Par la voie de James Mouangue Kobila, président par intérim, la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés (CNDHL) a publié son rapport sur les attaques terroristes de Mbengwi, Matazem et Mozogo survenues respectivement les 6, 8 et 9 janvier 2021 et sur les exactions perpétrées à Mautu, le 10 janvier 2021.
Enquête
Dans un document de 4 pages publié le 14 janvier et dont nous avons eu copie, la commission déclare avoir mené des investigations préliminaires grâce à ses antennes régionales pour le Nord-ouest, le Sud-ouest, Ouest et l’Extrême-Nord au sujet de ces attaques, ceci conformément aux dispositions de la loi numéro 2004/016 du 22 juillet 2004 portant création , organisation et fonctionnement de cette institution. De cette enquête, il résulte que l’attaque de Mbengwi a été causée par de engins improvisés, notamment des grosses bombonnes à gaz de forte puissance.
À Matazem, les forces de défense et de sécurité ont été prises d’assaut par des tirs des séparatistes terroristes et à Mozago, un kamikaze a actionné des engins explosifs.
Rappel des faits
Toujours selon le communiqué y relatif, le 06 janvier 2021, le cortège du préfet du département de la Momo, Benoît Nicaise Etaba Fouda, aux environs d’1h du matin, à 15 kilomètres de la ville de Mbengwi, chef-lieu du département de la Momo dans la région du Nord-ouest a été victime d’une attaque qui fait 5 morts dont 4 éléments des forces de défense et de sécurité et un civil; la nommé Liwusi Rébecca Jeme, déléguée départementale de la communication de la Momo.
À l’Ouest, le poste de contrôle mixte de la gendarmerie et de la police de Matazem non loin de Babadjou, localité située à cheval entre les régions du Nord-ouest et l’Ouest aux environs de 6h du matin, a été la cible des groupes armés terroristes, le 08 janvier 2021.le bilan faisait état 5 morts dont 4 gendarmes, un officier de police et de nombreux blessés transportés à l’hôpital de district de Mbouda.
Enfin, la CNDHL, tout en dressant le bilan de l’attentat terroriste de village Mozogo dans la région de l’Extrême-nord, survenu vers minuit, soit 13 morts sur place et deux blessés transférés à l’hôpital adventiste de Koza , n’a pas omis les assassinats perpétrés selon le mode opératoire des séparatistes armés signalés dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest entre le 1er et le 9 janvier 2021. À Ndop dans le département du Ngoketunjia, région du Nord-Ouest, un civil a été tué. A Ndian dans le Sud-Ouest, un responsable de l’entreprise PAMOL Estate a été abattu. Les parties de son corps retrouvées en bordure de route et la liste est loin d’être exhaustive.
Droits de l’homme
Ces attaques des terroristes sécessionnistes et de Boko Haram contre les autorités administratives, les forces défense et de sécurité et des populations civiles, constituent de graves violations des droits de l’homme, notamment du droit à la vie, du droit à l’intégrité physique et morale, du droit à la sécurité, du droit de propriété ainsi que du droit à l’éducation ; droits reconnus et protégés par la constitution du Cameroun ainsi que par les instruments régionaux et internationaux de droits de l’homme.
Prise de position
Considérant la résolution 1566 du 8 octobre 2004 du Conseil de sécurité de l’organisation des Nations unies qui stipule que : » condamne avec la plus grande énergie tous les actes terroristes (…) quels qu’en soient les motifs, où ils soient commis et quels qu’en soient les auteurs » et au regard du lourd bilan de ces attaques ignobles et barbares, la commission nationale des droits de l’homme et des libertés condamne avec la dernière énergie les massacres de ce mois de janvier 2021 au Cameroun. L’institution adresse par ailleurs ses condoléances émues aux familles des victimes, se dit consternée par l’acharnement des sécessionnistes et de Boko Haram à multiplier des actes criminels dans le Nord-ouest, le Sud-ouest et l’Extrême-nord aux lendemains des élections régionales du 06 décembre 2020.
Tout en conviant les autorités à poursuivre les enquêtes ouvertes suite à cette série d’attaques, la commission demande aux bandes armées de renoncer à leur projet terroriste et indépendantiste et à saisir la main tendue des pouvoirs publics en intégrant les centres de désarmement, de démobilisation et de réintégration.
Enfin, la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés encourage les populations à collaborer pleinement avec les forces de défense et de sécurité pour préserver l’intégrité territoriale et protéger les personnes et les biens.
Un condensé de Yves Sandjo
Chiffres clés
En 2020, la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés a enregistré 927 requêtes, 566 ont été traités. 1010 correspondances ont été adressées ( à 363 autorités administratives, 344 particuliers, 263 organisations de la société civile, 40 entreprises); 510 organisations de la société civile sont affiliées à la CNDHL; 8 communiqués ont été publiés par la commission à l’issue des réunions de coordination mensuelle des présidents et rapporteurs de sous-commissions; 6 descentes d’investigation dans les prisons ont été organisées et un observatoire des libertés publiques au Cameroun a été créé en octobre 2020.
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