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L’intégralité du message de fin d’année du chef de l’Etat Paul Biya

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Mes chers compatriotes,

Au moment où s’achève l’année 2022, je crois qu’il est opportun de revisiter notre parcours en tant que Nation, avant de nous projeter, avec confiance et détermination, dans la nouvelle année.

Comme vous avez pu le constater, notre pays, comme tant d’autres, a continué de faire face, en 2022, à des chocs exogènes.

Alors que l’économie mondiale commençait à peine à se relever des distorsions engendrées par la pandémie du Covid-19, est survenu en Europe de l’Est, un conflit armé entre la Russie et l’Ukraine.

La guerre entre ces deux grands pays a entrainé de profondes perturbations dans les circuits d’approvisionnement du marché mondial en produits de grande consommation, tels que les céréales, le pétrole brut et le gaz.

Les dysfonctionnements du commerce international, qui en ont découlé, ont également provoqué des pénuries de certains biens manufacturés et autres denrées de première nécessité, combinées à une hausse généralisée des prix.

Les conséquences désastreuses de cette guerre sur les économies des pays, en particulier ceux en voie de développement, et les souffrances qu’elle inflige à des populations civiles innocentes, m’amènent à réaffirmer l’importance de la paix et du dialogue dans la résolution des conflits.

Mes chers compatriotes,

En dépit de ce contexte difficile, notre économie a su s’adapter à la conjoncture internationale, en faisant preuve, une fois encore, de résilience. Son taux de croissance a enregistré une légère progression, se situant autour de 3,8 %, contre 3,6 % en 2021.

L’inflation est restée raisonnable, bien en-dessous de la moyenne mondiale. L’accès aux intrants a été garanti, permettant ainsi de poursuivre les activités de production et de réduire le risque d’insécurité alimentaire. Tout cela a été possible grâce aux mesures vigoureuses mises en œuvre par le Gouvernement.

Ainsi, outre l’accroissement des facilités fiscales et douanières consenties dans le cadre du plan de relance post covid-19, d’importantes subventions ont été accordées aux entreprises des secteurs sensibles, pour soutenir la viabilité et la compétitivité de notre économie.

La lutte contre les comportements spéculatifs abusifs et les exportations frauduleuses des denrées de première nécessité a été intensifiée. Le renforcement de la production locale, la réduction de notre dépendance aux importations et la promotion du « Made in Cameroon » ont également connu des avancées encourageantes.

Le Gouvernement continuera à accorder une attention particulière à la mise en œuvre coordonnée de la politique d’Import-Substitution, et à l’exploitation optimale des opportunités qu’offre la Zone de Libre Echange Continentale Africaine.

De même, notre politique d’inclusion sociale va se poursuivre à travers une meilleure distribution des fruits de la croissance. A cet effet, les programmes de filets sociaux qui visent les couches sociales défavorisées, seront étendus à un plus grand nombre de bénéficiaires dans l’ensemble des dix régions.

Dans la perspective de diversifier les sources de revenus de l’Etat, j’ai autorisé le démarrage de trois projets d’envergure qui visent à développer notre potentiel minier, à structurer notre économie et à créer des emplois.

Je voudrais m’y attarder un peu.

S’il est vrai que notre pays dispose d’un sous-sol riche en ressources minières, le secteur minier, hors pétrole, ne contribue qu’à hauteur de 1% du Produit Intérieur Brut. En développant la mine solide, nous pourrons assurer le relais des hydrocarbures dont les stocks s’amenuisent et disposer de ressources financières supplémentaires, qui pourront être affectées au financement de nos investissements.

L’année 2023 sera donc marquée par le démarrage des travaux relatifs à l’exploitation du minerai de fer de Kribi-Lobé. Ce projet prévoit notamment la construction d’une usine d’enrichissement du fer, d’un pipeline d’environ 20 kilomètres et d’une centrale de production d’énergie de 60 mégawatts.

Nous engagerons également l’exploitation du gisement de fer de Mbalam-Nabeba. Les retombées attendues sont immenses, dans la mesure où notre pays bénéficiera, entre autres, d’une ligne de chemin de fer de 540 kilomètres entre Nabeba au Congo et le Port de Kribi, où sera édifié un terminal minéralier.

