Des soldats africains qui ont sauvé la France
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Tribune libre : la France n’existe pas sans Douala

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Retour sur les évènements ayant la deuxième Guerre Mondiale.

27 août 1940-27 août 2021, Douala la généreuse !

Odessa, Minsk, Leningrad, Stalingrad, Smolensk, Moscou… qu’est-ce que ces villes ont en commun à part d’avoir appartenu à l’Union Soviétique ? Et qu’ont-elles en commun avec Brazzaville et Douala ? Pourquoi malgré leur importante participation dans la Deuxième Guerre Mondiale, les soldats africains ont-ils été totalement oubliés ? Comment comprendre le mutisme généralisé jusqu’à nos jours des trois grands de Yalta sur l’Afrique, et la participation de ses soldats à la seconde guerre mondiale lors du partage du monde ? Pourquoi l’Union Africaine elle-même ne s’intéresse pas à cette importante page de l’histoire de l’Afrique ? Quelles initiatives devraient être prises actuellement et pourquoi l’heure est-elle enfin arrivée où le continent africain et sa jeunesse devraient réclamer la justice historique et la place que mérite notre continent dans le concert des nations ? Pourquoi Douala et Brazzaville devraient aussi figurer parmi les villes les plus importantes ayant contribué à la victoire des alliés de la Deuxième Guerre Mondiale ?

Des villes héroïques de la deuxième Guerre Mondiale 

Évoquer Smolensk, Leningrad, Minsk, Odessa, Moscou, Stalingrad…c’est revenir sur les grandes batailles de la Deuxième Guerre Mondiale et des villes héroïques qui ont supporté la barbarie fasciste allemande avec des millions de morts et des sacrifices inouïs. C’est parler des villes qui sont constamment célébrées avec leurs héros exaltés en permanence. Comment ne pas rappeler le blocus de Leningrad ( l’actuelle Saint Petersburg ) avec la ville presque entièrement encerclée. Un blocus qui a duré du 8 septembre 1941 à Janvier 1943 et pendant lequel les populations n’avaient droit qu’à 125 grammes de pain par jour et par personne! L’ une des particularités de la ville de Smolensk c’est d’avoir eu un front d’une longueur de 650 kilomètres avec une profondeur de 250 kilomètres, quant à Stalingrad ( l’actuelle  Volgograd ), après 200 jours de combat, toute la ville était détruite et en ruines, mais malgré cela la résistance est restée féroce jusqu’au renversement du rapport de forces en faveur de l’armée soviétique. Ce bref rappel mérité de l’apport crucial de certaines villes lors de la Deuxième Guerre Mondiale vient simplement étaler le mépris des contributions africaines et montrer aussi comment l’Afrique s’oublie elle-même dans ce monde injuste voire cruel, face à l’apport généreux de ses soldats.

Sans Douala du 27 août 1940, il n’y aurait jamais eu de « France Libre » !

Après presque 40 jours de guerre la France avait capitulé et, largement pétainiste, s’était mise toute entière à travailler pour l’Allemagne hitlérienne. Toute la machine industrielle française avait commencé à produire pour l’Allemagne, des munitions aux armes, en passant par les vêtements pour l’armée… Au moment où le Général De Gaulle lance son appel de Londres du 18 Juin 1940, des dizaines de milliers de français se sont enrôlés comme des volontaires dans l’armée fasciste allemande ! Le Parti communiste français lui-même collaborant pendant vingt-deux longs mois avec l’occupant nazi !

Oui cet appel serait resté un vœu pieux sans la Déclaration de l’indépendance économique et politique du Cameroun dans la nuit du 26 au 27 Août 1940, car c’est à partir de cette date que le Cameroun entra dans la Deuxième Guerre Mondiale et que naquit matériellement la France Libre !

De Gaulle grâces à Staline !

Il faudrait le répéter sans cesse, sans Douala, le général De Gaulle, malgré tout son remarquable potentiel diplomatique et stratégique, n’aurait jamais eu cette importance au point d’intéresser durablement Staline. Oui sans le Cameroun et l’Afrique équatoriale française, le général De Gaulle n’aurait jamais été celui qu’il fut et la France n’aurait pas été du côté des vainqueurs. C’est d’ailleurs grâce à Staline que la France, qui n’avait jamais participé aux conférences des trois grands et qui était naturellement absente à Yalta , a pu obtenir sa place dans la table des vainqueurs de la guerre causant la stupéfaction et l’incompréhension générale des officiers généraux nazis. Exsangue et en ruines après une guerre où elle venait de perdre plus de 20 millions de personnes, face au bras-de-fer américain avec les bombardements de Hiroshima et de Nagasaki,  devant la nécessité de contrecarrer l’influence croissante du couple anglo-américain dans l’Europe continentale, l’Union Soviétique de Staline n’avait pas grand choix ! À Staline il fallait un allié ne serait-ce que circonstanciel afin de gagner du temps ! Le général De Gaulle profita de l’invitation de Staline à Moscou pour sceller  une entente entre les deux personnalités. Entente derrière laquelle De Gaulle courrait après depuis 1940 et qui lui permit d’être parmi les vainqueurs et de gagner un siège permanent au conseil de sécurité de l’ONU.

Pour la vérité et la justice historiques 

Avec la proclamation de l’indépendance le 27 août 1940 à Douala, le colonel Leclerc commença avec le recrutement massif de jeunes camerounais, l’organisation des forces armées de la France Libre et les préparatifs de la conquête de l’Afrique centrale (République Centrafricaine, Gabon, Congo). Quelques semaines après arrivait le général De Gaulle avec ses promesses que le Cameroun aurait son nom bien inscrit dans l’histoire de la Deuxième Guerre Mondiale. S’il est tout à fait compréhensible que le général sans troupe du 18 Juin 1940 n’avait pas suffisamment de poids politique international pour respecter de telles promesses, ne serait-il pas légitime aujourd’hui, que la France officielle après avoir accepté le bien-fondé de la réécriture de l’histoire de la Deuxième Guerre Mondiale[1] afin d’y inclure la participation africaine, que Douala aussi occupe la place qu’elle mérite ? Lorsque l’on sait l’importance vitale que revêt en Russie la Grande Guerre Patriotique, serait-il trop espérer que d’attendre du Président Vladimir Poutine, sa bienveillance pour l’ouverture des archives secrètes, et la participation de la Russie dans cette œuvre de dimension mondiale qu’est l’effective inclusion de la participation des soldats africains dans la Deuxième Guerre Mondiale ? N’est-il pas légitime et juste que les africains eux-aussi, sachent combien et comment ont-ils participé dans cette guerre, tout comme le nombre de leurs morts? Plus de 80 ans après leur entrée dans la Guerre, ne devrait-on pas tout naturellement attendre des trois grands de Yalta ( Grande Bretagne, Russie, USA ) la compréhension humaine que les peuples d’Afrique ont eux-aussi le droit, le besoin de connaître et de glorifier leurs fils qui se sacrifiés pour la libération de l’humanité de la barbarie nazie ?

Au moment où d’âpres batailles sont rendues aujourd’hui pour la conquête des marchés et des espaces de notre continent par les puissances extérieures, l’un des critères du respect de l’Afrique serait l’importance accordée à l’histoire, la culture et la personnalité africaines: la participation des soldats africains à la Deuxième Guerre Mondiale constitue ainsi un des moments cruciaux de l’histoire de l’Afrique !

Daniel Yagnye Tom

Président de l’Alliance Patriotique

Représentant spécial de l’UPC en Afrique Centrale et Australe.

 

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