By L’eau potable se fait de plus en plus rare au quartier universitaire de la capitale économique camerounaise.
Il est 7h ce vendredi 18 août 2023 à l’usine de la société brassicole Guinness, située entre Ange Raphaël et Ndokoti, dans l’arrondissement de Douala 5eme.
Des éclats de voix se font entendre de gauche à droite. « Je suis venu avant toi, laisse-moi d’abord puiser », « pour qui te prends-tu ? Aligne-toi comme tout le monde », entend-on de part et d’autre.
On dirait une jungle où seuls les plus futés réussissent à remplir leurs bonbonnes. Au fur et à mesure que le temps passe, le lieu grouille de monde. Certains garent leurs véhicules pour recueillir le précieux liquide.
Les chercheurs d’eau s’alignent par ordre d’arrivée. Rodrigue Zemze, 12 ans, est parmi les premiers venus. L’adolescent se bat de toutes ses forces pour remplir ses seaux d’eau. Derrière lui, une longue file d’attente. « Je vis à Ange Raphaël et ça fait plus d’une heure que je suis ici. Je suis venu avec cinq bidons de 20 litres, mais je n’ai réussi à en remplir que trois à cause du grand nombre de personnes. Je suis obligé de patienter car c’est le lieu de ravitaillement le plus fiable », se plaint Charles Edinson.
Ce forage privé tiré directement du sous-sol, est réparti en quatre robinets. Malgré qu’ils coulent sans arrêts, l’offre est incapable de satisfaire la demande. Ses heures d’ouverture et de fermeture sont respectées à la lettre. « Le forage ouvre à 7h du matin et ferme à 16h», confie Charles Edinson.
Martin N, 34 ans, est comptable dans une banque de la cité économique camerounaise. Il raconte son calvaire : « Je me rends sur les lieux trois fois par semaine, car, à Ange Raphaël, nous sommes privés d’eau parfois pendant des semaines. Lorsque j’arrive avec mes bidons, il y a quelques garçons qui m’aident à les remplir. Je ne me vois pas en train de faire la queue, sinon je serais en retard au travail ».
La consommation de l’eau de forage n’est pas sans conséquence. Les risques sanitaires sont élevés. « La société chargée de la distribution d’eau nous en prive tout le temps. Du coup, on n’a pas trop le choix sur la qualité d’eau que nous consommons. Ceci met en danger notre santé », s’indigne Roger Nkandem. Son fils est mort du choléra en mars 2023.
Ilona Nguimatsia, stagiaire
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