Les dérives comportementales observées au sein de la société camerounaise depuis de nombreuses décennies semblent revêtir un caractère chronique.  Au-delà des faits divers récurrents qui font penser à certains, que le Cameroun s’apparenterait à « un asile psychiatrique à ciel ouvert», l’actualité qui défraie la chronique en ce moment en lien à un présumé prédateur sexuel, vient une fois de plus replacer, la problématique de LA SANTE MENTALE, au cœur des préoccupations les plus essentielles de notre société, voire LA PLUS ESSENCIELLE.
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Réflexion : la santé mentale comme axe majeur de politique publique en matière de santé au Cameroun, gage d’un développement durable à l’horizon 25/35

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Les dérives comportementales observées au sein de la société camerounaise depuis de nombreuses décennies semblent revêtir un caractère chronique.  Au-delà des faits divers récurrents qui font penser à certains, que le Cameroun s’apparenterait à « un asile psychiatrique à ciel ouvert», l’actualité qui défraie la chronique en ce moment en lien à un présumé prédateur sexuel, vient une fois de plus replacer, la problématique de LA SANTE MENTALE, au cœur des préoccupations les plus essentielles de notre société, voire LA PLUS ESSENCIELLE.

A la lecture des faits relayés (…), que ce soit du point de vue du présumé coupable (profil et mode opératoire), ou même des victimes (traumatisme, syndrome post traumatique, voir syndrome de Stockholm pour certaines), a priori tous auraient besoin d’accéder à une prise en charge psychologique ou psychiatrique (les experts nous en diront davantage).

Loin de nous toute prétention psychanalytique, nous nous attarderons brièvement sur la Santé Mentale sous le prisme des Droits Humains.

Des différents Travaux du Haut-Commissariat aux Droits de l’homme en lien avec la santé mentale, qu’il s’agisse, du ‘‘Résumé de l’issue de la consultation sur les moyens d’harmoniser les lois, politiques et pratiques relatives à la santé mentale avec les normes de la Convention relative aux droits des personnes handicapées et sur la manière de les appliquer référence A/HRC/49/29 issue de la 49e session du Conseil des Droits de l’Homme du 28 février au 1er avril 2022, ou du Rapport du Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme sur la Santé Mentale et les Droits de l’Homme A/HRC/34/32 34e session 27 février-24 mars 2017, il ressort que :

« Le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible est un droit fondamental de l’être humain, indispensable à l’exercice des autres droits de l’homme. La santé correspond à « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » Pour sa part, la santé mentale peut se définir comme un « état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté »

Dans le même temps et selon certaines estimations venant des mêmes sources, une personne sur quatre souffrirait de problèmes de santé mentale au cours de sa vie. Pourtant, près des deux tiers d’entre elles ne se font pas soigner, car l’ignorent ou sont dans le déni de toute forme de fragilité psychologique. Situation embrayant de fait sur de graves violations des droits de l’homme, notamment à des traitements inhumains et dégradants.

C’est donc conscient, de la centralité que revêt la problématique de santé mentale pour l’humanité, et par conséquent de son insidieuse létalité (lorsque mal gérée), qu’un vote à la majorité des Etats membres du Conseil des Droits de L’Homme a permis en date du 19 juin 2019,  l’adoption de la  Résolution ‘‘43/13 Santé mentale et droits de l’homme’’ https://undocs.org/fr/A/HRC/RES/43/13.

A Titre illustratif tenez-en quelques extraits :

[…]‘‘Profondément préoccupé en outre par le fait que le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes âgés de 15 à 29 ans et figure parmi les 20 premières causes de mortalité dans le monde, et conscient que, pour lutter contre les tentatives de suicide et l’automutilation, il faut adopter des stratégies de prévention et établir des services d’accompagnement qui promeuvent et respectent les droits de l’homme et combattent la stigmatisation et la discrimination’’

‘‘Conscient du rôle particulièrement important que les psychiatres et les autres professionnels de la santé mentale devraient jouer aux côtés, notamment, des institutions et services publics, des acteurs de l’appareil judiciaire, y compris le système pénitentiaire, des organisations de la société civile et des institutions nationales des droits de l’homme […]’’

‘‘Se félicitant en outre du débat sur le thème de la santé mentale et du VIH/sida dans la perspective de la promotion des droits de l’homme et de l’adoption d’une approche intégrée et axée sur la personne en vue d’améliorer l’observance des traitements antirétroviraux, le bien-être et la qualité de vie que le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida a tenu au cours du dialogue thématique qui a eu lieu à la quarante-troisième réunion de son conseil de coordination de la programmation, en décembre 2018’’

‘‘Sachant qu’il existe une corrélation entre la santé mentale et le VIH et que les formes multiples et aggravées de discrimination, la stigmatisation, la violence et la maltraitance auxquelles font souvent face les personnes qui vivent ou sont présumées vivre avec le VIH ou le sida, celles qui sont touchées par le virus ou la maladie et celles qui font partie des populations clefs ont des répercussions négatives sur la jouissance, par ces personnes, du meilleur état de santé mentale possible[…] ‘‘ ,

