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Cameroun : de l’opposition politique à l’hyperdiabolisation de l’Etat. Sommes-nous toujours sur le bon chemin?

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Après les photos de l’excellent pratiquant d’art martial Ngannou avec l’Armée camerounaise, j’ai pu observer les réactions de plusieurs compatriotes. Les critiques sont à la fois positives et négatives malgré une flambée de celles négatives que l’on peut comprendre au vu de la situation socio-politique du pays et certainement de la chapelle politique ou de l’affinité politique de ceux qui émettent ces critiques. Pour ma part, je suis allée chercher au-delà de l’image. Je suis allée regarder s’il y aurait à tout hasard une sortie vidéo compromettante, une prise de parole de ce dernier qui pourrait susciter tant de négativité envers sa personne mais, je n’ai rien vu. Je n’ai vu que des images. Et je me suis demandée, que serait le Cameroun sans le BIR ? Au Nord les coupeurs de routes et Boko Haram, à l’Est des braconniers et milices Seléka, au Nord -Ouest et au Sud-Ouest des groupes armées, sur la presqu’île de Bakassi, des pirates et le Nigéria qui veut récupérer cette terre. Si nous n’avons plus de BIR que deviendra le Cameroun ? Devons-nous hyperdiaboliser le corps armée national pour des exactions commises par certains ? Savons-nous ce qu’un combattant qui a appris les règles du ring peut apporter à une armée qui a besoin de penser autrement ? Qui a besoin de voir l’autre d’abord comme un compatriote, un humain et non forcément comme un adversaire ou une proie à broyer ?

Je me suis aussi demandée quelle serait notre réaction si Maurice Kamto était invité chez le BIR pour leur transmettre certaines leçons sur la loi de la guerre et la convention de Genève ainsi que ses protocoles additifs relatifs à la protection des populations civiles lors des conflits armées et à la protection des victimes des conflits armés non internationaux. Allons-nous le lyncher et se désolidariser de lui car il s’est filmé avec le BIR ?

Au final c’est quoi la politique ?

Selon le professeur Obenga : « la politique c’est aider le pays, aider le peuple, la nation (…). La politique c’est la cité. Dans la cité on ne peut pas croiser les bras, tu es de l’éducation, tu es de la santé, tu fais ton boulot de receveur des impôts, tu participes à la gestion saine de l’Etat au bénéfice de la majorité. C’est ça la politique. A ne pas limiter uniquement à des postes politiques et de prestiges (…). L’Afrique croit que la politique n’est faite que par les hommes qui ont des postes politiques or tout le monde doit bâtir la cité quel que soit la position sociale ou le poste que tu occupes ». Donc dire : « je ne fais pas la politique » lorsque l’on a hissé haut le drapeau de son pays et que l’on a ouvert une ONG pour aider les plus jeunes, c’est juste ne pas savoir ce qu’est la politique.

Lire aussi: Comme avec Pascal Siakam, ils veulent torpiller le patriotisme de Francis Ngannou

A travers cette définition, tu comprends que même sans le vouloir, tu fais la politique mais vraiment pour l’exercer, il faut être un bâtisseur, une personne intègre dans la tâche qui t’es confiée. Alors Ngannou a-t-il demandé aux jeunes du BIR de commettre encore plus d’exactions à l’Extrême-Nord ou au NOSO ? Savons-nous ce qu’ils se sont dit là-bas? Où se trouve vraiment son pêché ?

Que dire de nos Amis Politiques (AP) qui travaillent dans des corps administratifs de l’Etat ? Ceux qui sont à la justice ? Doivent-ils arrêter de travailler car la justice est corrompue ? Car les gens sont injustement laissés en prison sans véritable jugement ? Ceux qui sont professeurs des universités, doivent-ils arrêter de dispenser leurs cours car notre système éducatif forme les chômeurs ? Nous avons commencé à faire de la politique mais aujourd’hui nous sombrons dans l’hyperdiabolisation de l’Etat. Une voie que je refuse d’emprunter. On dirait à la limite que pour que nous survivons, il faut que tout soit mauvais, c’est une incongruité.

Rappelons-nous qu’au sein de la diaspora, il y a encore un avenir, des protections politiques, une éducation, un travail. En diabolisant l’Etat, ceux qui sont au Cameroun, quel autre avenir leur est réservé si ce n’est se forger une activité économique autonome ? Allons-nous demander à tous les opposants politiques de démissionner de leur fonction, puisque tout est mauvais et de compromettre leur avenir puisque même l’alternative peut arriver dans 10 ans, vue la manière dont les choses vont ?

Nous savons que beaucoup trop est à revoir dans notre pays, les maux nous les comptons par milliers cependant certains réussissent à se frayer des chemins et essaient d’être de bons politiciens. De servir le peuple et de bâtir. Voulons-nous avoir un Etat fait de bâtisseurs ou de rêveurs qui attendent un monde idéal qui n’arrivera certainement pas à la mesure de leurs attentes ?

Remettons-nous en question et ayons un regard plus intelligent. Le dikta idéologique que nous adoptons ne fait pas de nous de meilleures personnes que ceux que l’on critique. C’est avec les Camerounais de tout bord que nous voulons construire une meilleure société. Sachons les conquérir, il y a une différence entre la politique et la révolution anti-nationale, la première fédère, la seconde rompt complètement les liens. Faites-vous vraiment de la politique?

Dolly Afoumba

 

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