Dans la tribune ci-dessous parvenue à notre rédaction ce vendredi 21 février 2025, Daniel Abdoul Aziz Konaté, coordinateur national inter-régions de la Jeunesse présidentielle dans le Littoral et le Sud-ouest, cite quelques exemples sur lesquels le Cameroun pourrait s’appuyer pour prendre son envol.
Le Cameroun, marqué par des fractures sociales profondes, une unité nationale fragile et une crise de valeurs culturelles et spirituelles, traverse une période critique. Toutefois, ces défis ne doivent pas justifier la destruction des acquis historiques, ni la résurgence de divisions héritées d’un passé colonial et postcolonial douloureux. La lucidité et la responsabilité collective des acteurs politiques et civils sont essentielles pour construire un avenir apaisé. Inspirons-nous d’exemples internationaux et proposons des solutions concrètes.
Grâce à une gouvernance transparente de ses diamants (via un partenariat public-privé avec De Beers), le Botswana a évité la « malédiction des ressources« . Son PIB par habitant est passé de 70 USD en 1966 à plus de 7 000 USD aujourd’hui.
Entre 2003 et 2012, des réformes drastiques (simplification administrative, salaires élevés pour les fonctionnaires, suppression de 16 ministères) ont fait passer le pays de la 130ᵉ à la 45ᵉ place dans l’indice de perception de la corruption selon Transparency International.
Après la chute de Suharto (1998), le pays a décentralisé le pouvoir, instauré des élections libres, et diversifié son économie (tourisme, industrie numérique). Le taux de pauvreté est passé de 24 % en 1998 à 9,4 % en 2023.
Ainsi, afin de restaurer la confiance et l’inclusion nous devrions améliorer les points ci-après :
Décentralisation effective : Accorder plus d’autonomie aux régions, notamment dans la gestion des conflits anglophones. Réviser la constitution pour instaurer un système fédéral ou régional équilibré.
Lutte contre la corruption : Créer une agence indépendante anti-corruption (comme en Géorgie), dotée de pouvoirs judiciaires et soutenue par des campagnes de sensibilisation citoyenne, durcir le code pénal sur les crimes économiques.
Dialogue national inclusif : Organiser des assises avec les partis politiques, la société civile, les chefs traditionnels et les diasporas, sur le modèle des États Généraux.
Diversification et innovation
Exploitation transparente des ressources: Adopter le modèle botswanais pour les secteurs pétrolier, minier et agricole (contrats publics accessibles en ligne, redevances équitables aux communautés locales).
Diversification industrielle: Investir dans les filières agroalimentaires, les énergies renouvelables et le numérique, en s’appuyant sur des partenariats public-privé.
Soutien aux PME : Simplifier les procédures administratives, créer des fonds de garantie pour les jeunes entrepreneurs, faciliter l’accès à la terre et favoriser l’émergence et la production des produits made in Cameroun en allégeant considérablement les taxes fiscales et douanières nécessaires à une compétitivité avantageuse pour les entrepreneurs locaux.
Solutions Sociales : Éducation et unité culturelle
Réforme éducative : Intégrer l’enseignement des langues locales et de l’histoire nationale inclusive, tout en développant des formations techniques adaptées aux besoins du marché.
Promotion d’une identité commune : Lancer des campagnes médiatiques célébrant la diversité culturelle camerounaise (festivals, émissions TV/radio multilingues) et valoriser les symboles d’unité (sport, musique), repenser notre sofpower.
Santé et emploi des jeunes : Construire des centres de santé ruraux et urbains accessibles, et lancer un programme national de service civique rémunéré pour les 18-25 ans.
Conclusion : Un avenir ancré dans l’audace collective
Le Cameroun possède des atouts majeurs, une jeunesse dynamique, des ressources naturelles abondantes et une position géostratégique. En capitalisant sur ces forces, en s’inspirant des succès internationaux et en évitant les pièges du passé, le pays peut redevenir un phare de l’Afrique centrale. Comme l’a montré l’Indonésie, la transition demande du temps, mais elle est possible si les élites politiques, les citoyens et la diaspora unissent leurs efforts. La « majorité silencieuse » des 90 % mérite un projet commun où chaque Camerounais se reconnaît et contribue.
« Le développement est un état d’esprit » (Mwai Kibaki). Le Cameroun doit choisir ce nouvel état d’esprit : lucide, inclusif et résolument tourné vers l’avenir.
Comments