La question mériterait d’être posée au regard non seulement du contenu de sa lettre à l’attention des militants du Social democratic front (Sdf), mais aussi et surtout à la considération du timing quand on sait qu’il a été exclu de ce parti il y a quelque temps.
Ce n’est plus un secret pour personne. Le Cameroun est engagé dans une spirale électorale qui débutera au mois d’octobre prochain par l’élection présidentielle et s’achèvera en mars 2026 par les élections législatives et municipales. En pareille circonstance, et partout dans le monde, c’est le moment des grandes manœuvres politiques intégrant autant des défections dans des formations politiques que des adhésions nouvelles et même l’usage d’un feu de tout bois pour décrédibiliser les potentiels adversaires. A cette pratique, le Cameroun n’a pas dérogé à la règle à l’observation de ce qui se passe actuellement sur le terrain. Cette lettre de Jean Tsomelou, sénateur de son état, ancien secrétaire général du parti, mais qui en a été exclu, constitue un exemple patent.
Pour autant l’homme croit toujours être investi de certaines prérogatives lorsqu’il écrit : « En ma qualité d’ancien cadre du Sdf et ancien Secrétaire général du parti, je prends la parole aujourd’hui non pas pour exprimer des regrets quant à mon exclusion du Sdf, mais parce que je refuse de rester silencieux face à sa disparition programmée. Le Sdf, tout comme l’Upc, est un patrimoine national bâti au prix du sang et du sacrifice de nombreux camerounais ». Et l’ex-cadre du Sdf d’ajouter : « Nous avons consacré notre jeunesse à ce combat et six jeunes militants ont perdu la vie à ‘’Liberty square’’ à Bamenda, au moment où certains, qui cherchent aujourd’hui à brader le parti, n’y ont adhéré qu’en 2004. Il est donc de notre devoir de dénoncer les décisions inquiétantes prises par l’actuel leadership, qui s’éloigne dangereusement des idéaux ayant toujours guidé notre engagement ».
Si dans une certaine mesure, il peut lui être réservé ce droit de critique, la fondamentale question serait de savoir « sous l’égide de qui et de quoi », peut-il se prévaloir de ce « devoir » alors que pour des raisons que l’on peut imaginer, il a été poussé à la porte de cette formation politique. A moins de considérer son exclusion comme une vulgaire mise en scène !
Sur un autre plan, il n’est pas surprenant que les hommes politiques camerounais, soit parce qu’étant en perte de vitesse et cherchant à se refaire une santé, une visibilité politique, fassent usage de « chantage », de marchandage pour se repositionner sur un échiquier.
Qu’importe-t-il à un exclu de penser qu’une résolution qui aurait été adoptée en interne dans une formation politique, serait antidémocratique du moment où les « concernés » ne l’ont pas contesté ? Pourtant, Jean Tsomelou, arguant que « les principes de démocratie, de justice sociale et de participation populaire » courent vers « une dérive autoritaire qui met en péril son avenir et son rôle dans la construction d’un Cameroun démocratique » pour la seule raison qu’il aurait été imposé une caution non remboursable de 50 000 000 FCFA pour être candidat à la candidature au sein du parti lors de la présidentielle. Elle « est une décision injuste et antidémocratique. Elle vise à exclure une grande majorité des militants engagés et à réserver le processus électoral à une élite privilégiée ». Comme si une élection présidentielle est une vulgaire aventure à laquelle tout le monde peut être engagé. Alors que dans le même temps, une insistance a toujours été faite au sujet de la déclaration des biens des potentiels candidats à la présidence de la République parce que cette responsabilité ne saurait être accordée à ceux qui pensent s’enrichir au détriment du peuple.
S’il est bien apprécié le fait que Jean Tsomelou appelle les militants à rester concentrer et mobiliser pour sauvegarder les acquis du parti et pourquoi pas les améliorer, il reste qu’il ne saurait s’agir d’une tentative d’exclusion de quiconque de la course vers Etoudi dès le moment où les éventuels prétendants le feraient conformément à la loi. Peu importe si la caution à l’élection présidentielle passe de 30 à 100 millions de Fcfa, ou que celle des élections législatives soit portée de 1 à 20 millions de Fcfa. Dans un cas comme dans un autre, l’alternance reste possible.
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