‘‘Constatant avec préoccupation que l’importance accordée à la santé physique et à la santé mentale n’est toujours pas la même et qu’il est fait peu de cas de la santé mentale dans les politiques sanitaires et les budgets de santé ainsi que dans les études, la recherche et la pratique médicales, et soulignant qu’il importe d’investir davantage dans la promotion de la santé mentale en adoptant une approche multisectorielle fondée sur le respect des droits de l’homme qui tient compte des déterminants sociaux, économiques et environnementaux de la santé mentale’’

A l’analyse, est-il utile de rappeler que l’homme est à la fois l’objet (bénéficiaire) et le sujet (acteur/conducteur) du développement de toute société. De fait, une société malade tant sur le plan physique que psychique, peut-elle connaitre l’émergence tant appeler de nos vœux à l’horizon 2035 (un temps très proche) ; Quand bien même serait-ce de manière Durable ?

A l’évidence, la santé n’est pas uniquement une affaire de corps mais c’est aussi et surtout une question l’esprit. D’ailleurs la marque ASICS en a fait son slogan « ANIMA SANA IN CORPORE SANO, ou Un Esprit Saint dans un Corps Saint ». Or force est de constater qu’au détriment de la santé mentale, la santé physique est bien plus souvent priorisée. Dès lors ne serait-il pas temps pour nos « policy decisons makers », d’adopter un état d’esprit disruptif aux fins de rompre avec cette vision monoculaire, battue en brèche par les émanations de la crise sanitaire liées à la Covid 19, passée du stade de pathologie clinique (infection pulmonaire, rhumes céphalées, etc.) pour se décliner au stade 2 en psychopathologie (isolation, tendance suicidaire, violence domestique et conjugales…).

De fait si on peut se féliciter de l’annonce par le Ministère de la promotion de la femme et de la Famille, de la création d’une cellule d’écoute, ce à la suite du travail du lanceur d’alerte, qui a permis de libérer la parole et donc de soulager dans une moindre mesure le poids des réminiscences refoulées des victimes, il va s’en dire (voire même sans dire car évident) que, eu égard à l’allitération des dérives comportementales collectives et chroniques observables, ne serait-il pas urgent d’insérer à la STRATEGIE NATIONALE DE DEVELOPPEMENT 2030 (SDN30), boussole en terme de gouvernance nationale, UN PROGRAMME PILOTE DE SANTE MENTALE 25/35 bien plus qu’une simple’’[…]densification de l’offre des services pour soins spécialisés, avec une attention particulière pour la prise en charge notamment du handicap et de la santé mentale’’,( Cf. P79 Par 307 de la SND30), adossé au Programme National d’Education Civique par le Réarmement moral civique et entrepreneurial (PRONEC-REAMORCE) promut par le Ministère de la Jeunesse et de l’Education Civique et dont l’urgence de son redéploiement sur l’étendue du triangle nationale est vivement à « réamorcer » de manière spartiate dans les syllabus.

La santé mentale non pas telle la panacée pour une société en voie de développement $

(le cas échéant) ou encore moins dans une société moralement décadente, mais comme préalable ou corolaire au développement, devant d’une part catalyser l’arrimage des mentalités aux différents processus de changements en cours, tant sur le plan humain qu’infrastructurel, et d’autre part contribuer au réarmement moral et civique des populations sans distinction d’âge, dans la restauration des normes socio-culturelles, challengées depuis la guerre de civilisation menée aux pays africains (…), de l’esclavage à la mondialisation (néocolonisation) en passant par la colonisation.

Enfin pour clore notre propos, l’affaire de mœurs en cours au Cameroun aura servi de prétexte, pour établir la centralité de la santé mentale dans le processus de développement humain et infrastructurel d’une société, surtout lorsque celle-ci est en perte de valeurs. En effet, tout comme le Pr Ebénezer Njoh Mouelle in « De la médiocrité à l’excellence « (LNA 1970) nous, pensons que la misère est d’abord mentale avant d’être matérielle et de fait, des esprits impropres à l‘émergence ne sauront préserver les acquis y relevant. Si globalement une tentative de justification peut être puisée dans la complexité des facteurs conjoncturels (parents absents à chercher le gagne-pain, les enfants abandonnés à s’éduquer par des canaux faisant l’apologie de la dépravation des mœurs), il ne demeure par ailleurs pas moins vrai, qu’une tentative de solutionnement se trouverait dans l’approche structurelle de notre société (ouverture sur le monde avec un ancrage rigoureux aux valeurs ancestrales). De manière ponctuelle, dans le cadre de l’actualité évoquée, à l’effet de conduire un exorcisme de masse et afin d’apaiser la psychose ambiante (faits avérés ou pas), une approche holistique ou à tout le moins une synergie d’actions publiques, multisectorielle (MinDef,MinJustice, MinSante MinProff, MinJec, CNDH, Eglise, Traditionnaliste, MinCom) serait fortement à recommander en vue d’une forme d’expiation, de même qu’il y vaudrait la crédibilité des institutions dirigeantes-/.

NDOLE MALAVE 01-02-24

 

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