Si le verdict était aussi facile après concertation avec le ministre de la Santé publique, Ester Bell n’aurait pas brandi, quelques jours auparavant, un carnet de visite prénatale en mondovision. Dans ces vidéos devenues virales sur les réseaux sociaux, la victime tente de démontrer, qu’on lui a volé son bébé. Mort ou vivant, on ne lui a pas donné l’occasion de connaître le sexe de son rejeton.
Le ministre de la Santé publique Dr Manaouda Malachie, Ester Bell et quelques membres de sa famille, le 06 avril 2023 à l'hôpital Laquintinie de Douala.
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Vol de bébé : pilule amère à avaler

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Si le verdict était aussi facile après concertation avec le ministre de la Santé publique, Ester Bell n’aurait pas brandi, quelques jours auparavant, un carnet de visite prénatale en mondovision. Dans ces vidéos devenues virales sur les réseaux sociaux, la victime tente de démontrer, qu’on lui a volé son bébé. Mort ou vivant, on ne lui a pas donné l’occasion de connaître le sexe de son rejeton. En larmes, la jeune femme affirme qu’elle était enceinte de 8 mois. Sauf si elle veut nous laisser croire, à travers sa sortie d’hier, qu’elle ne sait plus compter les mois, ni son cycle menstruel.

Comment le ministre Dr Manaouda Malachie et ses collaborateurs se sont-ils pris pendant le huis clos de plusieurs heures pour que la victime et son avocat se rétractent aussi facilement ? Après la réunion avec les autorités administratives, la maman du bébé a déclaré : « Je sors ayant fait mon deuil parce que je sais ce qu’est devenu le fœtus en question. Je ne peux que rendre gloire à Dieu et m’arrêter là. Je dis infiniment merci à tout le staff et à l’administration ». La pilule est trop amère pour être avalée après cette déclaration.

La douleur d’Ester était contagieuse avant l’arrivée du patron de la santé publique dans la ville de Douala. Mais son retournement de veste ne l’est pas. Toutes les femmes, sans aucun calcul, se sont senties blessées dans leur chair par ce qu’elle a vécu. Si la victime s’est sentie obligée de faire un rétropédalage, l’opinion reste perplexe, surtout après les deux premiers communiqués contradictoires du directeur de l’hôpital Laquintinie, Pr Noël Emmanuel Essomba.

Mouroirs ?

La plaie reste vive. Seul un pansement sérieux pourrait la cicatriser. Les mesures cosmétiques, amplifiées par une certaine presse, ne vont que la creuser davantage. Ce qui ouvre une voie au pourrissement. Certes, Ester Bell dit avoir déjà fait son deuil. En état de faiblesse, il était évident qu’elle accepte la défaite. On ne fait pas le bras-de-fer avec les autorités, de peur de laisser des plumes.

Mais nous obliger à tourner la page aussi facilement, c’est nous contraindre à accepter que les formations hospitalières de notre pays peuvent se transformer en mouroirs à n’importe quel moment. C’est absurde. Les Camerounais ne lorgnent pas tous des postes dans l’administration ou des largesses de quiconque pour caresser les auteurs des négligences médicales dans le sens du poil. En plus, au moment où nous nous acheminons vers l’instauration de la couverture « santé universelle » que nous appelons de tous nos vœux, ceux qui dirigent nos hôpitaux doivent faire preuve d’humanisme. Ils ne devront plus seulement se contenter d’annoncer des mesures à grand renfort de publicité, après chaque scandale. Il faut activer la culture d’anticipation. Le scandale doit être une exception et non une norme.

Avant d’annoncer le renforcement des caméras, il faut déjà évaluer les mesures prises après les drames de Monique Koumatekel, Vanessa Tchatchou et bien d’autres. Excepté ceux qui défendent leur beefsteak, le peuple veut se soigner dans des hôpitaux humanisés. Même si les ministres se font soigner à l’étranger.

Didier Ndengue  

 

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