En cette saison des pluies, la capitale économique camerounaise est inondée de moto-parasols. Ces conducteurs tirent profit de ces accessoires.
6h. C’est à cette tranche horaire que Bikakeu commence son activité tous les matins. Il habite le quartier Nkoulou-loun, dans l’arrondissement de douala 2ème. Ce conducteur de moto-taxi (benskineur) est vêtu ce vendredi 24 juin 2022, d’un pantalon jean bleu-nuit et d’un gros blouson vieilli par le coup du temps et la poussière. Au-dessus de ce blouson, il porte une chasuble de couleur vert-jaune. Aux pieds, Bikakeu chausse une paire de « tchaka » kaki qui, autrefois fut blanche. Assis sur sa moto et sous son parasol, il a les vêtements, la face et les cheveux jaunis par la poussière.
Il est 8h passé de 45 min. Bikakeu, exerçant le métier depuis 2010 est aligné sur la chaussée avec ses confrères et leurs moto-parasols. Ils vocifèrent en citant certaines destinations et appellent les clients en leur faisant des signes de la main ou en allant les chercher. «Village! Village!» « Akwa!» « Bali!» «Bonapriso!» «Shell New-Bell!» «Ndokoti!», entend-on à l’entrée du quartier Nkoulou-loun.
Pendant que d’aucuns cherchent à faire le plein, d’autres font installer sur leurs motos des parasols par leurs commerçants clandestinement installés au milieu de la route. «Le prix du parasol c’est 10 000 FCFA. Ça varie en fonction de la marque», déclare Dekada Roumar Valid, vendeur de parasol à Nkoulou-loun. Un autre de rappeler : «C’est même beaucoup plus quand il pleut qu’on vend ici. On peut avoir 8 à 10 clients par jours. Au cas contraire, ils sont 2 ou 3».
L’achat du parasol n’est pas sans avantages pour certains. Lorsqu’il pleut ces conducteurs de moto travaillent en toute quiétude. «Ça aide beaucoup. Je suis à l’abri ainsi que les clients. Avec ça, mon revenu augmente un peu car, quand il pleut, on travaille au détriment de ceux qui en sont dépourvus», se réjouit Bikakeu. Eric Bachaud se désole : «C’est utile en cette saison de pluie comme sèche. Or, lorsqu’il pleut fort, tout le monde gare. Et là parler de revenu ce n’est pas évident». Un autre conducteur déclare : «Lorsqu’il pleut parfois, les clients sont très gentils. Ils augmentent eux-mêmes le tarif d’une destination en payant plus et ça fait des entrées».
Réactions des clients
Les clients ne sont pas contre cet outil qui leur permet de sortir même quand il pleut sans être trempé. «Je préfère la moto avec parasol. Sauf que celui-ci représente tout de même un risque énorme», se lamente Divine, une passagère. Marion aussi pense de la même façon.
Ces parasols, bénéfiques pour le travail des »benskineurs » en saison des pluies, se présentent comme un danger pour la vie. «C’est un outil dangereux. C’est une source d’accident, car avec le vent, il déséquilibre le chauffeur. Il est la cause de nombreux décès en ce sens que ses bouts s’attachent sur un camion, qui vous tire jusqu’aux roues. Le fer sur lequel on les fixe peut tuer en leur perçant le ventre ou la poitrine. Le parasol peut également conduire une personne à la cécité», dénoncent de nombreux »benskineurs ».
Fadira Etonde, stagiaire
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