Le troisième projet a trait à l’exploitation du fer de Bipindi – Grand Zambi, avec à la clé le développement d’un complexe sidérurgique pour la transformation locale du fer, la construction d’un pipeline et de plusieurs infrastructures de base au bénéfice des populations.

Une étape décisive a déjà été franchie dans la réalisation de ces différents projets, avec la signature des conventions minières y afférentes et l’octroi de permis d’exploitation aux entreprises adjudicataires.

Mes chers compatriotes,

Notre pays a connu, au cours de l’année qui s’achève, des perturbations considérables dans la fourniture en ressources énergétiques et en eau potable.

Pour garantir l’approvisionnement régulier du marché domestique en produits pétroliers et en gaz domestique, il a fallu augmenter le volume des subventions publiques, au prix d’importants efforts budgétaires. C’est ainsi qu’au cours de l’année 2022, près de 700 milliards de Francs CFA ont été dépensés par le Trésor Public au titre des subventions pour les carburants et 75 milliards de Francs CFA pour le gaz domestique.

Au regard de l’intensité des chocs exogènes et de leur impact sur notre économie, j’ai instruit le Gouvernement d’étudier toutes les options permettant de stabiliser les prix à leur niveau actuel, et de préserver le pouvoir d’achat des consommateurs.

Cependant, il est de plus en plus évident que notre pays, comme bien d’autres en Afrique et ailleurs, ne pourra pas indéfiniment échapper à un réajustement des prix des produits pétroliers, si nous voulons préserver nos équilibres budgétaires et poursuivre sereinement la mise en œuvre de notre politique de développement.

En dépit de ces contraintes liées à la conjoncture internationale, des progrès réels ont été enregistrés en matière de fourniture de l’électricité. C’est le cas du raccordement de la région de l’Est au réseau interconnecté Sud et de la mise en service de la ligne d’évacuation d’énergie de Nyabizan à Yaoundé, permettant désormais d’injecter la totalité de la production du barrage de Memvé’ele dans le réseau électrique.

La situation dans ce secteur essentiel connaîtra une amélioration considérable en 2023, avec la mise en service de la première phase du barrage hydroélectrique de Nachtigal et le démarrage des travaux de raccordement du réseau interconnecté Sud au réseau interconnecté Nord.

Nos efforts visant à renforcer la qualité et la quantité de l’offre énergétique vont s’intensifier, à la faveur de la construction de nouvelles infrastructures énergétiques et le développement de l’énergie solaire, en particulier dans la partie septentrionale de notre pays.

L’accès de nos populations à l’eau potable demeure l’une de mes principales préoccupations. L’achèvement du Projet d’Alimentation en Eau Potable de la ville de Yaoundé et de ses environs à partir du fleuve Sanaga viendra résoudre de façon durable le déficit d’approvisionnement en eau dans cette cité.

De même, j’ai demandé au Gouvernement de finaliser en urgence les diligences relatives au lancement, dès 2023, du méga-projet d’adduction d’eau potable de la ville de Douala et de ses environs.

Au-delà de nos grandes métropoles, des ouvrages de production ont été réalisés dans certaines villes secondaires, notamment Bamenda, Bertoua, Ngaoundéré et Ebolowa. La construction de ces ouvrages va s’étendre à d’autres localités urbaines et rurales au courant de l’année prochaine.

Mes chers compatriotes,

Malgré la conjoncture défavorable, le Gouvernement maintient ses efforts pour assurer sa mission première, à savoir améliorer les conditions de vie des citoyens. Nous devons poursuivre les réformes structurelles engagées dans le cadre du programme économique et financier conclu avec le Fonds Monétaire International et les autres partenaires au développement.

J’observe avec satisfaction qu’en dépit du contexte économique particulièrement difficile qui aura marqué l’année 2022, aucun secteur d’activité n’a été délaissé. Sans être exhaustif, arrêtons-nous un instant sur quelques-uns, à la suite de ceux que je viens d’évoquer.

