Par Marie-Claire NNANA, Directrice générale de la Société de presse et d’éditions du Cameroun (Sopecam)
Il y a toujours un choix cornélien pour les victimes du mensonge. Ignorer et garder le silence, car la sagesse populaire enseigne qu’il faut laisser mourir les petites choses de leur belle mort. Ou répondre sans passion, et dévoiler la vérité, parce qu’il arrive que les résidus du mensonge fassent de vieux os : « Mentez, mentez, il en reste toujours quelque chose ». Face à la tentative insidieuse de certains médias et groupes de supporters de jeter l’anathème sur la Coupe d’Afrique des Nations de football 2021 par de vaines polémiques, le gouvernement du Cameroun, la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) et la Confédération africaine de football (CAF), ont choisi la seconde option.
Le gouvernement, par la voix de son porte-parole, le ministre de la Communication, a opposé vendredi dernier, un vigoureux démenti à cette manœuvre de décrédibilisation et rétabli la réalité des faits, tandis que le président de la FECAFOOT, Samuel Eto’o Fils, démontait une par une les ficelles de cet odieux montage dans une mémorable conférence de presse d’où il est apparu clairement que les soupçons de falsification des tests Covid, d’arbitrage complaisant en faveur du pays-hôte, de terrains ou d’hébergement hors standard, étaient largement injustifiés. Et qu’une fois encore, une fois de trop, des médias internationaux et camerounais dans une moindre mesure, s’étaient laissés emporter par leur haine viscérale du Cameroun. Nous y sommes habitués. Et devant cet ostracisme vénal, nous avons développé une forme d’endurance, une grande aptitude à encaisser, et une belle solidarité.
Point n’est besoin d’être complotiste pourtant, pour observer ce harcèlement psychologique dont l’équipe nationale et le Cameroun tout entier sont victimes depuis le début du tournoi, par le biais d’un matraquage médiatique orienté, dont le but est d’installer le doute sur notre capacité d’organisation, sur les infrastructures d’accueil et sur la performance du onze national.
Tout a commencé par une mise sur la sellette permanente des Lions indomptables, meilleure attaque de la CAN, mais qui ne joue jamais assez bien à leur goût. La tradition de dénigrement du Cameroun a connu une seconde jeunesse avec l’irruption bruyante et entêtante de la rhétorique de la tricherie dans les reportages, interviews, réseaux sociaux. Comme pour affadir tout exploit des Lions indomptables à l’avance, et pousser les 23 autres équipes à la révolte.
Où sont donc passés le fair-play médiatique, l’objectivité, la sacralité des faits, la vérification et la multiplication des sources d’information ? Certains ont prétendu n’avoir jamais été informés que la Confédération africaine de football (CAF) avait commis les services d’un laboratoire étranger indépendant pour le testing, et que son protocole de gestion des joueurs frappés de Covid-19 avait évolué au cours de la compétition ! N’est-ce pas là une injure à la noble profession de journaliste ? Depuis quand l’information vient-elle à nous, et non pas l’inverse ?
A six jours de l’apothéose de la CAN, alors que le dernier carré est connu, il est temps que cessent les intrigues. Depuis le 9 janvier dernier, le public africain et les téléspectateurs du monde entier n’en finissent pas de vibrer au rythme du spectacle de beaux duels de football, à travers les stades flamboyants de l’Afrique en miniature. Légitimes moments de bonheur, de fierté que nous refusons de voir ternis par des polémiques sans fondement. Quand celles-ci sont entretenues par des individus ou des blogs à la moralité débridée, englués dans la fange et l’esprit grégaire des réseaux sociaux, on peut tolérer des écarts. Mais lorsque les « mainstream medias », les médias traditionnels, où évoluent les journalistes professionnels, s’en mêlent, il y a péril en la demeure, et urgence à rectifier le tir. Car alors, c’est la fraternité africaine qui se trouve mise en ballotage.
Ayant dit cela, on doit s’empresser d’ajouter que certains comportements côté camerounais, prêtent parfois malheureusement le flanc à la critique. Lorsqu’à tous les niveaux de cette belle œuvre collective qu’est la CAN, quelqu’un s’est acquitté de sa mission avec amateurisme et désinvolture, il a contribué à justifier la haine des contempteurs, et à altérer l’éclat de ce somptueux banquet africain autour du ballon rond. Aussi devons-nous toujours, comme nous y a invité le chef de l’Etat lors de son traditionnel message de fin d’année, nous mettre à la hauteur et prendre de la hauteur. Etre exemplaires. Cet appel tombe à propos, au moment où le Cameroun bashing tente pour la énième fois de déployer ses tentacules. On peut affirmer qu’il ne réussira pas à nous démoraliser, encore moins à nous démobiliser, tant nous avons éprouvé la risible inanité de son dard. En réalité, il n’existe que parce que le Cameroun fait peur.
Comment comprendre que certains médias s’échinent à peindre de notre vécu que les événements les moins positifs et les moins glorieux et n’hésitent pas à affabuler ? Réveillons-nous ! Et admettons que cette entreprise de destruction ne perdure que parce que nous lui accordons un crédit démesuré. Autant rappeler quelques vérités à cet égard.
Personne n’est fondé à juger notre trajectoire et nos efforts quotidiens vers la construction d’un pays prospère et démocratique. Cette sanction n’incombe pas aux médias étrangers mais aux citoyens camerounais, et plus largement à nos partenaires au développement. Voilà pourquoi il est important que nos concitoyens soient éduqués et que leurs représentants dans les instances de décision acquièrent de bonnes capacités d’analyse ;
Le Cameroun ne peut pas plaire dès lors que par tradition, il revendique toujours une autonomie de pensée et d’action. Certains médias internationaux ayant pour mission d’asseoir l’influence de leurs nations sur les autres, à travers une forte présence et une immixtion constante dans les affaires intérieures, dans l’espoir de formater nos schèmes de pensée ;
Au lieu de subir des coups de boutoir médiatique injustifiés, l’Afrique devrait songer à créer une chaîne panafricaine spécialisée, afin de défendre les intérêts et l’unité du continent.
En tout état de cause, nous avons mieux à faire : terminer la compétition en beauté et gérer les suites de l’incident dramatique du stade d’Olembe qui a vu la mort de huit spectateurs dans une bousculade. En effet, ce n’est pas sous une pression quelconque que le président de la République a demandé l’ouverture d’une enquête. En collaboration avec les parties prenantes, la vérité sera dite, et les suites administratives et judiciaires qui s’imposent seront données, sans aucun doute. Le Cameroun montrera alors aux familles éplorées et à la communauté sportive nationale et internationale, qu’il sait balayer devant sa propre porte.
Ce devoir de vérité, nous le devons à la mémoire de ceux qui sont morts pour l’amour des Lions indomptables et du Cameroun. C’est encore en leur hommage que le tournoi doit se poursuivre. En leur nom et pour confondre les détracteurs, « the show must go on » !
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