À partir de ce jeudi 2 mai 2024, les Camerounais de la diaspora en France peuvent se rendre à Paris dans les locaux de l'ambassade pour s'inscrire sur les listes électorales. Cette ouverture, attendue avec impatience après des jours de protestation contre l'impossibilité de s'inscrire dans plusieurs pays étrangers, semble être une bouffée d'air frais pour certains, mais sonne comme une manœuvre d'exclusion pour beaucoup d'autres.
André-Magnus Ekoumou, Ambassadeur du Cameroun en France. Photo: Journal Intégration
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Exclusion aux urnes : les Camerounais en France bloqués par des exigences ambassadiales

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À partir d’aujourd’hui, le 2 mai 2024, les Camerounais de la diaspora en France peuvent se rendre à Paris dans les locaux de l’ambassade du Cameroun pour s’inscrire sur les listes électorales. Cette ouverture, attendue avec impatience après des jours de protestation contre l’impossibilité de s’inscrire dans plusieurs pays étrangers, semble être une bouffée d’air frais pour certains, mais sonne comme une manœuvre d’exclusion pour beaucoup d’autres.

Pour s’inscrire, les Camerounais doivent présenter un passeport, une carte de séjour et une carte consulaire, tous en cours de validité. Si la nécessité du passeport est largement acceptée, les conditions concernant la carte consulaire et la carte de séjour soulèvent des questions et des inquiétudes parmi les Camerounais résidant en France.

La carte consulaire, un document moins connu mais tout aussi crucial, suscite des interrogations. Selon des sources officielles, elle nécessite une copie du passeport et une carte de séjour en France pour les détenteurs, tandis que ceux sans titre de séjour doivent fournir une attestation de résidence en France. Cette démarche a permis à certains, sans titre de séjour français, d’établir leur carte consulaire avec succès. Cependant, il est difficile de savoir si cette procédure est maintenue. L’ambassade n’a pas fourni d’informations directes et précises sur les modalités d’obtention de ce document, car son site officiel est en maintenance. Néanmoins, à la suite des travaux de la Commission de révision et d’établissement des listes électorales à l’ambassade à Paris, les officiels diplomatiques admettaient face aux représentants de l’opposition que « tout citoyen Camerounais même en situation irrégulière a le droit à l’assistance et à la protection de l’ambassade ». Il est donc surprenant que ces derniers n’aient pas le droit de vote.

L’exigence d’une carte consulaire pourrait être une démarche moins exclusive pour les Camerounais résidents en France, qu’ils possèdent un titre de séjour ou non. Ceci, si les modalités d’établissement de celle-ci n’ont pas été révisées en faveur de l’exclusivité du titre de séjour et à condition que la procédure soit rapide comme lors des années précédentes. Cependant, l’obligation d’un titre de séjour délivré par les autorités françaises crée un obstacle pour de nombreux Camerounais en situation régulière ou pas, y compris ceux qui sont en attente de leur statut de résidence ou ceux qui sont dans des procédures à très long délai tel que le regroupement familial. Avec cette condition, avoir un passeport camerounais et la carte consulaire du pays ne suffit pas pour exercer son droit de vote. C’est clairement l’exclusion aux urnes.

L’exigence d’un titre de séjour français soulève des préoccupations majeures. Il exclut à la fois les Camerounais en situation régulière que ceux qui y sont en irrégularité : Tous ceux dont les demandes sont en attente depuis des années ; les camerounais de l’espace Schengen présents en France pour des missions de travail, d’études ou d’autres activités temporaires ainsi que les Camerounais en quête de refuge.

Les questions abondent quant à l’impact de ces exigences sur le droit de vote des Camerounais en France. L’ambassade est-elle habilitée à vérifier la validité des titres de séjour dans un pays étrangers ? Quelles sont les implications pour ceux dont les demandes sont en cours ou en attente depuis des années ? La multiplication des demandes de cartes consulaires soulève également des préoccupations quant à la capacité de l’ambassade à les traiter en temps voulu.

 

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