Dans la crise en cours entre le ministère des Sports et de l’éducation physique (Minsep) et la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), notre rédaction a pris le temps de comprendre les motivations des différents protagonistes qui s’affrontent autour du professeur Narcisse Mouelle Kombi et de Samuel Eto’o. De la présidence de la République, aux anges déchus en passant par les frustrés mécontents, les fans et les partis politiques, nous vous dévoilons, en toute neutralité, notre grille de lecture sur les réelles motivations des détracteurs et des soutiens du président de l’instance faitière du football camerounais. 
Samuel Eto'o, président de la Fecafoot
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Grosse curiosité : pourquoi les pourfendeurs des « Hautes Instructions » de Paul Biya combattent Samuel Eto’o 

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Dans la crise en cours entre le ministère des Sports et de l’éducation physique (Minsep) et la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), notre rédaction a pris le temps de comprendre les motivations des différents protagonistes qui s’affrontent autour du professeur Narcisse Mouelle Kombi et de Samuel Eto’o. De la présidence de la République, aux anges déchus en passant par les frustrés mécontents, les fans et les partis politiques, nous vous dévoilons, en toute neutralité, notre grille de lecture sur les réelles motivations des détracteurs et des soutiens du président de l’instance faitière du football camerounais.

Si certaines observations semblent fondées, d’autres ont des allures d’un règlement de compte, de chantage ou tout simplement de pression. Voici les différentes catégories de personnes qui alimentent le conflit.

  • Les « chargés de mission » du Rdpc

Le conflit Minsep/Fecafoot s’est imposé sur les plateformes d’échange du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc), parti au pouvoir au Cameroun. Ici, les pros et anti-Eto’o se déchirent au quotidien. Selon nos sources, il y a près d’un mois, la hiérarchie de la cellule de communication du parti a recommandé le silence aux communicants du parti face à ce sujet, notamment en public. Un blackout qui n’est respecté que dans les groupes WhatsApp de la cellule de communication. Sur Facebook et dans d’autres forums, la bataille est avérée entre les deux camps qui s’y sont formés. Ceux qui se rangent du côté de l’ancien capitaine des Lions Indomptables soutiennent qu’il a le droit de combattre sa tutelle si cette dernière viole les textes qui les lient. Pour eux, les premières « Hautes Instructions » dans le cadre de ce conflit ne provenaient pas de Paul Biya, mais du ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh. Ils croient dur comme fer que Samuel Eto’o Fils est sur le droit chemin.

Ceux qui rament à contre-courant par contre, défendent deux choses : la sacralité des « Hautes Instructions » et le respect des institutions républicaines. Derrière leurs différentes publications, il y a comme une odeur de pression s’exerçant sur Samuel Eto’o Fils (SEF). Bien qu’il soit Biyaïste, l’argument selon lequel l’ex-sociétaire de Chelsea n’aurait pas la carte du parti au pouvoir serait à prendre en considération. Les tirs groupés dirigés contre lui seraient donc un moyen de pression afin qu’il s’aligne définitivement avant la prochaine élection présidentielle.

  • Les adeptes du « Grand soir »

Incroyables, mais vrai ! Les pourfendeurs des « Hautes Instructions » combattent aussi Eto’o qui remet pourtant en cause les « Hautes Instructions » qui approuvent le recrutement du staff technique et administratif des Lions Indomptables seniors.

En principe, dans une démarche de contestation cohérente de la délégation permanente de signature du chef de l’Etat à Ferdinand Ngoh Ngoh, l’ancien adjoint au maire de Douala 2e, Jean Robert Wafo, à qui l’on attribue la paternité du « Grand soir » et ses alliés, devaient profiter de ce conflit pour amplifier leur lutte contre les « Hautes Instructions » en se rangeant derrière Samuel Eto’o. Qu’est-ce qui n’a pas marché pour que SEF devienne la cible à abattre du fait d’avoir lui aussi douté des Instructions présidentielles comme le font depuis quelques années plusieurs opposants ? Auraient-ils des informations que nous n’avons pas ? Une chose est certaine : ce n’est pas pour le respect de l’institution présidentielle que ces gens se liguent contre Eto’o. Encore moins pour l’amour de Narcisse Mouelle Kombi, très certainement pas pour sauvegarder et protéger l’image de marque du Cameroun. Il faut aller chercher les vraies raisons ailleurs. Peut-être que Samuel Eto’o est en train de payer pour avoir soutenu le président Paul Biya lors de la dernière élection présidentielle ! On se souvient qu’il avait publiquement déclaré qu’il voterait le candidat naturel du Rdpc. Une déclaration qui a mis les leaders des partis d’opposition dans tous les états. Certainement qu’ils auraient peur que cela ne se reproduise l’année prochaine.

