Le dernier sommet Russie-Afrique, a démontré avec suffisance que la coopération entre les deux entités ouvrait une fenêtre d’opportunités sur un nouveau monde pour le continent africain.
En effet, malgré son potentiel inestimable avec une population jeune, compétente et dynamique, des ressources hydrauliques, climatiques et minières à profusion, des terres arables disséminées partout sur son sol, l’Afrique n’a pas pu décoller économiquement comme le laissait présager ses atouts naturels. Personne ne pourrait mésestimer la responsabilité historique de l’élite dirigeante africaine dans le quotidien misérable de leurs propres populations mais également comment nier le poids incommensurable des pesanteurs occidentales sur les souffrances des Africains ?
A peine sortis des affres de l’esclavage et de la colonisation, les Africains furent comme happés dans des politiques désastreuses spirituellement assises sur le capitalisme sauvage qui ont tué l’élan des indépendances. Pire, la souffrance héritée des pires conséquences des échecs de ces politiques publiques ont fragilisé psychologiquement les africains au point où ceux-ci, entraînés dans un processus de zombification des esprits, ont perdu toute énergie vitale. Réduit à l’état de quasi animal, l’africain déshumanisé errait en plein jour comme un fantôme.
Des solutions pragmatiques adaptées au contexte…
Déjà présente en Afrique depuis les années 60 où elle a apporté un soutien fort et actif aux jeunes états qui émergeaient des limbes de la colonisation et plus tard en aidant militairement des pays comme l’Angola ou le Mozambique à vaincre les suppôts de l’impérialisme, la Russie sous l’impulsion du président Vladimir Poutine, a donné un nouvel essor à sa politique dans le continent.
Loin de l’idéologie perfide des Occidentaux dont les résultats n’ont produit qu’une société de violence quasi apocalyptique en 60 années, la Russie propose des solutions pragmatiques et adaptées au contexte local. Cela est visible en République centrafricaine où malgré la présence d’une base militaire française à Bouar, depuis plus de 70 ans, la violence était quasi endémique avec la mort brutale du Père Barthélémy Boganda, mythe fondateur de l’état centrafricain, une instabilité politique avec la succession de mutineries de l’armée et la fin de l’état de droit. Avec l’appui des forces russes, la situation a changé sur le terrain. N’en déplaise aux thuriféraires qui sont nostalgiques du néocolonialisme, la paix est revenue à Bangui où pas un coup de feu n’a été attendu depuis belle lurette, un gouvernement a été formé. Il consolide la continuité des institutions politiques et progressivement renforce l’autorité publique sur toute l’étendue du pays. Ce qui a fait que la République centrafricaine dont les économistes peinaient à déchiffrer le PIB il y a 5 ans, aujourd’hui c’est ce pays quasi failli qui envisage en toute sérénité un taux à plusieurs chiffres. Désormais, signe de la confiance retrouvée, les investisseurs font de plus en plus le déplacement de Bangui devenue une destination économiquement vendable. Cet exemple peut être dupliqué au Mali ou au Cameroun où les frontières de la violence terroriste ont reculé, cédant la place au développement et à la stabilité. Par son intervention salvatrice, la Russie a offert une chance à la paix en Afrique, où l’on peut désormais envisager une perspective de développement. Autrefois, cela était illusoire tant la violence généralisée interdisait tout postulat de développement à terme.
Un partage du savoir-faire technologique…
L’opportunité russe est louable dans son intention de promotion d’un mécanisme de réponse collective aux crises locales. Loin de toutes ces solutions clefs en main, mal ficelés et peu soucieuses des réalités endogènes. C’est sans nul doute une aubaine pour la Zone de libre échange (Zlecaf), dont le processus requiert dans sa longue marche sur le chemin de l’intégration des processus intégratifs taillés sur des formats compatibles avec les réalités du terroir. Pour cela, l’offre russe permet d’accéder à la technologie de pointe dans ses grandes composantes (énergie nucléaire, exploitation spatiale pacifique, techniques agricoles…).
Le produit de l’interaction basée sur le respect mutuel, l’égalité des partenaires et la non-ingérence dans les affaires intérieures, permettra de garantir une relation internationale harmonieuse.
Laurent Loe, Expert en Géostratégie
C.E.O EPSILON Group
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