Une cinquantaine de veuves se sont réunis ce mercredi 22 juin 2022 dans la ville de Douala pour parler des pratiques néfastes qui minent leur quotidien depuis la disparition de leurs époux.
Droits des femmes : des Camerounaises contre les rites de veuvage
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Droits des femmes : des Camerounaises contre les rites de veuvage

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Une cinquantaine de veuves se sont réunis ce mercredi 22 juin 2022 dans la ville de Douala pour parler des pratiques néfastes qui minent leur quotidien depuis la disparition de leurs époux.

«Les rites de veuvage dans la région l’Ouest du Cameroun existent toujours et ce n’est pas facile de les mettre en pratique. Quand j’ai perdu mon mari  il y a 5 ans, ma belle-famille m’a froissé les cheveux. Elle a déchiré mes vêtements pour montrer que j’ai trop pleuré mon époux. Imaginez quand vos amis viennent au deuil et vous trouvent comme une folle, ce n’est pas bien. À partir du jour où on a inhumé mon mari,  je me suis couchée sur les feuilles de bananiers secs  pendant neuf jours. Et pendant la neuvaine, j’allais à la rivière aux environs de 19h30 parce qu’on ne devait pas me voir. J’étais accompagnée de la veuve de mon beau-père. C’est elle qui me lavait durant cette période. À la fin de la neuvaine je devais préparer pour que la famille vienne manger. Je l’ai fait pas parce que ça me plaisait tellement, mais pour protéger mes progénitures. Parce que vous savez  chez nous les bamilékés, quand  vous êtes rebelle, on profite de cette sorcellerie pour vous nuire», rapporte Hélèine Dongmo, veuve âgée de 60 ans.

«Les rites de veuvage varient selon les régions. Dans mon association, il y a des veuves qui ont dormi devant les cadavres. Je suis veuve depuis 15 ans, mais je n’ai pas fait ces rites. J’ai appelé un prêtre il m’a sorti du veuvage le même jour. Ces rites ne servent à rien c’est tout simplement de la méchanceté des hommes. Mon destin n’était pas lié à celui de mon mari. Il est mort et j’attends mon tour », renchérit Thècle Nyobe, juriste. La présidente de l’Association des veuves solidaires de Douala 5ème(AVESO) de regretter : «Il y a un grand travail à faire aujourd’hui. Les veuves sont ignorantes de leurs droits et elles ne peuvent  donc pas  s’opposer à leur belle famille ».

Ces témoignages démontrent le côté pervers des pratiques ancestrales infligées aux veuves dans certaines régions du Cameroun, en violation de leurs droits. Certaines communautés forcent les femmes à dormir avec les cadavres de leurs maris et à boire de l’eau ayant servi à nettoyer ces derniers. Signes qui prouvent, selon les gardiens de cette pratique, qu’elles ne sont pas à l’origine de leur mort.

Si ces rites de veuvage jugés inhumains persistent encore en 2022, c’est à cause de l’ignorance de certains pratiquants qui violent les droits des veuves.

Maison de la veuve

La perte d’un partenaire est dévastatrice surtout lorsque vient s’ajouter la longue liste de problèmes. Notamment la solitude, la détresse, les responsabilités familiales, les violences, etc. C’est pour attirer l’attention sur les expériences douloureuses des veuves que les Nations Unies ont dédié la journée du 23 juin aux veuves. La 12ème édition de cette journée internationale de cette année a été célébrée sous le thème : «Protéger les veuves, une responsabilité collective». A Douala, capitale économique camerounaise, AVESO a réuni une cinquantaine de veuves du 5ème arrondissement pour les sensibiliser sur ces rites contraignants et leurs droits. «C’est pour que ces rites de veuvage prennent définitivement fin et que les veuves ne soient plus marginalisées. Aujourd’hui, les veuves ne savent pas où se diriger quand elles viennent à perdre leur mari. Je milite pour que les pouvoirs publics ouvrent une maison des veuves au Cameroun. Le ministère de la Promotion de la femme et de la famille englobe tout et ne les protège pas toutes », exhorte Thècle Nyobe.

Ruffine Moguem

 

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