Dans cette nouvelle chronique, Daniel Abdoul Aziz Konaté pense que suspendre une agence de voyage touristique est une « décision excessive sans mesures compensatoires suffisantes ».
Depuis plusieurs années, le secteur du transport au Cameroun est régulièrement secoué par des accidents tragiques sur les routes, causant la perte de nombreuses vies humaines. Dans le but de mieux encadrer cette problématique, le ministère des Transports a pris des mesures telles que la suspension temporaire des agences de voyage touristique en cas de fautes graves. Cependant, la récente suspension de l’agence Express, seulement trois mois après la levée d’une suspension précédente pour des faits similaires, soulève de sérieuses interrogations.
Il convient tout d’abord de rappeler que la suspension d’une agence de voyage touristique est une mesure exceptionnelle qui a pour but de protéger la vie des usagers et d’assurer une meilleure sécurité routière. Dans le cas de l’agence Express, des griefs avaient été retenus et des recommandations avaient été émises par la tutelle, notamment la mise en place de caméras embarquées dans la flotte de l’agence, le recyclage du personnel navigant, la réévaluation salariale et l’affiliation du personnel à la CNPS.
Ces mesures étaient nécessaires pour garantir une meilleure qualité de service et réduire les risques d’accidents. Cependant, il est important de souligner que d’autres acteurs doivent également être convoqués dans cette affaire, tels que le ministère des Travaux publics. En effet, ce dernier a une part de responsabilité indéniable dans la multiplication des accidents de la route, en raison de la dégradation des chaussées et du manque d’entretien du réseau routier existant.
La question qui se pose alors est la suivante : pourquoi ne pas coordonner les actions entre les deux entités pour atteindre l’objectif commun de zéro accident sur nos routes ?
Il est regrettable de constater que les mesures destinées à assurer la sécurité des usagers ne sont mises en place qu’après les tragédies, plutôt qu’en amont pour prévenir de tels événements. La suspension d’une agence de voyage touristique ne devrait pas seulement être perçue comme une punition, mais plutôt comme une opportunité de corriger les lacunes existantes et d’améliorer la qualité des services offerts.
Il est donc nécessaire que le ministère des Transports et le ministère des Travaux publics travaillent conjointement, en adoptant une approche proactive plutôt que réactive. Des inspections régulières des infrastructures routières, la réparation rapide des routes endommagées, la mise en place de mesures préventives dans les agences de voyage touristique, sont autant d’actions qui devraient être réalisées de manière concertée.
Il est également essentiel que des formations continues soient dispensées aux chauffeurs et au personnel navigant, afin de garantir leur mise à jour en matière de sécurité routière. La réévaluation salariale et l’affiliation du personnel à la CNPS doivent également être considérées comme des mesures indissociables d’une meilleure sécurité routière.
Il est temps de mettre un terme à cette succession tragique d’accidents sur nos routes. La suspension d’une agence de voyage touristique ne doit pas être une décision isolée, mais plutôt une étape dans un processus global de prévention et d’amélioration. Pour cela, une collaboration étroite entre le ministère des Transports et le ministère des Travaux publics est indispensable, afin de mettre en place un cadre réglementaire solide et d’assurer la sécurité de tous les usagers de la route au Cameroun.
Daniel Abdoul Aziz Konaté, Société civile
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