingue de regrettée mémoire avait formellement contesté ce choix. Mais, nous avons validé. C’est nous, les conseillers qui l’avons élu, qui demandons aussi qu’il gère bien la mairie. Mais, comme il ne croit pas au conseil municipal de la mairie, que voulez-vous qu’on fasse ?

La paralysie du conseil exécutif de la mairie a-t-elle des conséquences sur la gestion de la commune de Dibombari?

Beaucoup de projets sont bloqués mais indépendamment du conseil municipal. Nous avons demandé plusieurs fois à s’asseoir sur une même table pour discuter de l’avenir de la commune de Dibombari mais, le maire n’a jamais accepté. Nous sommes allés voir le préfet du Moungo à qui nous avons posé le problème et demandé qu’il nous fasse asseoir ensemble. Les gens ont pensé que le conseil extraordinaire avait certainement pour but de chasser le maire. Que non. C’était tout simplement pour essayer de remettre de l’ordre dans la cité. Ce qu’on n’a pas accepté.

Qu’est ce qui s’est passé entre le maire que vous avez voté et celui qui est là aujourd’hui ?

Très sincèrement, il faut dire que ce maire a beaucoup changé. Je ne sais pas si c’est sa nature. Nous ne savions pas qu’il pouvait être comme ça. Je suis dépassé, les conseillers sont dépassés eux aussi. Même les populations de Dibombari sont dépassées. Si vous faites une enquête dans cette commune vous vous rendrez certainement compte que la majorité de la population ne le veut plus comme maire.

Le mercredi 27 juillet 2022 on a assisté à la mairie de Dibombari à une bagarre durant une séance de conseil. Est-ce que vous pouvez nous raconter ce qui s’est passé ce jour-là?

En bref, il y avait une réunion d’arbitrage à la mairie entre le préfet et les conseillers que nous sommes. Je me demande bien ce que les gendarmes sont venus faire à notre conseil. Ils ont barricadé l’entrée de la mairie avec leur pick-up. Ils sont venus mettre une partie du conseil municipal en minorité. Parce qu’ils ont essayé d’arrêter deux de nos conseillers. Ils venaient nous mettre en minorité. Ce ne sont pas des pratiques à encourager. Ce n’est pas une solution aux problèmes de la mairie. On a envoyé des gendarmes arrêter nos conseillers le jour du conseil. Tous nos conseillers sont des responsables qui ont des bureaux de service. En l’occurrence le conseiller Kome qui travaille à la sous-préfecture. On peut aller l’interpeller au lieu de service ou chez lui. Pourquoi on ne peut pas lui décerner une convocation à se présenter à la gendarmerie ou au commissariat. Et venir plutôt ce jour de conseil pour tenter de l’arrêter.

Nous sortons de la mairie pour nous concerter. C’est alors que le commandant de brigade pointe Kome en disant le voilà. Le conseiller Kome était déjà dans ma voiture. En tentant de l’arrêter, ils ont froissé ma voiture, cassé mes rétroviseurs. Tout ça à cause du maire qui veut mettre l’autre partie en minorité. Il était en complicité avec la gendarmerie. Ça ne fait pas sérieux. Le maire est au tribunal avec ses conseillers, le maire est au tribunal avec ses adjoints, qui va accepter de voter le budget s’il est traduit au tribunal par le maire?

Pourquoi le maire est-il au tribunal avec ses conseillers ?

Il n’aime pas les reproches. Je prends l’exemple de Nyame ou de Nguime  Wanga, il est toujours au tribunal. Je prends moi-même mon exemple: je suis au tribunal avec lui. Le maire m’amène au tribunal parce qu’il veut m’éliminer. Il veut jouir seul. Il sait que s’il m’écarte, il va gérer seul, il va jouir seul.

Pourquoi êtes-vous au tribunal avec le maire?

