Joseph Pierre Abah
BrèvesCamerounLe ChroniqueurSociétéTribune Libre

Joseph Pierre Abah : «c’est une subtile invitation à la découverte de la culture traditionnelle Africaine et Camerounaise»

0

L’auteur du roman « La Fille de Chibok et le Royaume maudit » se dévoile.

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Joseph Pierre Abah : Qu’à cela ne tienne, suivant les repères que me fournit le miroir social, je suis Joseph Pierre Abah, né à Nkolmeyos, un havre forestier à côté de la ville de Mbalmayo, au sein d’une famille très nombreuse. Depuis une cinquantaine d’années, je mène mon train tant bien que mal dans un monde contemporain fort impitoyable. En récompense, je suis aujourd’hui colonel-médecin, interniste-cardiologue, en service à l’Hôpital Militaire de Région N°2 à Douala. A côté de cette profession qui figure sur ma carte nationale d’identité, j’exerce aussi, naturellement, le difficile métier de chef de famille, époux d’une charmante femme de caractère, père de 07 merveilleux enfants et membre d’un clan des ABAH qui compte déjà plus de 300 personnes, oncles-tantes-cousins-neveux/nièces etc. Il y a sans doute beaucoup d’autres visages que j’offre aux autres et que certaines personnes seraient bien contentes d’exhiber. A ces attributs extérieurs s’ajoutent, naturellement, une intériorité encore plus riche, élastique et complexe.

Pouvez-vous nous faire un bref résumé de votre roman?

Pour tout vous dire, je ne suis jamais parvenu à me satisfaire de mes tentatives de résumé de cette œuvre hybride, si riche en sons et en couleurs et mêlant réalisme, analyse, histoire et aventures.

« La Fille de Chibok et le Royaume maudit ». Une malédiction frappe la famille royale de Bouatou. Elle est ancienne, très ancienne même car datant de l’Antiquité où ce peuple, victime collatérale du déclin de l’Egypte pharaonique, est contraint de prendre les routes de la migration et de l’exil. Des jours, des mois, des années, des siècles et même des millénaires ont passé sans que l’anathème, immuable et majestueux, n’ait perdu de son implacabilité et de sa cruauté. Une jeune reine contemporaine le subodore, le subsume avant d’entreprendre de lui tordre le cou pour sauver sa progéniture, sa cible atavique. Mais pareille attitude, en heurtant aussi frontalement la coutume, conduit à une fragilisation du trône et expose l’ensemble du royaume à la dislocation. Une incroyable aubaine pour une inconnue débarquée des lointaines terres meurtries de Chibok  qui, n’en croyant pas son sort, récupère un pouvoir vacant avant de restaurer une nation vacillante. C’est donc cet incipit de recherche de la vérité et des solutions qui nous offre l’occasion de décrire, j’allais dire de philosopher – sans en avoir l’air – sur des thèmes aussi divers que les rivalités de Cour, les rituels de sorcellerie, les intrigues amoureuses ou, pour être moins défaitiste, l’amitié. Comment, avant de clore une énumération des prosodies et des visuels qui ne saurait être exhaustive, ne pas avertir le lecteur sur des rencontres grisantes avec les cruelles péripéties qu’engendrent des fléaux humains comme la pauvreté, le trafic des êtres humains ou encore le racisme. Finalement, comment ne pas prendre cette œuvre pour ce qu’elle ne veut surtout pas être : une subtile invitation à la découverte de la culture traditionnelle Africaine et Camerounaise.

Que conseilleriez-vous à vos abonnés de lire et pourquoi ?

Oh là là ! Où a-t-on vu de rayons aussi foisonnants que ceux du livre ! Le premier que je conseillerais, sans hésiter, est « Brutalisme » d’Achille Mbembe, un superbe essai qui décrit le monde contemporain de façon si poignante que d’un bout à l’autre, on reconnaît un protagoniste, un lieu ou une thématique ; on saisit la désuétude sémantique et le besoin de redéfinition de certains concepts tels que l’identité, la frontière ou encore la citoyenneté ; on rit ou pleure en découvrant l’homme contemporain, aliéné et zombifié par les technologies et les mécanismes de computation. Arrivant à un constat de « démocratisation » et de « mondialisation » de la souffrance, voilà qu’il fait émerger l’Afrique, victime millénaire de la bestialité du monde, comme inspiratrice des stratégies de résistance et de construction de nouveaux équilibres… Excusez-moi, mais il s’agit d’un ouvrage vraiment très abouti que des lectures rapides ont voulu réduire à un pamphlet contre un régime.

Entretien mené par AFP

Bonnes feuilles : « La Fille de Chibok et le Royaume maudit » démystifie l’Afrique

Previous article

Tchad-RCA : frères d’armes, ennemi commun

Next article

You may also like

Comments

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *