Willy et Marie-Noëlle retirent le matelas des décembres. Crédit photo : LPA
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Bonapriso : démolition d’un domicile familial sous fond de guérilla

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La famille Moume Njoh a été réveillée ce lundi 15 mars 2021 par des coups de feu et de gaz lacrymogène de la police.

Willy Mambo traine une douleur au pied droit ce lundi 15 mars 2021. Le jeune homme d’une vingtaine d’années a reçu une balle blanche vers 6h du matin. Il tentait de s’opposer à la démolition du domicile de la famille Moume Njoh, sis à Bonapriso, non loin du carrefour armée de l’air.

Abega Akuma, l’un des enfants de la famille, qui a également voulu haussé le ton, a été brutalisé et conduit en cellule par les éléments du GMI. Après avoir éliminé, tel sur un champ de guerre les occupants, le bulldozer est passé à l’action en rasant toute la maison, avec tous les biens familiaux à l’intérieur. Mères, enfants, et petits enfants ont juste eu le temps de se sauver pour ne pas finir dans les décombres. Après le départ des forces de maintien de l’ordre, les membres de la famille tentent de sauver quelques meubles.

Les restes de la résidence familiale des Moume Njoh à Bonapriso. Crédit photo : LPA

Les habits, les assiettes, les armoires, les réfrigérateurs,…ont été enterrés. La famille est déboussolée. Elle ne sait plus à quel saint se vouer. « On dit que c’est le gouverneur de la région du Littoral qui a donné l’ordre de casser », raconte un voisin, indigné. « Ils étaient là depuis 4h. Ils n’ont présenté aucun document de casse. Ils ont utilisé le gaz lacrymogène pour faire sortir la famille de la maison et empêcher les voisins d’intervenir», rapporte Serge Moni, petit-fils de la famille Moume Njoh.

Une première tentative de « destruction et pillage des biens immobiliers et mobiliers » de la famille a eu lieu le 19 février 2021. Elle avait été ordonnée par le Procureur de la République et le préfet du département du Wouri, en violation des procédures judiciaires, selon Me Richard Nseke Njoh-Lea, avocat des Moume Njoh. L’homme de droit dit sa colère dans une correspondance adressée au préfet du Wouri le 8 mars dernier dans laquelle il décrie « les abus de l’utilisation de la force publique » par le chef de terre « sans avoir la pleine mesure du dossier » opposant les ayants-droits Moume Njoh aux ayants-droits Simo. « La démolition n’avait pas sa place parce que l’affaire est encore pendante devant les tribunaux. Rien n’a encore été tranché », explique Serge Moni.

Balles blanches utilisées contre les occupants de la maison. Crédit photo: LPA

Litige foncier

Le litige foncier qui oppose les ayants-droits Moume Njoh à Kamgaing Simo, administrateur des biens de son père (Jean Pierre Simo) a été orchestré il y a plusieurs années.

Avant son décès, le père Moume Njoh a « introduit une procédure d’immatriculation de ladite parcelle couronnée par une descente de la commission consultative et procès-verbal de bornage », explique Me Richard Nseke Njoh-Lea dans une correspondance adressée au président du tribunal de première instance Douala-Bonapriso  le 07 décembre 2020. La bataille pour le contrôle des biens familiaux est engagée après la mort de leur père. Ebenezer Eboa Moume, cohéritier (aujourd’hui décédé), va vendre la maison familiale qui les a vus naître à sieur Simo (également décédé) après avoir modifié les documents administratifs dans lesquels il laisse croire qu’il est l’unique « propriétaire » des biens laissés par sieur Moume Njoh.

Curieusement, « après le décès de leur père et que sa procédure d’immatriculation n’avait pas encore connu de dénouement, sur la foi de la même procédure, leur frère a inséré son nom comme unique propriétaire», regrette  l’avocat. Le bras de fer qui oppose les deux parties semble s’incliner en faveur de sieur Kamgaing Simo au regard de la démolition de la concession familiale par « la force publique ».

Didier Ndengue   

 

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