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Données statistiques : comment la Cemac veut contrecarrer la manipulation des institutions de Bretton Woods

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Les statisticiens de la sous-région Afrique centrale sont à pied d’œuvre pour produire des données fiables et harmonisées dans le cadre du programme statistique de la Cemac 2021-2030. 

«Nous ne voulons plus qu’on viennent nous imposer des chiffres », lâche Clément Belibanga au sortir de la cérémonie d’ouverture de la 8e session du comité sous régional de la statistique le 7 mars 2022 à Douala. Le commissaire en charge du département des politiques économiques monétaires et financières au sein de la Commission de la Cemac, affirme qu’il y a souvent eu des discussions entre les experts de la sous-région et le Fonds monétaire international (Fmi) sur les chiffres. «Nous voulons que ce débat puisse être un bon débat entre les institutions internationales et nous-mêmes », précise l’économiste Centrafricain.

En septembre 2021, la Banque Mondiale (BM) a mis un terme à son classement «Doing Business» après des dénonciations de manipulation des données par ses experts. Emile Bekolo, le patron du cabinet d’audit et de conseil Bekolo & partners avait même proposé dans une publication, une réforme en profondeur et une surveillance permanente des institutions financières internationales, voire leur disparition pure et simple. 

«On se demande maintenant quelle est l’étendue des fraudes dans les 17 rapports Doing Business publiés par la BM, car on se doute bien que la manipulation des indices qui est révélée aujourd’hui (septembre 2021, ndlr) est une pratique ancienne de l’institution. Quelle est l’étendue des dommages et des torts causés aux pays par les rapports Doing Business ? » S’interrogeait l’expert-comptable camerounais.

Information vitale

Pour dorénavant éviter de tomber dans ce genre de piège, des institutions de Bretton Woods et des ONG à leur service en Afrique centrale, les directeurs généraux des instituts nationaux de la statistique des pays de la Cemac se sont réunis les 7 et 8 mars 2022 au siège de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) à Douala pour lancer officiellement le Programme statistique de la Cemac (Stat-Cemac 2021-2030) et mettre en œuvre le plan triennal dudit programme sur la période 2022-2024.

«Compte tenu de l’importance de la statistique dans l’analyse économique, il est important d’avoir des chiffres fiables et harmonisés au niveau de la sous-région», soutient le commissaire en charge du département des politiques économiques monétaires et financières. Ce vaste programme adopté une semaine auparavant par les experts statisticiens, couvre tous les secteurs de la vie.

«Les statistiques sont de plus en plus une information vitale pour la prise de décision. Il faut que les méthodes de collecte soient les mêmes pour l’ensemble des six Etats de la Cemac», suggère Roland Marc Lontchi T., directeur de la statistique au sein de la Commission de la Cemac. L’ingénieur statisticien économiste, pense qu’il serait prudent que les données produites par des ONG dans les pays de la sous-région Afrique centrale soient validées par les instituts de la statistique avant leur publication.

«Si les chiffres sont erronés, les conclusions seront erronées. C’est pour cela qu’il faudrait qu’on ait les mêmes chiffres au niveau de la sous-région sur les productions. Nous voulons nous-mêmes maîtriser nos statistiques pour qu’effectivement, les analyses soient justes et qu’on puisse prendre des décisions justes en faveur de nos populations », ambitionne le commissaire Clément Belibanga.

Didier Ndengue

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