Si nous prenons le secteur des travaux publics, 860 kilomètres de routes et 460 mètres linéaires d’ouvrages d’art ont été construits ou réhabilités. Je mentionnerai entre autres :

– la mise en service du pont sur la Cross-river entre le Cameroun et le Nigeria, ainsi que l’achèvement du bitumage du tronçon routier entre Sangmelima et Brazzaville, favorisant ainsi  l’ouverture de notre pays vers les marchés des Etats voisins ;

– le bitumage de la section de route Lena-Tibati-Ngatt sur la Nationale 15, avec pour avantage l’augmentation des liaisons par voie terrestre entre le Nord et le Sud du pays;

– la construction de l’autoroute Kribi-Lolabé et de la route Grand Zambi-Kribi, qui donne une impulsion à la compétitivité du Port Autonome de Kribi ;

– la construction de la route Bertoua-Batouri, dont les travaux vont se prolonger jusqu’à Yokadouma et au-delà.

La réalisation de plusieurs infrastructures routières a également permis de désenclaver les bassins de production agricole. Cet effort va se poursuivre en 2023, avec l’aménagement d’environ 700 kilomètres de route, dont le bitumage de l’axe Ebolowa-Akom II-Kribi.

J’ai instruit le Gouvernement de tout mettre en œuvre pour la reprise des travaux de construction des tronçons routiers Mora-Dabanga-Kousseri ; Babadjou-Bamenda et Kumba-Ekondo Titi.

Une attention particulière sera accordée à la réhabilitation des voiries urbaines et à l’amélioration du trafic entre nos principales métropoles. Le lancement des travaux de construction de la section urbaine de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen et l’accélération des travaux de l’autoroute Douala-Yaoundé figureront au rang des priorités du Gouvernement.

Il en est de même de la réhabilitation et de la modernisation des aéroports de Tiko, Bertoua et Kribi, qui permettront de desservir toutes les régions de notre pays par voie aérienne.

Camerounaises, Camerounais,

L’année 2022 a aussi été marquée par des inondations qui ont une fois de plus affecté les populations de la région de l’Extrême-Nord, en particulier celles des départements du Logone et Chari et du Mayo-Danay. Ce phénomène récurrent, favorisé par le dérèglement climatique, appelle des actions vigoureuses pour éviter les désastres qui en découlent.

Au-delà de l’assistance humanitaire apportée aux victimes, j’ai prescrit au Gouvernement de mettre en œuvre un plan de reconstruction de la région de l’Extrême-Nord. Ce plan intègre notamment la construction de plusieurs ouvrages de retenue d’eau et d’infrastructures socio-économiques.

S’agissant de l’offre de soins, il est incontestable qu’elle s’est nettement améliorée au cours de l’année 2022.

Le Centre Hospitalier Régional et l’Hôpital Général de Garoua ont été inaugurés et mis en service. Grâce au relèvement de l’infrastructure et du plateau technique de plusieurs formations sanitaires, notre pays est désormais capable d’offrir des soins de qualité dans des domaines particulièrement pointus, tels que la chirurgie cardiaque ou la transplantation rénale, pour ne citer que ceux-là.

J’ai demandé au Gouvernement de poursuivre les efforts engagés dans ce secteur, en mettant en œuvre un vaste plan de renforcement du plateau technique et des capacités du personnel des hôpitaux sur l’ensemble du pays.

Mes chers compatriotes,

J’aimerais à présent m’appesantir sur le volet sécuritaire. Dans l’ensemble, la situation est maîtrisée et sous contrôle sur toute l’étendue du territoire national, malgré la recrudescence de la criminalité urbaine et la persistance des attaques sporadiques de certains groupes terroristes dans certaines régions.

Grâce au lien Armée-Nation, la collaboration entre nos forces de défense et les populations a contribué à réduire, de manière significative, les menaces terroristes dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le calme retrouvé a permis d’enregistrer des progrès appréciables dans la mise en œuvre du Plan de Reconstruction et de Développement de ces régions.

