En pleine crise du coronavirus, le top management de l’opérateur de téléphonie mobile du milliardaire Camerounais Baba Ahmadou Danpullo se sépare des employés qui réclament le dialogue et le respect du code de travail « pour faute lourde ».
Il est 14h30 ce mercredi 17 juin 2020. Deux pickups des forces de l’ordre sont stationnés devant la direction générale de Nexttel à Akwa. Pas l’ombre d’un gréviste dans les parages. En plus des agents de sécurité, les deux principales entrées et sorties de l’immeuble abritant les services de l’opérateur de téléphonie mobile privé camerounais sont surveillées de près par la police.
La veille, l’ambiance promettait pourtant un arrangement entre les grévistes et leur employeur. Hier mardi, les deux parties se sont regardées les yeux dans les yeux au cours de la réunion présidée pendant près de deux heures d’horloge par le préfet du département du Wouri. Trois principales résolutions y ont été prises. Notamment le « non licenciement des grévistes (un engagement pris par Nexttel), instauration d’un dialogue dès ce jour (mercredi 17 juin, ndlr) de l’employeur avec le syndicat, et la reprise du travail des syndiqués grévistes », rapporte un participant.
Ces engagements ont été foulés au pied au sortir de la rencontre par l’employeur, qui, en lieu et place d’un retour au calme, a plutôt servi des lettres de licenciement à une cinquantaine de grévistes de l’entreprise sur l’assemble du triangle national. Ceux de Douala ont reçu leurs lettres sur la chaussée.
« Or, durant la concertation avec le préfet hier, engagement avait été pris par l’employeur de ne licencier personne et d’initier un dialogue avec le syndicat avec réintégration du personnel au bureau ce jour », se souvient le porte-parole des grévistes.
« Licenciement pour faute lourde »
Ahmadou Maliki, le directeur des ressources humaines de Nexttel qui consigne les lettres de « licenciement pour faute lourde » n’a malheureusement pas tenu à sa parole. Comme le directeur général, Haman Oumar, le directeur des ressources humaines dit avoir été surpris par le mouvement d’humeur. « Le temps pour l’entreprise de se préparer pour mieux organiser le cadre dans lequel devait se faire les discussions, surprise a été grande de recevoir le 10/06/2020 de votre syndicat un avis de grève illimité qui prendrait effet dès le lendemain 11/06/2020 », expliquent-ils dans les lettres de licenciement.
« Le préavis de grève a été déposé le 22 mai et l’avis de grève le 10 juin 2020. Dans cet intervalle de temps, à aucun moment l’employeur ne s’est montré disposé à engager un quelconque dialogue. Ne se présentant pas aux trois convocations de l’inspection du travail. Or, le code du travail en prévoit deux », rétorque le porte-parole des grévistes.
Didier Ndengue
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