L’engouement autour de la ZLECAF est de loin le plus important jamais observé à l’endroit d’une convention internationale. Trois ans après la signature de cet accord, ce sont 54 pays africains qui ont signé le texte pour une quarantaine de ratifications. Une bonne nouvelle paraît-il! Pourtant la réussite du plus grand marché unique au monde n’est pas assurée. Aussi longtemps que le protocole de libre circulation des biens, des personnes et le droit d’établissement ne seront ratifiés, rien n’est gagné a-t-on appris au cours de la conférence de presse ce jeudi.
L’Afrique est en train d’atteler la charrue avant les bœufs. C’est ce qui ressort de la conférence de presse donnée par Minata Samate Cessouma, la commissaire Santé, affaires humanitaires et développement social. En cause, l’absence du protocole de libre circulation des biens, des personnes et le droit d’établissement jusque-là ratifié par quatre pays.
Le défaut de ce texte constitue un frein à une réelle implémentation du plus grand marché unique au monde. C’est le socle sur lequel la ZLECAF est supposée reposer. Car comment expliquer que l’Afrique s’industrialise sans la possibilité de circuler à travers le continent pour écouler la production, sans la levée des barrières douanières. Là-dessus précisons que seulement quatre pays ont ratifié le texte, tandis qu’une trentaine l’a signé. Une dizaine de ratifications sont attendues avant l’entrée en application de la loi.
Pour rappel les premières évocations du protocole de libre circulation des biens, des personnes et le droit d’établissement, remontent aux textes constitutifs de l’Union Africaine. A l’époque déjà les pères fondateurs espéraient un partage des travailleurs de part et d’autre des pays africains, une intégration rapide pour le continent. Soixante ans plus tard les barrières érigées par la souveraineté nationale des États et des intérêts divergents n’ont pas permis d’atteindre cet objectif.
Pourtant Minata Samate Cessouma est certaine pour sa part que si nous voulons atteindre cette Afrique intégrée, sécurisée, où il fait bon vivre, il est indispensable de commencer par la libre circulation des biens et des personnes. A ce propos la commissaire Santé, affaires humanitaires et développement social, prenant en compte les défis sécuritaires liés au terrorisme entre autres, suggère d’initier la libre circulation par les hommes d’affaires pour permettre un meilleur décollage à la ZLECAF.
Un important manque à gagner
Alors que quatre pays seulement ont ratifié le protocole de libre circulation des biens, des personnes et le droit d’établissement, les autres campent derrière des motifs fondés d’un point de vue inexpérimenté. Il s’agit entre autres, des recettes financières échues des visas, titre de séjour, argent qui compte pour de nombreux pays et qu’on se refuse à laisser. Hors à ce titre une étude récente commandée par l’Union Africaine a démontré que l’entrée sur le territoire d’un citoyen africain rapporte plus d’argent au pays d’accueil et cela indépendamment des droits d’entrée et de séjour.
La ZLECAF pourrait connaître une réussite en dents de scie
De facto la réussite de la ZLECAF tient du niveau d’intégration du continent, mais aussi du niveau d’intégration sous régionale. Ceci dit la CEDEAO, sous-région la plus intégrée en Afrique, devrait tirer un meilleur parti de la zone de libre-échange du continent africain. Suivi par la SADC.
Tout compte fait, l’urgence d’une prise de décisions courageuses s’impose aux Etats du continent alors que le monde, lors de la COVID 19, a témoigné une moindre considération à l’Afrique. A ce propos Samate Cessouma conclut que « nous n’avons pas le choix, nous sommes obligés de nous unir » pour accoucher l’Afrique que nous voulons.
Onesiphore NEMBE pour Afrique Progrès Magazine
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