Présidentielle 2025 : Issa Tchiroma Bakary prend-il ses distances avec Paul Biya ?

Un discours inédit. Pour la première fois depuis son entrée au gouvernement en 2009. Issa Tchiroma Bakary, actuel ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, n’a pas explicitement appelé ses militants à soutenir le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) pour la présidentielle de 2025. Lors de ses récentes sorties publiques, notamment à Maroua, l’ancien porte-parole du gouvernement s’est contenté d’inviter ses partisans à se mobiliser et à s’inscrire massivement sur les listes électorales. Une posture qui tranche avec son discours habituel de soutien inconditionnel à Paul Biya.

Depuis des années, Issa Tchiroma Bakary s’est positionné comme un allié stratégique du RDPC. Son parti, le Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), a toujours été perçu comme un soutien indéfectible au régime en place. Or, l’absence de toute mention de Paul Biya dans ses récents discours soulève des interrogations. S’agit-il d’un simple ajustement tactique ou d’un véritable tournant politique ?

Dans un contexte où l’incertitude plane encore sur la candidature de Paul Biya et où les dynamiques politiques internes au RDPC restent floues, certains analystes y voient une volonté d’Issa Tchiroma Bakary de se repositionner. Peut-être cherche-t-il à se préparer à d’autres alliances ou à affirmer une certaine autonomie politique en vue de la présidentielle de 2025 ?

Depuis sa nomination au gouvernement en 2009, Issa Tchiroma Bakary a toujours défendu avec ferveur le bilan du président Biya, le présentant comme l’homme providentiel pour le Cameroun. Ce changement de ton ne peut donc passer inaperçu. À Maroua comme ailleurs, il a préféré insister sur l’importance de l’engagement citoyen sans donner d’instruction de vote en faveur du RDPC.

Issa Tchiroma Bakary a surtout axé son discours sur la remobilisation des organes du FSNC et l’intensification des inscriptions massives sur les listes électorales. Il a exhorté les jeunes du parti à faire un choix judicieux et éclairé, soulignant les nombreuses difficultés auxquelles ils sont  confrontés.

Alors que les échéances électorales approchent, cette prise de distance, volontaire ou calculée, pourrait bien redéfinir les rapports de force au sein du paysage politique camerounais. Reste à voir si cette posture se confirmera dans les mois à venir et quelle sera la réaction du RDPC face à ce positionnement pour le moins intrigant d’un de ses alliés traditionnels.

Pierre Laverdure Ombang (CP)