Le motif de la plainte c’est «détournement de fonds publics». Comme si j’avais reçu les fonds de l’Etat. Comme si l’Etat m’a donné l’argent et je n’ai pas utilisé. Il parle de la gestion des carrières de sables en 2010 alors qu’il n’est là que depuis 2020. Le maire qui pouvait porter cette plainte au tribunal s’il y avait détournement de manière effective, c’est le maire Nguime Ekollo qui ne l’a pas fait. Il veut tout faire pour me mettre au sol. Pourtant au début ce n’était pas ça. Il dormait chez moi. Ce maire connaît ma chambre. S’il ne dormait pas chez moi la veille, très tôt le lendemain matin il était là. Les conseillers sont témoins. C’est ici chez moi que tout se passait. Avant de gagner la mairie, le quartier général (Qg) était chez moi. Je ne connais pas l’animal qui anime ce monsieur, je ne sais pas ce qui se passe.

Savez-vous que le budget de la mairie de Dibombari a été adopté?

Nous avons suivi dans les réseaux sociaux que le budget a été adopté. Un de ses affidés a publié l’information sur les réseaux sociaux. En fonction de quoi ce budget a-t-il été adopté ? Qui a adopté ce budget? Les textes sont clairs ; il y a eu arbitrage, et si ce n’était pas fructueux, tout est clos et on ne va pas au vote du budget. On a fait plusieurs tentatives infructueuses. L’arbitrage a été infructueux. Quand le préfet est arrivé pour l’arbitrage après son discours, il a posé une seule question. Qui est pour le vote du budget ? Séance tenante, il y a eu 13 conseillers pour, 14 contre et un conseiller neutre. C’était clos. Le conseil d’adoption du budget n’allait plus avoir lieu. Malheureusement. Le budget adopté est de nul effet selon les textes. Si le deuxième adjoint préfectoral adopte ce budget, on verra jusqu’où on ira. Il y a des instances. Je ne voudrais pas que ce soit des problèmes personnels. C’est un problème des conseillers et de la mairie. Je pense que le maire, c’est un monsieur qui a fait droit. C’est un grand homme.

Que faut-il pour mettre fin à cette crise qui paralyse la mairie depuis deux ans ?

On a demandé un conseil extraordinaire. Il faut dire que c’était pour faire asseoir les gens et discuter. Ce n’était pas pour démettre le maire. C’est pour impulser le changement. Le conseil extraordinaire n’avait pas uniquement pour mission de démettre quelqu’un. Nous voulons corriger nos erreurs parce que nul n’est parfait. Il faut faire la paix pour avancer. Si on ne fait pas la paix, comment allons-nous procéder demain? Dans un mois et demi, il y aura le vote du compte administratif. Comment procéder? S’il n’y a pas la paix, cette situation va continuer. Il y a des échéances futures. Nous avons 2023, 2024 et 2025. Nous allons arriver en 2025 avec ces problèmes-là ? Il faut urgemment faire quelque chose.

Nos élites aussi ne font rien pour calmer la situation, ils pouvaient saisir cette opportunité pour faire régner la paix. Si nos élites appelaient le conseil certainement que le problème allait se résoudre. J’ai l’impression qu’eux aussi ne veulent pas la paix. Ils discutent simplement avec une seule partie et non avec les deux. Ces élites sont venues et ont discuté seulement avec les gens du Rdpc. Ce n’est pas seulement le Rdpc qui est au conseil municipal de Dibombari. Et c’est le Rdpc qui avait refusé de voter le maire parce que celui-ci était du Mpcn. Autre chose, on ne peut pas être maire du Mpcn et parce qu’on est rentré dans le Rdpc prétendre ne plus être maire du Mpcn. Il doit démissionner comme maire du Mpcn d’abord. Et quand on démissionne, on quitte et on attend les prochaines élections et on devient candidats avec la bannière de ce parti-là. Mais à partir du moment où on est déjà maire, on peut aller dans l’autre parti mais en demeurant le maire du précèdent parti. Si on tient trop à son nouveau parti, on démissionne de son poste de maire et on quitte.

Entretien mené par HVN

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