Durant l’apprentissage du langage, nous apprenons des mots qui peuvent se ressembler phonétiquement. En temps normal, notre cerveau rejette automatiquement les mots proches de celui que l’on veut prononcer ou écrire, juste avant que celui-ci soit prononcé ou écrit.
Francis Ngannou
BrèvesCamerounLe ChroniqueurTribune Libre

Jean de Dieu Momo : « le lapsus de Francis Ngannou n’est pas l’expression de son incompétence, mais le résultat d’un manque de concentration ou d’un stress »

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Le ministre délégué chargé de la Justice du Cameroun parle des usages politiques du lapsus.

Le lapsus est une erreur commise à l’oral ou à l’écrit. Cette erreur se caractérise par le fait de dire ou d’écrire autre chose que ce qu’on avait l’intention d’exprimer. On remplace un mot par un autre, et ce, de façon incontrôlée.

Le mot “lapsus” vient du nom latin “labi” qui signifie à l’origine “glisser, trébucher » et qui a ensuite été traduit par « commettre une erreur”. Surprenant pour l’auditoire qui l’entend, le lapsus déclenche souvent des rires pour atténuer la gêne de son auteur, ou un silence circonspect quand celui qui l’a prononcé parvient à se rattraper rapidement. Il s’agit d’une erreur involontaire la plupart du temps, corrigée rapidement après avoir été prononcée. Ou pas. Ce qui enflamme la toile.

Certains lapsus, exprimés par des politiques, sont devenus célèbres. On se souvient du lapsus coquin de l’ancienne ministre de la Justice française, Rachida Dati, qui prononce le mot “fellation” au lieu d’ »inflation » dans une émission à la télé.

On se rappelle du lapsus scriptae commis par moi-même lorsque voulant écrire « l’os de l’humérus » j’ai plutôt écrit « l’os du fémur » à la grande joie de mes détracteurs et à la gêne et totale confusion de mes alliés. Il en est de même du lapsus commis par le professeur Fame Ndongo qui voulant parler du gel hydro-alcoolique, sa langue fourche et il dit plutôt du gel hydroélectrique. Plus récemment le champion Ngannou Francis chantant l’hymne national, seul au milieu d’une foule impressionnante de personnalités de la classe intellectuelle raffinée, a dit, stressé par le milieu « terre patrie à la place de chère patrie, terre chérie », ce qui a déclenché l’hilarité des masses sur la toile.

L’usage politique du lapsus à ce niveau par les détracteurs vise à fragiliser son auteur en lui faisant ressentir de la honte, de l’embarras. De même qu’une chute provoque le rire étouffé ou hypocrite de certains, de même en est-il du lapsus. L’homme politique avisé ne doit pas en prendre ombrage puisqu’il sait en son âme et conscience que le lapsus n’est pas l’expression de son incompétence, mais le résultat d’un manque de concentration ou d’un stress, comme l’exemple de Ngannou ou d’un choc des idées qui se cognent au moment de la conception et de l’expression, comme lorsque j’ai dit à la télé « il faut que vous faites » au lieu de « il faut que vous fassiez ». Le choc vient au moment de la conception entre « vous faites » et « il faut que ». L’homme politique ne doit pas se soumettre ni au regard ni au jugement des concurrents mais se fier à son propre jugement. Et si d’aventure il commet une faute d’orthographe ou de grammaire etc, il la corrige et passe à autre chose au lieu de se morfondre.

Durant l’apprentissage du langage, nous apprenons des mots qui peuvent se ressembler phonétiquement. En temps normal, notre cerveau rejette automatiquement les mots proches de celui que l’on veut prononcer ou écrire, juste avant que celui-ci soit prononcé ou écrit. Mais parfois, ce rejet ne se fait pas aussi rapidement que prévu et notre langue fourche pour prononcer le mauvais mot. C’est le lapsus. celui-ci survient plus souvent chez les personnes fatiguées ou peu concentrées, quand le cerveau est moins en alerte.

On distingue plusieurs sortes de lapsus, qui renvoie à l’erreur, à une contrepèterie (la contrepèterie ou le contrepet est un jeu de mots consistant à permuter certains phonèmes ou syllabes d’une phrase afin d’en obtenir une nouvelle, présentant souvent un sens concupiscent masqué par l’apparente innocence de la phrase initiale.

L’interversion des lettres ou des syllabes d’un ensemble de mots produisant un sens burlesque, souvent obscène. C’est également une faute, une bévue, une perle au sens non pas de bijoux, mais d’une erreur particulièrement amusante commise par quelqu’un à l’oral ou à l’écrit, rapportée comme une citation. D’où l’expression « Il a laissé échapper quelques perles dans son discours ». Chaque année les profs récoltent les meilleures perles du bac. L’une des meilleures perles c’est un élève qui explique que « Les vaisseaux sortent du port » signifie que le porc saigne !

Le lapsus aussi peut provenir de l’inadvertance ou d’une pataquès, c’est à dire liaison fautive (ex. « huit-z-enfants », c’est une Gaffe grossière.), une faute commise en parlant (lapsus linguæ) ou en écrivant (lapsus calami ou scriptae comme dit infra et qui consiste à substituer au terme attendu un autre mot.

Un lapsus est donc une erreur commise en parlant (lapsus linguae), en écrivant (lapsus calami ou lapsus scriptae), que cela soit à la main ou au clavier (on dit parfois alors lapsus clavis), en lisant, que cela soit à voix haute ou mentalement (lapsus lectionis), par la mémoire ou trou de mémoire (lapsus memoriae), par l’écoute (lapsus auditionis) ou encore par les gestes (lapsus gestuel ou lapsus manus) et qui consiste pour une personne à exprimer autre chose que ce qu’elle avait prévu d’exprimer.

En définitive le lapsus c’est comme lorsqu’on glisse et tombe. Parfois les mots s’entrechoquent dans le cerveau et celui qui se bouscule pour sortir peut faire sourire. Le lapsus provoque la même hilarité que lorsqu’on glisse et tombe. Un lapsus est donc comme un accident de langage et s’il pousse à rire, c’est bien qu’il permet aux gens d’exprimer leur sentiment profond du narcissisme. Comme un enfant qui rit en griffant ou en mordant un adulte. On peut aussi y voir une douce vengeance des faiblesses de l’autre face à celui qui vient de tomber et auquel on découvre enfin une faille, une faiblesse qui alimente la frustration que son succès pourra avoir innocemment causé à autrui. Nous sommes en permanence en concurrence contre les autres et le lapsus comme l’accident ou comme la chute constitue un frein que les concurrents actionnent pour rattraper leur retard sur nous.

En politique, les adversaires utilisent le lapsus pour démontrer l’incompétence de leur concurrent et ainsi solliciter les suffrages populaires pour prendre la place convoitée occupée par celui-là. L’homme politique comme l’homme public, coupable d’avoir réussi au regard des autres, doit apprendre à ignorer la clameur publique provoquée par sa chute au travers d’un lapsus pour continuer sa route vers les sommets. Big up Ngannou !

# Fo’o Dzakeutonpoug1er

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