By En dehors des couleurs et du design qui changent et l’apparition de toutes les langues officielles des pays utilisateurs, la nouvelle gamme de billets de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale annoncée pour le 15 décembre 2022 ne pèse pas lourd.
Dès le 15 décembre prochain, une nouvelle gamme de billets de franc CFA sera en circulation dans les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Les images et les particularités des nouvelles coupures ont été dévoilées par la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) le 22 novembre 2022 à Ndjamena, au Tchad. C’était à l’ouverture du symposium sur « la résilience des économies de la Cemac à l’aune des réformes monétaires et financières », organisé dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l’institut d’émission.
« La nouvelle gamme de billets Beac type 2020 sera mise en circulation à partir du 15 décembre prochain. Cette nouvelle gamme sera composée des cinq coupures suivantes : 500 FCFA, 1000 FCFA, 2000 FCFA, 5000 FCFA et 10 000 FCFA. Cette nouvelle gamme de billets plus compacte, plus moderne et mieux sécurisée, consacre le principe d’homogénéité des signes monétaires et l’intégration sous-régionale au recto et toutes les dénominations, et valorise à travers ses iconographies au verso et toutes les dénominations, tous les vecteurs de l’émergence de la Cemac, que sont l’éducation, la santé et l’agriculture moderne, ainsi que les thématiques sociétales de l’heure, qui sont la protection de l’environnement et la place de la femme dans la société. Elle met en exergue les langues officielles des pays de la Cemac que sont le français, l’anglais, l’arabe et l’espagnol, en les déclinant dans l’inscription Banque des États de l’Afrique centrale et dans la valeur faciale des billets », a détaillé le gouverneur de la Beac Abbas Mahamat Tolli.
Dix ans de laxisme
Destinée aux six pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale), la nouvelle gamme a accusé un retard de dix ans dans sa mise en circulation. « L’espérance de vie d’un billet est de dix ans. Le signe qui entre sur le marché devait y être depuis 2012. Le dernier signe date de 2002. Cette opération est une opération de rattrapage d’une pratique en zone monétaire qui n’a pas eu lieu presque dix ans plutôt », explique l’économiste camerounais Jean-Marie Biada. L’expert financier précise que l’arrivée des nouveaux billets de banque en zone Cemac permettra de « lutter contre les contrefacteurs ».
Ces nouvelles coupures « permettront de rendre la tâche quasi-impossible aux contrefacteurs de faire la monnaie et injecter cette fausse monnaie dans le circuit pour perturber les calculs de la masse monétaire. C’est une façon également de pouvoir sécuriser ce signe monétaire là en estimant qu’au bout de dix ans, ces signes sont fatigués, ce n’est plus assez affriolant, très peu de consommateurs seraient disposés à accepter de prendre cette monnaie », soutient Jean-Marie Biada.
Franc CFA contre franc CFA
Au moment où la Beac s’apprête à mettre en circulation sa nouvelle gamme de billets, la valeur de sa monnaie reste inférieure à celle de plusieurs autres blocs régionaux. A titre d’illustration, le franc CFA Afrique de l’Ouest a plus de valeur que le franc CFA de la Cemac.
Une supériorité due « simplement à la dynamique économique enregistrée dans ce pan du continent. C’est dû au fait que c’est un bloc régional qui produit plus que nous. Quand vous produisez plus, il y a une dynamique monétaire qui se crée. C’est une économie suffisamment dynamique qui a fini par faire en sorte que la valeur intrinsèque de leur monnaie est passablement supérieure à notre monnaie ici en Afrique centrale », précise Jean-Marie Biada.
La contre-valeur est défavorable à la Cemac, non seulement parce que ses États membres produisent moins, mais également parce que l’intégration dans la région n’est pas encore une réalité. « Les multiples entraves qui se dressent et ne permettent pas la libre circulation des personnes physiques, de la monnaie, des marchandises et des services, sont également des facteurs majeures qui peuvent justifier le fait que notre monnaie soit inférieure au franc CFA Afrique de l’Ouest », conclut l’économiste camerounais.
Didier Ndengue
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