Apparemment, ce n’est pas suffisamment évident pour moi selon ceux qui cherchent à constamment me le rappeler.
Amalia Ebongue en rouge et l'une de ses amies.
BrèvesCamerounLe ChroniqueurTribune Libre

Il paraît que je suis une femme…

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Apparemment, ce n’est pas suffisamment évident pour moi selon ceux qui cherchent à constamment me le rappeler.

 Je suis une femme.

Quand je suis au volant, au volant d’une voiture ou au volant de ma vie, on me rappelle que ma conduite est maladroite car je ne guide pas mon volant aussi bien qu’un homme.

Dans mon véhicule néanmoins, je porte ma destinée. Et avec elle celle de l’humanité. Je porte le bien-être de mes pères, l’avenir de mes fils et même de ceux qui ne sont pas toujours très saints d’esprit.. haha

Comprends-tu seulement la poésie que c’est que d’être une femme ?  Je porte la relève de mes mères, l’éducation de mes filles, l’avenir de multiples colonies.

 Je suis une femme, et quand je pleure on me rappelle que c’est parce que je suis le sexe faible. Oubliant que je suis une femme, un être humain doté de force dans le cœur, dans un monde rempli de rancœurs, j’apporte ma douceur, mes couleurs, pour rendre l’atmosphère pollué par des personnes qui me rappellent sans cesse que je suis une femme, meilleur.

Je suis une femme. Pour le prouver je dois être ceci ou cela. Agréer à des codes, qui mettent ma vie en mal mais que puis-je faire n’est-ce pas ? Je ne suis qu’une femme. Je veux dire: qu’est-ce que cela peut bien signifier ? Faire la cuisine, s’assurer du bonheur de mes pères de mes fils, de mes frères pas toujours saints d’esprit…

Qu’importe si je dis ceci ou cela, on décèle une connotation autre que ce que je veux réellement exprimer. On peint en rouge ce que je fais pour m’engager.

Quand je suis indépendante, on dit que je suis hautaine et autoritaire. Je veux prendre la place d’un homme, je ne mériterais d’ailleurs pas d’être dans sa maison.

Quand je suis soumise, on dit que je n’apporte rien, je suis une plaie. Une sauterelle qui dévore, la moisson durement gagnée par un être supérieur qui mérite d’ailleurs que je le loue et l’adore.

Quand je suis éduquée, je suis une menace pour des ignorants qui ne veulent pas voir ma vision de la terre. Je veux montrer ceci et cela, pourtant ma place est dans la cuisine…d’un homme!

Quand je me retranche, on dit que je fais tout pour plaire…je suis une bénie oui oui. Une sainte amie, mais certainement pas mère d’un dieu ?

On oublie que ces hommes, naissent dans mes bras et surtout n’en sortent jamais, car leur force c’est bien la mienne que je leur donne.

Plaire à un monde où tout est dicté pour me diminuer. Voilà en quoi je suis réduite.

Mon maximum est considéré comme la moitié de ce que font des personnes qui n’ont ni mon audace ni ma hargne. Ni ma volonté, ni mon pagne. Ce pagne physique et même spirituel avec lequel je couvre mes pères mes fils et mes frères qui manquent de reconnaître mon esprit.

Je les attache au dos de ma destinée où j’oublie parfois qui je suis pour qu’ils puissent se rappeler qui ils sont.

Des pères, des fils, des frères d’un être qui est quoi ? Juste une femme ?

Avec le cœur sur la main, et la détermination dans mes pieds je déplace des montagnes.

Je vise et j’atteins le but, car quand je veux baisser les bras, je me rappelle ma vision de la terre: un endroit meilleur pour mes mères, mes filles et mes sœurs  remplies d’esprit.

Pour que l’avenir soit meilleur, je dois continuer ma lutte acharnée. Cela était inscrit dans ma destinée et je l’accepte comme un soldat qui va en guerre sans broncher.

Se lamenter, se plaindre n’est plus au rendez-vous. Je me battrai pour l’égalité aujourd’hui, mais pas seulement ; pour tous les jours que j’aurai à passer sur cette terre, le prix c’est de garder mon esprit.

C’est l’heure du réveil. À toutes les femmes qui liront cette poésie: vous n’avez pas à être définies par ceci ou cela. Vous êtes déjà suffisantes comme vous êtes avec vos couças et couçis.

L’égalité ne naîtra pas par des hommes, elle viendra quand vous cesserez de vous excuser d’être qui vous êtes: tout simplement, MAGNIFIQUEMENT DES FEMMES !

Amalia Ebongue, chroniqueuse 

 

 

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