Je tiens une fois de plus à saluer la bravoure de nos forces de défense et de sécurité qui ne ménagent aucun effort pour assurer la protection des personnes et des biens, en particulier dans les zones en proie au terrorisme.

Je remercie également nos partenaires pour leurs appuis multiformes et, tout particulièrement, les Etats-Unis d’Amérique, pour leurs actions décisives visant à traduire devant la justice ceux qui, depuis l’étranger, contribuent au financement des activités terroristes au Cameroun. J’invite les autres pays amis à leur emboîter le pas, en vue de l’accélération de la reprise des activités de développement dans ces régions.

Au plan politique, le processus de décentralisation avance de manière méthodique. Les transferts de compétences de l’Etat vers les Collectivités Territoriales Décentralisées se font progressivement, en prenant soin de ne pas fragiliser les équilibres structurels qui constituent l’ossature du pacte social de notre Nation.

Pour ma part, je reste persuadé que les Régions, les Communautés Urbaines et les Communes, peuvent et doivent apporter une contribution déterminante à la relance de notre économie, à la résolution de l’épineux problème du chômage des jeunes et à la vitalisation de la démocratie locale.

Les élections sénatoriales qui se tiendront en 2023 seront l’occasion de consolider l’option de décentralisation que nous avons prise, en renouvelant la Chambre Haute de notre Parlement, qui représente les Collectivités Territoriales Décentralisées.

Camerounaises, Camerounais,

Mes chers compatriotes,

Avant de conclure, je voudrais appeler votre attention sur deux fléaux qui prennent une certaine ampleur dans notre société. Il s’agit de la corruption et de l’incivisme.

L’an dernier, dans des circonstances similaires, je vous avais fait part de mon souci de renforcer la gouvernance dans la gestion des affaires publiques et de maîtriser les dépenses de l’Etat. Je peux vous assurer que ce souci demeure constant et intangible. Aussi, je tiens une fois encore à rappeler que tous ceux qui s’enrichissent illicitement, en spoliant l’Etat, à quelque niveau que ce soit, vont rendre des comptes.

J’exhorte tous les Camerounais, quel que soit leur rang social, à s’engager résolument dans ce combat que je mène depuis des années. Chacun, à son niveau, doit faire montre de probité et veiller à la préservation de l’intérêt commun.

C’est en agissant ensemble, de manière déterminée et résolue, que nous parviendrons à triompher de la corruption qui existe encore dans notre société.

Comme moi, vous avez certainement observé, dans nos villes et campagnes, la montée préoccupante de l’incivisme, de la violence, du non-respect des normes sociales élémentaires ou de l’ordre établi. Dans un Etat de droit, de tels comportements ne peuvent être tolérés. Ceux qui trouvent un malin plaisir à perturber l’ordre social, qu’ils soient jeunes ou adultes, devront rendre compte de leurs actes devant les tribunaux compétents.

J’en appelle donc à la responsabilité de tous, en particulier les parents et les éducateurs, pour redonner toute leur place aux valeurs morales de base et au respect de l’ordre public.

Je voudrais une fois encore interpeller ceux qui font un usage criminel et pernicieux des réseaux sociaux. Par leurs agissements, ils plongent plusieurs familles dans la détresse et ruinent parfois des destins, en procédant notamment à la désinformation, à la diffamation ou à la propagation des discours haineux. De toute évidence, ils mettent en péril la cohésion sociale.

Camerounaises, Camerounais

Mes chers compatriotes,

Vous l’avez bien compris. C’est en observant une discipline personnelle dans notre agir au quotidien, que nous parviendrons à bâtir ce Cameroun moderne auquel nous aspirons tous.

Un Cameroun prospère et uni dans sa diversité. Un Cameroun où chaque acteur trouve sa place. Je voudrais à cet égard apprécier le rôle déterminant que joue le secteur privé dans la mise en œuvre de notre politique de développement.

En ce qui me concerne, je continuerai à faire tout ce qui est possible pour assurer le progrès de notre pays. Je sais pouvoir compter sur la contribution de chacune et de chacun de vous pour y parvenir.

Bonne et heureuse année 2023 à toutes et à tous.

Vive la République !

Vive le Cameroun !

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