By Dans un courrier adressé aux associations et syndicats des exploitants de débits de boissons du Cameroun le 7 septembre 2023, la Cameroon Alcohol Producers Association donne les raisons de cette mesure.
Pour éviter l’augmentation du prix de la bière, les sociétés brassicoles réunies au sein de la Cameroon Alcohol Producers Association (CAPA) procèdent à un réaménagement de la ristourne/épargne. « Nous (CAPA) avons en tant qu’entreprises citoyennes et soucieuses de l’accompagnement de notre écosystème, décidé dans un premier temps de procéder à un abattement de 50% de cette ristourne/épargne, à compter du 1er octobre 2023 », écrit la CAPA dans une correspondance adressée aux associations et syndicats des exploitants de débits de boissons du Cameroun, le 7 septembre dernier.
L’association composée de Boissons du Cameroun, Union Camerounaise des Brasseries, Guinness et Fermencam évoque les raisons de ce réaménagement de la ristourne/épargne : « En raison d’une part du renforcement de la fiscalité et, d’autre part de la crise du Covid-19 et de la guerre Russo-Ukrainienne à l’origine d’une crise inflationniste mondiale sans précédent, elles (sociétés brassicoles) subissent sans discontinue depuis 2019 une augmentation drastique de leurs charges dont une infirme partie seulement a pu être répercutée en 2019 à la suite du changement de la base d’imposition au droit d’accises ad valorem. »
Les dirigeants de ces sociétés disent avoir été obligés, depuis plus de quatre ans, d’absorber l’essentiel de ces coûts additionnels, et ce faisant, de voir leur rentabilité se dégrader progressivement. Pire, « malgré le contexte devenu pratiquement intenable, la Loi de finances pour l’exercice 2023 n’a pas hésité à nous vulnérabiliser davantage à travers l’élargissement de l’assiette des droits d’accises et l’extension de la taxe spéciale sur les produits pétroliers au gaz naturel, énergie que nous utilisons désormais pour pallier aux insuffisances du fournisseur Eneo. »
En interne, les entreprises affirment avoir pris des mesures fortes, « notamment en termes de réduction de nos charges de fonctionnement ». Mais à date, avec la persistance de l’inflation constatée sur leurs principales matières premières et consommables et qui se poursuit : malt (+50% vs 2022), gritz de maïs (+35% vs 2022), alcool bon goût (+18% vs 2022), énergies (+16% vs 2022), les sociétés brassicoles disent n’avoir « pas d’autres choix que de procéder à un réaménagement de la ristourne/épargne commerciale retenue et reversée aux détaillants ».
Cette mesure de CAPA, pourtant noble, ne semble pas faire les affaires du Syndicat national des débits de Boissons et bars du Cameroun (Syndebarcam). Son président, Hervé Nana plaide que ce soit le consommateur qui trinque, à travers une augmentation du coût de la bière sous prétexte que les prix du gaz domestique, du carburant, du transport,…ont été revus à la hausse. «En mai 2022, nous avons écrit au ministère du Commerce et au Premier ministère pour demander une augmentation du prix de la bière », révèle Hervé Nana.
Ces ajustements annoncés impacteront sur les ristournes payables à partir de janvier 2024. Dans une interview accordée à Investir au Cameroun le 30 septembre, le président de CAPA Austin Ufomba (Directeur de l’Union des Brasseries du Cameroun) précise qu’il « n’est nulle question pour nous d’augmenter nos bénéfices au détriment de nos partenaires. »
Didier Ndengue
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