Régulation de la circulation à Douala : à 49 ans, Amot reçoit une décoration de la CIA
Amot brandit ses décorations de la CIA à Ndokoti à Douala
A la UneBrèvesCameroun

Régulation de la circulation à Douala : à 49 ans, Amot reçoit une décoration de la CIA

0

De gardien de la paix à  inspecteur de police principal, Stanislas Ambela Zé est l’un des meilleurs régulateurs du trafic routier de la capitale économique camerounaise.

Aux environs de 5h30 tous les matins, Stanislas Ambela Zé quitte son domicile situé au quartier Pk 14, pour se rendre à son lieu de travail habituel. Le carrefour Ndokoti. Teint noir, svelte et de taille moyenne, une petite moustache au bas de son nez lui donne une allure de cowboy. Ce 4 août 2023, il est paré de ses équipements de travail quotidien. Un casque de sécurité à large bord de couleur blanche sur sa tête et son uniforme de policier. Il arbore une chemisette bleue-ciel et un pantalon bleu-marine sur lesquels se trouvent des parements blancs. L’un, posé sur sa chemisette, est arboré par-dessus son épaule droite et en dessous de son aisselle gauche, telle une écharpe de maire. Un autre parement lui sert de ceinture à la taille de son pantalon et le reste, de bracelets sur ses poignets. Gangs blancs, matraque et radio de police en main et ses bottes aux pieds, le « médecin » de la route est bien armé pour diriger la circulation.

Marié et père de huit enfants, Stanislas Ambela Zé, affectueusement appelé « Amot » régule la circulation routière à Douala depuis 19 ans. Sous le soleil comme sous la pluie, le gardien de la paix ne ménage aucun effort pour satisfaire les automobilistes et les piétons pendant ses heures de travail. Bien qu’il soit apprécié de tous, Amot fait régulièrement face à l’incivisme des chauffeurs. Ce vendredi, nous le trouvons en pleine altercation avec un conducteur de mototaxi. « Rentres là-bas. Je t’ai demandé de rentrer et d’aller t’aligner avec les autres », ordonne-t-il à un conducteur qui tente un passage en force alors qu’il aide une femme âgée à traverser la route. La sanction est immédiate : Amot ferme le guidon de l’engin à deux roues et balance les clés dans l’usine des Boissons du Cameroun située derrière le poste de police de Ndokoti.

Il dirige la circulation avec passion. Un rêve qu’il nourrit depuis sa tendre enfance. « J’aime ce travail depuis. C’est d’ailleurs le seul métier que j’ai aimé dans la police. Le reste ne m’intéresse pas. Je le fais sans complaisance et de façon désintéressée. Je l’aime et c’est tout », dit-il.

Titulaire d’un Brevet d’études du premier cycle (Bepc) obtenu en 1993 à l’Institut d’élite de Soa à Yaoundé, Amot est le quatrième né d’une fratrie de neuf enfants aujourd’hui, dont six garçons et trois filles : « Nous étions onze enfants dont sept garçons et quatre filles. Deux sont morts. Nous sommes restés neuf ».

A ses débuts, entre 2005 et 2007, Amot est confronté à plusieurs difficultés. « J’ai eu une fracture au niveau du bras droit. Ça n’a pas été facile pour que mon bras retrouve la forme que vous voyez aujourd’hui. Hors mis cela, il y avait aussi l’incivisme grandissant des conducteurs de mototaxis qui ne respectent pas le code de la route. Les piétons qui ne savent pas marcher, ni traverser la route. Et le désordre des commerçants qui envahissent la chaussée avec leurs marchandises », se souvient-il.

Distinctions

En janvier 2023, celui qui a commencé comme gardien de la paix est promu inspecteur de police principal. Son travail est également apprécié à l’international. Il a reçu le 13 mai 2023, des distinctions de la Central Intelligence Agency (C.I.A). « J’ai reçu une plaque de police, une médaille d’or et un badge de membre de la C.I.A. Ils sont venus me remettre ici au carrefour Ndokoti. Je ne m’y attendais même pas ».

De par sa personnalité et sa rigueur, Amot occupe une place de choix dans les cœurs des Doualais. « Amot, c’est le maître des situations. Il fait très bien son travail. Quand il est à Ndokoti, il n’y a pas d’embouteillage. Il a un talent que Dieu lui a donné. Je lui tire un coup de chapeau », témoigne un commerçant du marché Ndokoti.

Le conducteur de moto-taxi Faustin Foba pense que Amot devrait terminer sa carrière au poste de commissaire. « Je le connais depuis 1999. Pour moi, c’est le meilleur policier du Cameroun. Je l’apprécie beaucoup et je prie tous les jours pour qu’il soit commissaire. C’est mon souhait le plus cher ».

Pour Senghor Tientcheu, Amot est « un monument ici à Ndokoti. Si tous les enfants le prennent pour modèle, on aura de bons policiers au Cameroun ».

Père aimant, époux attentionné, Amot fait également la fierté de sa famille. « C’est un monsieur très sympa, gentil, serein… Mon mari est doux et attentionné. Il est honnête dans tout ce qu’il fait, surtout quand il fait son travail qu’il chérit et aime tant », confie son épouse Rachelle Owono.

Si son rêve d’enfance est réalisé, une fois en retraite, Amot se voit aux chevets des enfants démunis. Il aimerait « mettre sur pied une organisation pour aider les enfants qui n’ont ni pères, ni mères car, moi aussi je suis allé de mains en mains pour être ce que je suis aujourd’hui. Je veux également me concentrer sur mon projet musical car je suis aussi musicien ».

Fadira Etonde

Afrique : le fantasme du rôle des transferts d’argent de la diaspora

Previous article

Ramassage des ordures ménagères à Douala : Hysacam lance l’opération « remontada »

Next article

You may also like

Comments

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *