La France a été prise de court par le putsch contre Mohamed Bazoum parce qu’elle était occupée à piller l’uranium du Niger, parce qu’elle passe son temps à accuser la Russie de monter la jeunesse africaine contre elle et à mettre les Africains en garde contre Moscou et Pékin, comme si les Africains étaient incapables de réfléchir et d’agir par eux-mêmes.
Ce qui confirme la condescendance dont les dirigeants français ont toujours fait preuve. Les Nigériens ne souhaitent plus la présence des troupes françaises sur leur territoire. La France, qui ne l’entend pas de cette oreille, a aussitôt demandé à ses pantins de la CEDEAO d’user de la force pour réinstaller Bazoum. Fort heureusement, le Burkina et le Mali se sont dits prêts à se battre aux côtés du Niger contre ceux qui oseraient agresser ce pays.
La France devrait pourtant se rappeler que les Américains s’exécutèrent immédiatement lorsqu’elle fut libérée du nazisme hitlérien et que le général de Gaulle demanda aux États-Unis de rentrer chez eux. Quand le même de Gaulle ordonna la fermeture de toutes les bases de l’OTAN sur le territoire français, le départ des troupes américaines du camp de Saint-Germain-en-Laye eut lieu, le 14 mars 1967. Un effectif de 27000 soldats et 37000 employés furent évacués, ce jour-là. La France s’accroche au Niger parce qu’elle y a de nombreux intérêts ; mais qu’est-ce que la présence française a apporté à ce pays? En 63 ans de pseudo-indépendance, qu’est-ce que les Africains ont gagné en échange du pillage de leurs ressources naturelles?
Avant sa chute, Bazoum était décrit par les médias français comme le meilleur allié de la France dans le Sahel. Mais «allié» dans quel sens? Allié dans le vol de l’uranium et de l’or du Niger? Les Français ont toujours prétendu que l’Afrique ne leur rapportait rien, qu’ils y perdaient au contraire beaucoup d’argent. Aujourd’hui, si on leur demande de partir de l’Afrique, ce qui leur permettrait de faire des économies, ils devraient s’en réjouir et s’en aller dans la paix du Seigneur.
Le 2 août 2023, «Sud Radio» demandait à ses auditeurs si la France devait se désengager de l’Afrique subsaharienne. Une des significations du mot «s’engager» est «prendre en charge». Or, à quel moment, la France a-t-elle pris en charge la santé, l’éducation et la sécurité des Africains? A-t-elle réussi à chasser les djihadistes du Mali, du Burkina et du Niger? A-t-elle appris aux Africains à transformer sur place leurs matières premières, à fabriquer des armes, à produire de l’énergie électrique, à construire des barrages, des ponts, des voitures, etc.? Bref, a-t-elle un jour consenti à transférer sa technologie? Une autre signification de «s’engager» est «prendre un engagement». Si la France a pris des engagements vis-à-vis de l’Afrique, on aimerait bien savoir lesquels et si elle les a respectés. C’est plutôt l’Afrique qui a pris la France en charge, qui l’a enrichie pendant qu’elle-même était dépouillée et dépecée. Par conséquent, se demander si la France doit se désengager de l’Afrique ne veut rien dire. La France ne s’est jamais engagée, sauf à penser qu’elle s’était engagée à piller nos richesses et à créer le chaos dans des pays qui lui ont tout donné et qui, en retour, n’ont récolté que le mépris et la misère créée par Bolloré, Bouygues, Elf, Areva et autres multinationales.
Source : Jean-Claude Djereke, Journal Intégration
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