Médecins et tradi-praticiens du Cameroun coalisent contre le nouveau coronavirus. Mais chacun reste fidèle à sa science.
Le cœur du professeur Aimé Bonny balance entre les vaccins et la pharmacopée traditionnelle africaine. Le médecin Camerounais aimerait que les deux solutions avancent main dans la main contre le nouveau coronavirus. Mais le mariage semble de plus en plus difficile.
Au cours d’une conférence de presse médicale sur le thème «Pharmacopée anti-Covid-19 dans tous ses aspects», animée ce mardi 26 octobre 2021, l’enseignant à l’université de Douala qui initie cette plateforme d’échange dans la capitale économique, milite pour des traitements efficaces contre le Covid-19.
Dans le domaine de la médecine conventionnelle, le scientifique mène de nombreuses batailles contre les solutions qui ne lui semblent pas efficaces. Le protocole du marseillais Didier Raoult en a fait les frais.
Au niveau local, le Pr. Aimé Bonny mène une lutte acharnée contre les « charlatans » de la pharmacopée traditionnelle africaine. Il est actuellement engagé dans une enquête approfondie sur le « Ngul Betara », la solution anti-Covid-19 de Marlyse Peyou Ndi Samba, autorisée le 30 septembre 2021 par le ministre de la Santé publique, Malachie Manaouda, pour une durée de cinq ans.
«Ngul Betara»
Les premiers résultats de son investigation sur ce médicament traditionnel amélioré (MTA) révèlent que, contrairement à ce qui avait été dit par sa promotrice, le «Ngul Betara» n’aurait pas eu l’approbation des autorités sanitaires nigérianes. En effet, la démarche du Pr. Bonny vise à interpeler les autorités sanitaires camerounaises sur la qualité des solutions endogènes homologuées.
Ont-elles fait leurs preuves ? Respectent-elles la démarche scientifique ? Ont-elles fait l’objet d’essais cliniques conventionnels ? Autant de questions légitimes que se pose cet éminent médecin, qui, curieusement et contre toute attente, n’a pas une même position contre les vaccins anti-Covid-19 en circulation au Cameroun depuis quelques mois. De l’avis de plusieurs Camerounais, ces traitements sortis des laboratoires occidentaux devraient également fait l’objet d’une contre-expertise locale avant d’être inoculés aux volontaires.
La pharmacopée en action
La médecine africaine a le vent en poupe depuis l’avènement du Covid-19. Une aubaine pour les tradi-praticiens. Qui en profitent pour montrer leurs muscles. Dr Pierre Noumessi, vice-président de l’Association nationale des tradi-praticiens de santé du Cameroun affirme que plusieurs médecins de la diaspora africaine vivent encore aujourd’hui grâce à ses solutions.
« Je leur ai donné des astuces pour leur protection. Certains ont même pris des doses de vaccins et ils ont été surpris qu’il n’y ait pas eu d’effets secondaires. Tout le monde va bien. J’ai des produits qui détruisent les effets des nanoparticules. Cela évite que vous soyez un jour sous le contrôle de la 5G», explique le naturopathe.
Malgré la plateforme de rapprochement des acteurs des deux médecines en conflit, les gardiens de l’héritage ancestral gardent la tête sur les épaules. « Dans notre jargon, nous ne connaissons pas le vaccin. Nous connaissons les médicaments traditionnels améliorés. Et nous connaissons que lorsque vous prenez ces médicaments et que vous vivez en symbiose avec la nature et l’environnement, vos cellules organiques deviennent résistantes et combattent tout virus et toutes sortes de maladies », rassure le professeur Ouba Haoudou Razakou, président de l’Association nationale des tradi-praticiens de santé.
Pour contrer la vaccination, l’expert en investigation et traitement des phénomènes paranormaux prescrit une alimentation saine. « Il faudrait que les africains s’alimentent, vivent comme nos ancêtres ont vécu. Ils ont aidé la France contre les Allemands. Ils n’étaient pas vaccinés pour aller faire la première et la deuxième guerre mondiale. Ils se nourrissaient de nos produits, de nos aliments, ils avaient le pouvoir et l’immunité. Revenons à nos traditions. Consommons nos taros, nos légumes,…au lieu du jambon, des saucissons, du chocolat qui causent la destruction des cellules organiques,» conclut le Pr. Ouba Haoudou Razakou.
Le 8 juillet 2021, alors que le pays totalise environ 82 000 personnes touchées par le Covid-19, et plus de 1300 morts, le ministre de la Santé publique, Malachie Manaouda autorise la mise sur le marché, pour une durée de trois ans, de quatre MTA. Il s’agit de l’Adsak Covid/Elixir Covid, de Mgr Samuel Kleda, archevêque métropolitain de Douala, du Palubek’s de Christine Bekono, du Corocur poudre d’Euloge Yagnigni et de Soudicov Plus de lImam Modibo.
Didier Ndengue
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