Selon le chef supérieur, ce quartier situé dans le canton Bell n’est pas un domaine public portuaire.
Cyrus Ngo’o demande aux habitants du quartier Essengue, situé dans le premier arrondissement, de libérer les lieux dans les « meilleurs délais ». Dans son communiqué de presse du 23 février dernier, le Directeur général du Port autonome de Douala (Pad) annonce le lancement dans quelques jours, «des travaux de construction et d’aménagement des voies de contournement et de desserte en zone aval du domaine public portuaire…».
Ce dimanche 27 février 2022, le chef supérieur du canton Bell, Son Altesse Royale Jean Yves Bebe Douala Manga a réagi aux menaces du Pad au cours d’un échange avec la presse à Douala. « Je tiens à porter à la connaissance des autorités compétentes, à l’opinion nationale et internationale, aux populations dudit quartier que cette initiative sera illégale et en violation flagrante des dispositions des procédures judiciaires en cours», a déclaré Sa Majesté Jean Yves Bebe Douala Manga. Le chef supérieur fait savoir que lors de la dernière audience en rapport avec cette affaire pendante devant les tribunaux, «le juge avait requis avant dire droit une expertise cadastrale pour établir les limites des espaces dévolues aux partis en conflit ».
Pour le Roi, l’intention du Directeur général du Pad de casser les habitations d’Essengue, se limite dans le champ des « simples rumeurs », car il ne peut entreprendre une telle action, «sans titre ni droit».
Floués par un décret
Dans un passé lointain, l’on apprend que le port avait déjà délimité sa zone. «Ils ont puisé sur les terres d’Essengue. Ils n’ont aucun document qui leur donne le droit d’occuper ces terres », explique le secrétaire du Roi Bell.
Ce flou est entretenu par deux décrets. Celui N°75/498 du 3 juillet 1975 portant classement du domaine public portuaire de Douala-Bonabéri, qui fixait sa superficie globale à 335 ha. Une délimitation modifiée par le décret N°77/414 du 20 octobre 1977, qui fixe le domaine portuaire, sans indiquer sa contenance superficielle. La superficie du domaine portuaire, apprend La Plume de l’Aigle, « est passée de 335 ha en 1975 à 948 ha 46 à 45 ha en 2016 du fait des aménagements effectués par le Pad sur le plan d’eau ». Une grosse curiosité qui justifie le litige foncier en cours.
En 2016, le Roi Bell saisit le chef de l’État Paul Biya pour dénoncer l’occupation des espaces du canton Bell, sans raison par le Pad. La patate chaude est refilée au Premier ministre de l’époque, Yang Philémon. Du fait des lenteurs administratives, les autorités portuaires sont passées à l’offensive.
En 2018, des croix rouges seront marquées sur plusieurs habitations d’Essengue. Ce qui annonce leur démolition prochaine. En 2021, le Premier ministère mettra sur pied une commission interministérielle pour régler ce litige une fois pour toute. «Cette commission se comporte en braquage. Ses membres ne nous tiennent au courant de rien. Ils parlent maintenant de sécurisation du Pad. Leurs méthodes de travail, pas claires, sont dénoncées », regrette la chefferie supérieure. «Derrière cette volonté de faire les voies de contournement, il y a une volonté de déguerpir les populations », affirme le Roi.
Didier Ndengue
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