Après plusieurs années de navigation à vue, il devient plus qu’urgent de mettre en place une véritable politique sur la qualité.
Dans une correspondance datant du 12 août 2022, le ministre de la Santé publique (Minsanté) confine le Directeur général de l’Agence des normes et de la qualité (Anor). Dr Manaouda Malachie fait savoir à Charles Booto à Ngon, concernant la certification des compléments alimentaires, que son département ministériel «est au premier rang compétent à effectuer des visites sur site à l’effet d’évaluer les conditions générales d’hygiène du milieu, visite du process et prélèvement des échantillons pour analyse complète dans les différents laboratoires».
A en croire Dr. Manaouda Malachie, «de nombreuses pathologies enregistrées dans nos formations sanitaires sont issues de la consommation des produits d’hygiène et alimentaires de mauvaises qualité».
Par conséquent, le patron de la santé publique demande au Dg de l’Anor d’instruire ses collaborateurs à «s’abstenir de délivrer des documents qui attestent de la qualité des produits destinés à la consommation humaine».
Carimo et les 15 000 000 FCFA
Le 31 août 2022, une délégation du ministère de la Santé publique effectue une descente musclée à la direction générale de Carimo Empire, sise au lieudit Mini-Prix Bastos à Yaoundé. L’intervention aboutit à la saisie des produits cosmétiques de l’entreprise pourtant certifiée par l’Anor. Dans un communiqué de presse le 1er septembre, la direction de la communication de la structure affirme que la valeur estimative de ces produits est de 15 000 000 FCFA. Qui va payer cette note salée? L’Anor qui a reconnu que ces produits sont propres à la consommation, ou le ministère de la Santé publique qui se réveille tardivement de son coma?
En tout état de cause, on n’en serait pas arrivé là si tout avait été bien ficelé dès le départ. Si l’Anor n’était pas dans un jonglage permanent qui peut être remis en cause à tout moment par les différents ministères concernés dans le processus de certification. Aujourd’hui, c’est le Minsanté qui recadre l’Anor. Demain, ce sera peut-être les ministères du Tourisme, des Travaux publics, de la Défense, ou même du Commerce. Faut-il toujours attendre un drame pour s’insurger?
Solution Ndéby
Au lieu de s’accuser, Jacques Ndéby, Administrateur directeur général de AB Certification Afrique Subsaharienne, pense qu’il est temps de ‘’redéfinir les règles du jeu’’ en se penchant sérieusement sur la loi sur la normalisation en gestation depuis 2012. Du haut de ses trois décennies d’expérience en la matière, Jacques Ndéby propose : «Il faut qu’on s’assoie pour recommencer. On réécrit les choses dans les règles de l’art. Quand le ministre parle du laboratoire dans sa correspondance, c’est quoi un laboratoire? Est-ce que c’est le laboratoire d’analyse ou c’est un laboratoire où certains fabriquent des produits cosmétiques? On doit redéfinir notre constitution sur la qualité».
Didier Ndengue
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