Avec des vêtements, denrées alimentaires, jus naturels,… ils aguichent les clients de la capitale économique, pour faire vivre leurs familles.
6h30 min. C’est l’heure à laquelle Arthur quitte son domicile au quartier Bonamoussadi, arrondissement de Douala 5ème. Vêtu d’un pantalon jeans et d’un gros pullover à capuche, de bottes et d’un manteau, il se protège contre les pluies de ce lundi 20 juin 2022. Sur les épaules et dans les bras, il porte des tas de vêtements. A côté de cette friperie, l’enfant de sept ans porte sur la tête un plateau dans lequel se trouvent des arachides, des chips et des bonbons. A sa main gauche, il tient un sceau de jus naturels. Arthur est alors prêt à rejoindre ses amis pour débuter les activités de vente.
Ce matin, entre 11h30 min et 12h15 min, Arthur et ses amis déambulent dans les marchés de la ville de Douala. Ils crient à tout bout de champ pour attirer la clientèle. « Chips ! Chips ! », « Habits ! Habits ! », «Arachides bouillis ! », entend-on à l’entrée du marché Bonamoussadi.
Venant d’horizons divers, ces commerçants précoces parcourent de longues distances durant la journée. «Ça fait des heures que je marche. J’ai déjà sillonné presque tous les coins du marché», s’exclame Arthur. Céline sa sœur, âgée de 6 ans est toute aussi lasse. «En quittant la maison on marche, et c’est la routine depuis que nous sommes en vacances».
Agé de 8 ans, Henry se faufile dans les pistes du marché de New-Bell pour vendre des sucreries et détergents. Avec son grand frère, «on va dans tous les marchés. Aujourd’hui c’est ce marché. J’ai même mal aux pieds», se lamente l’enfant qui voudrait plutôt être en train de s’amuser comme ceux de son âge.
«On ne fait pas ça par plaisir, on n’a pas de choix. Notre père est mort très tôt et depuis c’est maman qui s’occupe de nous. On le fait chaque année pour l’aider un peu», se désole Arthur. Pour Cédric, l’un de ses compagnons, «mes parents sont pauvres. Ils font de leur mieux mais ce n’est pas évident. Je vends donc pour acheter mes fournitures scolaires l’année prochaine.»
Responsabilité parentale
Commerçante au marché Pk 10, celle qu’on appelle maman Gisèle est «contre cette pratique. Un enfant ne doit pas travailler. Il y va de la responsabilité du parent et non la sienne. Ce sont les irresponsables qui font ça», martèle-t-elle. Bernadette, ménagère, pense également que «c’est un risque pour eux car, ils sont exposés à certains fléaux, tels que les kidnappings, les agressions physiques, ou pire encore les viols.»
Maman Gisèle et Bernadette s’inscrivent dans la même logique que le législateur camerounais qui s’oppose au travail des enfants. Dans un article publié sur son site internet en avril 2022, la Crtv rapporte les dispositions du Code de travail camerounais qui stipule «qu’aucun enfant ne doit être employé dans une entreprise, même comme apprenti, avant l’âge de 14 ans, sauf dérogation expresse accordée par arrêté du ministre chargé du Travail, compte tenu des circonstances locales et des tâches qui peuvent leur être demandées.»
Fadira Etonde, stagiaire
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