Située derrière le Collège de la Salle, au quartier Akwa à Douala, la jeune femme subvient à ses besoins grâce au commerce de ce plat traditionnel originaire des régions anglophones du Cameroun.
Battante et persévérante. Ces deux mots qualifient aisément Suzanne Ngwa. Assise sur une chaise en plastique de couleur blanche derrière son comptoir, ce lundi 8 avril 2024, la vendeuse de Eru (mélange de légumes l’okok et le water leaf) attend ses premiers clients de la journée. Elle arbore un t-shirt noir et un pantalon rouge et une bandoulière noire drapée sur son épaule droite. Son comptoir est équipé d’un parasol rouge pour protéger sa marchandise contre le soleil et la poussière. On y aperçoit également deux glacières marron: la plus grande contient le « Eru » et la plus petite du « water fufu ». Une gamelle transparente contenant du couscous tapioca est également présente sur les lieux. Juste à côté, des ustensiles de cuisine (plats cassables, assiettes creuses en inox, gobelets en plastique, carafes, cuillères et fourchettes) sont soigneusement classés.
Suzanne Ngwa lance cette activité en janvier 2024. Motivée par son frère aîné qui lui propose un espace commercial ici à Akwa. La restauratrice saisit l’opportunité et lance sans tarder son business de nourriture. Elle investit quotidiennement 10 000 FCFA dans l’achat des ingrédients de cuisine et réalise un bénéfice journalier de 5000 FCFA.
Mère célibataire, elle se dit satisfaite de son nouveau travail. « J’aime préparer la nourriture, j’aime ce que je fais. C’est ma passion », se réjouit-elle.
Après s’être régalé, l’un de ses clients témoigne : « Mami Eru prépare très bien. Son Eru est très délicieux. Je peux le consommer de lundi à dimanche sans difficulté ».
Elle revient de loin…
Affectueusement surnommée « Mami Eru » par ses clients, Susanne Ngwa est née le 16 juin 1991 à Kumba, dans la région du Sud-Ouest du Cameroun. Benjamine d’une fratrie de sept enfants (quatre filles et trois garçons). C’est à six ans qu’elle découvre le chemin de l’école dans sa ville natale. Après l’obtention de son CEP (First School Leaving Certificate), Susanne déménage à Douala pour poursuivre ses études secondaires. En 2004 elle intègre le collège Tonji au quartier Mambanda, situé à Bonabéri à Douala 4ème, allant de la première à la quatrième année. Faute de moyens, elle interrompt finalement ses études en 2008 pour se lancer dans la vie active.
Expériences
Susanne Ngwa va apprendre la coiffure pendant deux ans dans un institut de beauté à Bonamoussadi (Douala 5e). Après cette formation, elle ouvre son propre salon de coiffure qui lui permet de gagner un peu d’argent pour subvenir à ses besoins. Mais la situation n’étant pas toujours facile, la jeune femme retourne dans sa ville de naissance en 2015. Elle sera chassée de la terre de ses aïeux par les séparatistes qui sèment émoi et désolation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays depuis fin 2016.
De retour dans la capitale économique, elle travaille comme ménagère à Bonapriso puis à Logpom. Le salaire de catéchiste qu’elle gagne ne lui permet pas de subvenir à ses besoins. Après plusieurs tentatives infructueuses dans divers emplois temporaires, elle rejoint sa sœur dans un restaurant à Akwa. N’ayant plus de moyens pour payer le loyer, les deux sœurs vont rendre le tablier.
Après un bref séjour dans une boutique à Bonabéri, non loin de l’agence Express Voyages, la trentenaire se stabilise progressivement grâce à son petit commerce de « Eru » dont les bénéfices lui permettent de régler les factures de loyers et de prendre soin de ses deux enfants.
Arielle Iris Ngo Bikoï, stagiaire
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