La seconde raison serait le fait que le président de la Fecafoot, une fois élu, n’a pas permis à certains présidents de club de football de se faire pleine les poches au détriment de leurs joueurs.

  • Oswald Baboke prend une balle perdue 

Dans ce cafouillage, le nom du très discret Directeur Adjoint du Cabinet Civil de la présidence de la République, Oswald Baboke est cité dans plusieurs publications en circulation sur les réseaux sociaux. Ces pamphlets présentent ce proche collaborateur du chef de l’Etat comme potentiel candidat à la prochaine présidentielle. A en croire ses détracteurs, l’homme de Dieu qui serait dans les bonnes grâces de la Première Dame Chantal Biya, pourrait succéder au président de la République au détriment de Ferdinand Ngoh Ngoh, qui ne la « rassure pas trop ces derniers temps. Il est moins réceptif aux exigences boulimiques financières des fils de Chantal Biya », affirme Paul Chouta dans une publication.

Oswald Baboke n’a pas fait de démenti. Il n’en fera pas. Il n’est pas friand de publicité ou du « m’as-tu vu ? ». Bien qu’il soit à un poste de responsabilité qui lui impose la réserve, le diplomate ne nous a pas habitués à un clash sur les réseaux sociaux. Ses seules sorties sur X (ex-Twitter) portent essentiellement sur la parole de Dieu. Il a quelques fois publié sur son jeune frère Samuel Eto’o dont il assume l’amitié. D’ailleurs son dernier post sur le président de la Fecafoot date du 10 mars 2024. Oswald Baboke avait souhaité « Joyeux anniversaire au plus merveilleux des frères Samuel Eto’o, celui avec qui je me suis toujours bien entendu et surtout, une personne d’exception qui mérite de vivre les plus belles choses du monde ! Je t’aime mon frère et cela ne changera jamais ! »

Le conflit actuel peut-il donc être interprété comme une bataille de succession visant à positionner Oswald Baboke? Samuel Eto’o roulerait-il pour son « grand frère » ? S’il est vrai que tout Camerounais a le droit de prétendre à la magistrature suprême, il n’en demeure pas moins qu’Oswald Baboke est l’un des rares fidèles du chef de l’Etat à qui l’on ne reconnaît officiellement aucune casserole. Malgré sa position privilégiée auprès de son patron, ce serviteur « inutile » continue de « raser » les murs au palais.

  • Conflit/Facefoot : la touche du fanatisme

« Samuel Eto’o Fils est une légende. Ailleurs, on ne touche pas aux légendes. On les ménage, même si elles gaffent » ; « Eto’o a le pouvoir d’ouvrir les portes du paradis au diable » ; « Eto’o a raison, le ministre n’a pas le droit de recruter un entraîneur sans le consulter. Les textes le disent » ; « Non ce n’est pas une mise à disposition ça. Marc Brys n’est pas un fonctionnaire international, encore moins un fonctionnaire camerounais. Eto’o va vous montrer ». Les fans du président de la Fecafoot ne manquent pas d’arguments pour soutenir leur champion. Pour les inconditionnels du quadruple Ballon d’or africain, il a raison de faire et de défaire la sélection nationale sans se faire taper sur les doigts. C’est un soutien sans calcul politique, ni matériel. Juste celui de ceux qui aimeraient voir le meilleur footballeur des dernières décennies remporter la manche contre le professeur Narcisse Mouelle Kombi. Leur satisfaction sera alors grande.

Le danger de ce soutien sincère et parfois aveugle, est qu’il ne voit et n’accepte pas les défauts et les faiblesses de Samuel Eto’o. Même quand ce dernier répercute les « Hautes Instructions » de Paul Biya à un proche collaborateur de Paul Biya. S’il a un portefeuille dans le gouvernement actuel, les Camerounais d’en bas savent qu’il est juste le président d’une association financée par le contribuable.

  • Égocentrique, irrespectueux envers les institutions républicaines 

Le « Je » très poussé de Samuel Eto’o énerve plusieurs Camerounais, qui auraient aimé qu’il mette un peu d’eau dans son vin. Le fait que les « Hautes Instructions » répercutées par Ferdinand Ngoh Ngoh soient piétinées par Eto’o, donne des boules à certains, qui n’acceptent pas que les directives de leur président de la République soient foulées au pied. Juste pour ça, une catégorie de Camerounais en veulent à Samuel Eto’o. Pour eux, il faut garder sacrées les instructions du président de la République de peur que la délégation permanente de signature perde toute sa légitimité et qu’on se retrouve dans un « no man’s land ». Voilà quelques raisons qui les poussent à rejeter tout ce qui vient de Samuel Eto’o.

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