Selon le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, les données sur la clientèle sont aujourd’hui une mine d’or, mais leur partage expose les clients à des risques tels que les attaques malveillantes, ou encore le piratage des comptes bancaires et des comptes électroniques. L’argentier s’est exprimé ainsi au cours de la première édition des Journées scientifiques sur l’économie numérique, tenues les 6 et 7 juin 2024 à Yaoundé, sous le thème : « Transformation du système financier par les innovations digitales : enjeux et perspectives pour le Cameroun. »
Pour le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, l’un des défis majeurs dans le système financier camerounais est celui de relever significativement le niveau d’inclusion financière des populations, niveau qui reste faible. Selon une étude menée conjointement par le Comité national économique et financier du Cameroun (Cnef) et la Banque mondiale, « seulement 35% des adultes possèdent un compte dans une institution financière au Cameroun, contre une moyenne de 43% en Afrique subsaharienne. De plus, environ 11% seulement des adultes ont accès aux services d’épargne dans des institutions financières formelles, contre 27% en Afrique subsaharienne. »
Les rencontres du 6 et 7 juin dernier avaient pour but d’explorer les vastes opportunités offertes par l’Intelligence Artificielle (IA) et l’Open Banking, et de proposer des stratégies efficaces permettant non seulement d’adresser les défis technologiques et opérationnels dans ce domaine, mais également d’en assurer une adoption fluide et sécurisée, maximisant ainsi les bénéfices pour tous les utilisateurs et parties prenantes.
Cette rencontre organisée par le Cnef, sous la coprésidence des ministres des Finances et des Postes et télécommunications, a regroupé les experts, professionnels du secteur de la finance, universitaires et divers autres participants venus d’Asie, d’Amérique, d’Europe et de nombreux pays africains. Les réflexions ont tourné autour des enjeux des innovations digitales sur le système financier camerounais à travers quatre ateliers.
Prévenir les risques liés à l’économie numérique
Bien que les innovations digitales présentent une opportunité pour un système financier plus inclusif, il convient également de souligner qu’elles ouvrent la voie à de nouveaux risques, qu’il convient d’identifier et de prévenir. Aussi, a noté le Minfi, « les données sur la clientèle sont aujourd’hui une mine d’or, mais leur partage expose les clients à des risques tels que les attaques malveillantes, ou encore le piratage des comptes bancaires et des comptes électroniques », et d’ajouter que la généralisation de l’utilisation des technologies innovantes dans le secteur financier encourage des comportements spéculatifs pouvant perturber le système financier et déboucher sur des crises. Enfin, a conclu Louis Paul Motaze, certaines barrières sociales, économiques et culturelles limitent l’accès et la familiarisation aux services financiers digitaux, et approfondissent la fracture numérique pour certains segments de la population, notamment les femmes et le monde rural. « Ces travaux aboutiront à la production d’un projet d’agenda pour la transition numérique du secteur monétaire camerounais, en complément du Projet d’accélération de la transformation numérique au Cameroun (Patnuc), porté par le gouvernement à travers le Minpostel », précise-t-il.
Concernant les infrastructures
Le Cameroun dispose d’une infrastructure numérique constituée d’un important réseau de fibre optique, de deux points d’échange Internet, d’un réseau de près de 250 bureaux de postes à travers tout le territoire national, ainsi qu’une pénétration mobile atteignant les 90%, des centres de données nationaux et privés, une pénétration internet qui se situe à 46%. Le Minpostel estime qu’« il est essentiel d’encourager le développement de technologies numériques innovantes telles que l’IA et l’Open Banking, tout en assurant leur intégration, harmonieuse avec les systèmes existants. Cela nécessite la mise en place de partenariats stratégiques entre le gouvernement, les institutions internationales, le secteur privé, les institutions financières et les acteurs technologiques. » En plus de la formation et le renforcement des capacités des acteurs locaux, ainsi que la surveillance et la régulation adaptative.
Pour y parvenir, poursuit Minette Libom Li Likeng, le gouvernement devra veiller à l’actualisation régulière des cadres réglementaires pour refléter les avancées technologiques et les nouvelles réalités du marché, garantissant ainsi un environnement sûr et propre à l’innovation.
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