L’Organisation non gouvernementale a réuni le 6 mai 2022 dans la capitale économique, des hommes et femmes de médias autour de la question.
Au Cameroun, la pratique du journalisme est confrontée à une série d’obstacles à l’instar des délits de presse, le difficile accès aux informations publiques ainsi que la réticence des administrations de mettre à la disposition des journalistes, les informations et documents officiels. Une véritable entorse qui contribue à réduire considérablement, la capacité des médias à jouer leur rôle de formation et d’éducation de masse. C’est ce qui justifie la tenue le vendredi 6 mai 2022 à Douala, du 4e forum national pour la presse et l’accès à l’information. Cette rencontre de réflexion, organisée par l’ONG Un Monde Avenir avec l’appui de ses partenaires, rentre dans le cadre du projet ACLIP (Action Citoyenne pour la Liberté de Presse). Les travaux portaient essentiellement sur «La liberté de la presse et accès à l’information : ingrédients de la démocratie ».
Selon Philippe Nanga, coordonnateur de l’ONG, la rencontre visait à renforcer la dynamique du plaidoyer en faveur de la dépénalisation des délits de presse au Cameroun. En réalité, il était question de susciter la création des moyens de pression, afin de persuader le parlement à voter la loi portant sur le libre accès aux journalistes des informations officielles. «Le Cameroun a ratifié des instruments internationaux. Nous ne demandons pas au Cameroun d’inventer quelque chose. Nous demandons au Cameroun d’appliquer les règles qui sont consignées dans les instruments juridiques auxquels il s’est engagé. L’Union africaine a adopté une loi sur l’accès à l’information pour que les États puissent s’inspirer pour produire leur propre loi », explique cet acteur de la société civile. Philippe Nanga précise que l’article 19 du pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966 stipule que nul ne peut être inquiété pour ses opinions. Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend «la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique».
Dans la même mouvance, l’article 1er de la déclaration de principes sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique du 30 avril 2019 souligne que « le droit à la liberté d’expression et le droit d’accès à l’information sont des droits fondamentaux protégés par la législation internationale des droits de l’homme, notamment la charte africaine. Le respect, la protection et la réalisation de ces droits sont essentiels et indispensables au libre développement de la personne humaine à la création et la protection des sociétés démocratiques et à l’exercice d’autres droits », rappelle-t-on pendant l’échange.
Participation
Près de 100 journalistes venus des dix régions du pays, ont pris part à ce forum animé de bout en bout par le président du comité d’organisation, Alex Gustave Azebaze, ancien directeur de publication du journal «Le Messager». Le Professeur Thomas Atenga, l’un des panelistes du jour, a axé son exposé sur l’état de la liberté de la presse au Cameroun et les difficultés d’accès à l’information malgré la loi sur la transparence publique. Pour le spécialiste de la science de l’information et de la communication, l’auto- régulation constitue la première forme de dépénalisation des délits de presse. Il estime que la responsabilité sociale doit animer tout journaliste sérieux : « comment informer sans nuire, montrer sans choquer, dire sans blesser ». Il conseille d’ailleurs aux professionnels des médias d’éviter d’utiliser la logique de 3 C en journalisme : Cogner, Casser, Couler.
Correspondance particulière : Didier Kieretu
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