Les données d’une enquête réalisée pendant neuf mois sur le financement des projets agricoles portés par les femmes camerounaises font froid dans le dos. Les résultats ont été présentés le 15 février 2022 à Douala.
Qui s’engraisse avec les fonds destinés au financement des projets agricoles dans la région du Centre ? Les résultats de l’enquête menée pendant neuf mois dans cette contrée du pays par Assongmo Necdem, Ghislaine Deudjui, Emmanuel Batake ne répond pas à cette question. En 2021, les trois journalistes ont sillonné plusieurs villes de la région pour savoir comment les projets agricoles portés par des femmes y sont financés et implémentés. Sur les dix régions du Cameroun, le Centre reçoit le plus grand nombre de projets et programmes agricoles. Sur la période allant de 2010 à 2020, cette région a bénéficié de 48 sur 122 projets.
Sur la même période, sur 122 projets sur l’ensemble du territoire national, seuls 36, 7% soit 41 d’entre eux, prennent en compte les préoccupations et les spécificités des hommes et des femmes lors de leur conception. «Les 64,3% restants (soit 71 projets et programmes) restent non sensibles au genre», rapporte l’enquête. Entre 2010 et 2021, l’enquête collaboratrice révèle que 1369,3 milliards FCFA ont été mobilisés pour 58 projets. 706,77 milliards, soit 52 % de ces financements, sont orientés vers des projets qui n’ont pas été conçus en tenant compte des contraintes rencontrées par les femmes, regrette les journalistes. A en croire les résultats de l’enquête, environ 61% de ces financements sont orientés vers le suivi et l’accompagnement des cultures de rente (cacao, café, fruits), soit 841,97 milliards FCFA.
Dans la plupart des localités agricoles du Cameroun, lit-on, la culture de rente est fortement détenue par des hommes. C’est le cas dans le département du Moungo où les femmes représentent seulement 11,46% des 7254 producteurs de café et de cacao. Pire, il manque une lisibilité sur l’exécution de ces nombreux projets financés par des bailleurs de fonds internationaux et les pouvoirs publics.
Simon Ken
Comments