Le dernier conseil municipal tenu dans cette mairie a étalé au gout du jour la dissension existant au sein de l’exécutif communal plombé depuis l’accession de Justin Bejedi Ndame à la tête de la mairie.
Bagarre entre les éléments de la gendarmerie nationale et les conseillers. Les populations qui escaladent les murs de la mairie pour se joindre à cette bataille. Des cris de contestation et d’appel à la démission du maire. Nous sommes à la mairie de Dibombari ce mercredi 22 juillet 2022 et l’ambiance est surchauffée. L’entrée de la mairie est fermée aux populations par un pick up. Pour y accéder, il faut grimper le mur. A l’extérieur, des populations riveraines attendent avec impatience l’issue de la médiation et du conseil municipal organisée ici par le préfet du Moungo représenté par son 2ème adjoint Brice Melat Tiogoe.
Dans l’enceinte de la mairie, c’est une scène de bagarre générale qui surexcite les riverains qui escaladent à tour de rôle la barrière pour intervenir. Des éléments des forces de l’ordre se battent tant bien que mal pour ramener la sérénité
A l’occasion de la tenue de la réunion de conciliation ou d’arbitrage et de la session du conseil d’adoption du budget de la mairie, tout ou presque a volé en éclat. D’où la colère des riverains qui réclament à gorge déployée la tête du maire Justin Bejedi Ndame.
Selon des informations, tout est partie de la tentative d’arrestation du conseiller Kome sorti avec le groupe de conseillers pour savoir s’ils devaient entrer en salle. En effet, ayant pris part à la réunion de d’arbitrage du préfet, le choix du vote du budget n’a pas été validé par la majorité du conseil. 14 ont voté contre, 13 pour et il y a eu un bulletin nul. Alors que l’équipe des conseillers conduit par le premier adjoint Samuel Elongo Kingue croyait la médiation infructueuse et dont la non tenue de la session du conseil d’adoption du budget, le deuxième adjoint préfectorale va faire un passage en force. «Le préfet nous a convoqué le 27 juillet 2022 pour une séance de travail à la mairie. Compte tenu du fait que le budget n’avait été adopté au conseil du 30 mai 2022, il fallait donc une séance d’arbitrage conformément à la réglementation. En cas de non conciliation, comme le stipule l’article 423 du code des collectivités territoriales décentralisées, le préfet se dessaisit de l’affaire et informe le ministre de tutelle. Mais il a obligé la séance du conseil d’adoption du budget», explique le conseiller Same Ntouba, outré. «Quand nous sommes sortis pour une concertation, c’est alors qu’un homme en civil a tenté d’arrêter le conseiller Kome et tout est parti», poursuit-t-il. Après cette séance de bagarre dans la cour de la mairie, les autres conseillers (13) selon le maire de Dibombari, sont restés poursuivre les travaux dans la salle. «L’interpellation du conseiller Kome n’avait rien à voir avec la mairie. Le conseiller Kome avait un problème de terrain avec monsieur Ousmane. Tout ce que je vous dis m’a été rapporté par les éléments de la police municipale. Voilà ce qui s’est passé », justifie le maire Justin Bejedi Ndame lui aussi témoin de la scène.
Budget contesté
Après cet incident, la faction de conseillers soutenant le 1er adjoint au maire va quitter la mairie tout en boycottant les travaux. «Les populations ont escaladé les murs de la mairie parce qu’elle était fermée. Depuis quand un conseil municipal se déroule à huis-clos? C’était des stratégies du maire. Pendant qu’ils voulaient arrêter le conseiller Kome, ils ont cassé ma voiture», se plaint le 1er adjoint au maire Samuel Elongo Kingue.
Dans leur dos, le budget a été adopté. «Mais le budget a été voté et les délibérations votées également. Le budget de la mairie de Dibombari s’élève à 1.338.740.908 franc CFA», précise le maire qui affirme que les travaux se sont bien déroulés. «C’est quand ils ont constaté qu’ils étaient en minorité qu’ils ont commencé à faire le désordre. La séance du conseil a continué jusqu’à la fin», fait savoir le maire Bejedi Ndame avant d’ajouter : «Il y a les mauvais perdants partout».
Le 1er adjoint au maire ne digère pas ce qui s’est passé et promet de tout faire pour que cette session soit annulée. «Si le deuxième adjoint préfectoral adopte ce budget, on verra jusqu’où on ira. Il y a des instances. Je ne voudrais pas que ce soit des problèmes personnels. C’est un problème des conseillers et de la mairie», avertit Elongo Kingue.
Celui qui invite le maire à œuvrer pour la fin de la crise reconnaît que la mairie de Dibombari et ses populations souffrent de plusieurs maux. «Beaucoup de projets sont bloqués mais indépendamment du conseil municipal. Nous avons demandé plusieurs fois à s’asseoir sur une même table pour discuter de l’avenir de la commune de Dibombari mais, le maire n’a jamais accepté», regrette sa majesté Elongo Kingue.
Pour le maire Bejedi Ndame, c’est un combat politique qui transparaît à travers ce conflit. «On était ensemble dans le Mpcn. J’ai quitté le Rdpc pour rejoindre le Mpcn et après avoir gagné la mairie, j’ai quitté le Mpcn pour retourner au Rdpc. Vous pouvez comprendre les ambitions de chacun. Il voulait m’obliger à rester dans le Mpcn. Vous comprenez donc que chacun a ses ambitions politiques», fait-il savoir.
Si un souci de procuration a été évoqué durant cette réunion du conseil, il faut noter que l’avenir de la mairie de Dibombari reste flou. Car, aucun signe d’accalmie ne pointe à l’horizon. Pourtant pour le développement de cette cité, il faudra fumer le calumet de la paix. «Si on ne fait pas la paix, comment allons-nous procéder demain? Dans un mois et demi, il y aura le vote du compte administratif. Comment procéder? S’il n’y a pas la paix, cette situation va continuer», pense sa majesté Elongo Kingue.
Selon les informations, depuis plusieurs mois, le budget de la commune de Dibombari n’a pas été adopté à cause de ce problème entre le maire et ses conseillers. Un problème qui affecte la vie des populations. Même si pendant l’arbitrage, il s’est posé un problème de procuration, il faut du moins préciser qu’Elongo Kingue s’est rendu à Yaoundé pour rencontrer les responsables du Ministère de l’administration territoriale (Minat). Il a été reçu par le secrétaire général du Minat. Ce dernier a promis de transmettre ses doléances à Atanga Nji.
HVN, correspondance particulière
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