Si la mobilisation remarquée des artistes musiciens, interprètes, danseurs et accompagnateurs aux obsèques est saluée, l’absence des artistes « confirmés » est fortement critiquée. « Nous les artistes interprètes, avons l’impression que chaque fois qu’un de nos illustres collègues tombe, nous d’en bas entre guillemets, on se bouge, on cotise, on contribue, on donne de nos personnes, etc. Mais dès lors qu’il s’agit d’un instrumentiste, d’un choriste, ces gens-là on ne les voit pas beaucoup : la preuve vous êtes là, ils ne sont pas là », s’indigne Richard Eboa.
Mobilisation des confrères de Bruno Chu à la morgue de l'hôpital de district de Bonassama, le 9 mars 2023. Photo: LPA
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Cameroun : les artistes « gombistes » poussent un cri de détresse

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Se sentant abandonnés dans le malheur, ils ont profité des obsèques de l’un des leurs pour faire leur plaidoyer.

Il est exactement 14h11 minutes ce jeudi 9 mars 2023 à la morgue de l’hôpital de district de Bonassama, à Douala 4e. Le cercueil transportant le corps de Bruno Chu est placé à l’arrière d’un corbillard. L’artiste musicien, interprète et accompagnateur a été fauché le 12 février par un accident vasculaire cérébral (Avc). Il a rendu l’âme six jours plus tard à l’hôpital général de Douala. Ses collègues, communément appelés « gombistes », lui rendent un dernier hommage à travers une mobilisation tous azimuts, de la morgue jusqu’à son domicile à Ndobo. « L’artiste repose en paix», peut-on lire sur les tee-shirts qu’ils arborent. Inconsolable depuis l’annonce du décès de son confrère, le président du comité artistique d’organisation, Richard Eboa (plus connu sur le nom de Jabar) perd un artiste qui « a consacré toute sa vie, toute sa carrière au service de plusieurs artistes ». « Bruno Chu nous laisse dans la désolation parce que c’était un exemple d’humanité, un modèle de musicien, de super coopératif, disponible. C’est le genre de mec qu’on ne remplace pas. Vous voyez toute la mobilisation que les artistes ont mise à disposition de sa famille pour qu’elle ne se sente pas seule », explique le président de l’association The Music Club.

Si la mobilisation remarquée des artistes musiciens, interprètes, danseurs et accompagnateurs aux obsèques est saluée, l’absence des artistes « confirmés » est fortement critiquée. « Nous les artistes interprètes, avons l’impression que chaque fois qu’un de nos illustres collègues tombe, nous d’en bas entre guillemets, on se bouge, on cotise, on contribue, on donne de nos personnes, etc. Mais dès lors qu’il s’agit d’un instrumentiste, d’un choriste, ces gens-là on ne les voit pas beaucoup : la preuve vous êtes là, ils ne sont pas là », s’indigne Richard Eboa.

Anticiper sur l’adversité

L’un des rares artistes « confirmés » à accompagner physiquement Bruno Chu jusqu’à sa dernière demeure est Martino Ngallé. Il fustige également le manque de solidarité des musiciens de renom : «Il faut que cela change. Parce quand un artiste confirmé décède, les artistes amateurs sont là, mais le contraire ce n’est pas toujours ça. Nous interpellons ceux-là ».

Toutefois, l’on apprend que des artistes de renom comme Benji Mateke, Ben Decca, bien qu’étant absents sur le lieu du deuil, ont financièrement contribué à l’organisation des obsèques de Bruno Chu. Pendant les réunions préparatoires, ses collègues ont exprimé le vœu d’anticiper sur l’adversité. « Il faut que les artistes apprennent à se prendre en charge. Qu’on ne soit pas toujours là à solliciter de l’aide. Il est temps de nous organiser, de donner un cadre plus formel, beaucoup plus sérieux, pour que cette solidarité ne soit plus ponctuelle, mais qu’elle obéisse à un cadre bien précis », rapporte Richard Eboa.

D.N.  

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