Le ministre des Relations Extérieures du Cameroun, Lejeune Mbella Mbella a lu la déclaration du président de la République à la 76ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le 25 septembre 2021 à New-York. La rédaction de La Plume de l’Aigle publie ci-dessous l’intégralité de cette intervention.
Monsieur le Président, Je voudrais tout d’abord vous féliciter pour votre élection à la présidence de la présente session et vous assurer du soutien et de la collaboration entière de la délégation camerounaise. Il ne fait de doute que votre riche expérience vous permettra certainement de conduire nos travaux avec succès. Il me plaît également de saluer le remarquable travail accompli par votre prédécesseur, M. VOLKAN BOZKIR, et d’apprécier les résultats positifs enregistrés au cours de son mandat, dans un contexte de grandes difficultés exacerbées par la pandémie de COVID-19.
Je voudrais également adresser mes vives et chaleureuses félicitations à M. Antonio GUTERRES, pour sa réélection à la tête du Secrétariat Général des Nations Unies, pour un deuxième mandat. Il aura ainsi l’opportunité de poursuivre les avancées notables réalisées durant son mandat précédent, notamment en matière de réformes et, en particulier, s’agissant du repositionnement du système des Nations Unies pour le Développement. De plus, je voudrais l’assurer de l’engagement de mon pays à l’accompagner dans le renforcement de l’ONU et la mise en œuvre d’un agenda global pour la paix et le développement durable.
Monsieur le Président,
Excellences, Mesdames, Messieurs les délégués, C’est avec conviction que je prends la parole, au nom du Cameroun, dans ce débat général sur le thème : « Miser sur l’espoir pour renforcer la résilience afin de se 3 relever du COVID-19, reconstruire durablement, répondre aux besoins de la planète, respecter les droits des personnes et revitaliser l’Organisation des Nations Unies ». La pertinence de ce thème me paraît indiquée au moment où l’humanité fait face à la pandémie de COVID-19. Ses conséquences désastreuses aux niveaux social et économique remettent en cause les nombreuses avancées obtenues dans la lutte contre la pauvreté. Elles hypothèquent l’atteinte des objectifs de développement durable à l’horizon 2030, que nous nous sommes assignés.
C’est le lieu de lancer un vibrant appel en faveur d’un élan renouvelé de solidarité humaine afin d’assumer notre « communauté de destin ». Pour assurer « l’avenir que nous voulons », nous ne saurions continuer à nous dérober aux multiples et importants engagements souscrits dans le cadre des conférences récentes sur l’environnement et le changement climatique, notamment l’Accord de Paris et le Plan d’Action d’Addis-Abeba sur le financement du développement durable. La pandémie de COVID-19 nous donne l’occasion d’apporter des solutions concertées, durables et globales aux nombreuses menaces et aux nombreux défis globaux et complexes auxquels la planète et l’humanité sont confrontées.
Monsieur le Président,
Il est important de rattraper d’urgence le retard accusé dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030, dû au non-respect des engagements souscrits et aggravé par le COVID-19. Pour cela, notre volonté politique ne devrait connaître aucun relâchement. Il s’agit de renforcer le multilatéralisme par une pratique résolue de la solidarité, de donner au Secrétaire Général et au Système des Nations Unies les moyens d’action et les ressources suffisantes et prévisibles pour gérer notre « maison commune ». Je pense, dans cette perspective, que la réforme du Conseil de Sécurité reste d’actualité. L’Afrique devrait y retrouver sa place, avec deux sièges permanents, dotés de tous les droits associés, et de deux sièges non permanents supplémentaires, tels que revendiqués par notre Continent dans le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte.
Monsieur le Président,
Excellences, Mesdames, Messieurs les délégués, Des promesses, il convient de passer aux engagements fermes pour rendre effectif l’accès égal aux vaccins contre le COVID-19, accompagner les pays à faible revenu dans la voie de la science, de la technologie, et leur permettre de faire face aux nombreux défis qui les interpellent. 5 Passons à l’action pour réformer le système économique mondial et pour rendre plus équitables les échanges commerciaux. C’est l’occasion pour mon pays de saluer la proposition d’un taux d’imposition minimum mondial sur les sociétés multinationales, avec l’espoir que sa concrétisation sera effective dans les plus brefs délais possibles.
Monsieur le Président,
Excellences, Mesdames, Messieurs les délégués, Les maux qui menacent l’humanité à l’heure actuelle s’appellent :
– le changement climatique,
– les conflits dans de nombreuses régions du monde,
– la montée du terrorisme,
– la cybercriminalité,
– la pollution des mers et des océans,
– les utilisations non pacifiques de l’espace, y compris de l’espace extra-atmosphérique,
– l’usage pernicieux des réseaux sociaux,
– la dégradation de l’écosystème forestier,
– les atteintes à la biodiversité,
– la piraterie maritime,
– la tragédie des migrants.
Mon pays se réjouit de la tenue prochaine de la COP26 et de la Conférence de Stockholm+50. Nous apporterons notre soutien à la réussite de ces rencontres. Il est impératif que nos partenaires bilatéraux et multilatéraux tiennent leurs engagements de fournir aux pays en développement les ressources financières et technologiques nécessaires à la mise en œuvre des 6 programmes d’atténuation et d’adaptation aux dérèglements climatiques.
Dans un monde de plus en plus globalisé, personne ne sera en sécurité aussi longtemps que des dispositions adéquates ne seront pas prises pour assurer la sécurité. C’est le lieu pour moi de rappeler que mon pays continue de mener la guerre contre le terrorisme de Boko Haram dans sa partie septentrionale et, en la coopération avec d’autres pays, dans le Bassin du Lac Tchad. En tant que contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, le Cameroun fait preuve d’un engagement constant en faveur de la paix et de la sécurité internationale. Nous poursuivons nos efforts dans nos régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest, pour mettre fin aux tensions socio-politiques qui y sont entretenues par des groupes armés. A cet effet, nous avons mis en place un important dispositif comprenant :
– un programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR),
– un plan d’assistance humanitaire,
– un plan de reconstruction de ces deux régions,
– une commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme,
– un statut spécial qui octroie aux deux régions en question une assemblée régionale,
– une « House of Chiefs »,
– un exécutif régional
– et un « Public Independent Conciliator ».
Toutes ces avancées résultent du Grand Dialogue National que nous avons initié. L’action du Gouvernement porte déjà des fruits, visibles à travers le retour progressif à la paix. Malgré quelques actes isolés de banditisme perpétrés par des bandes armées, la situation s’améliore de jour en jour. Nos forces de défense et de sécurité, déployées sur le terrain, protègent les populations et leurs biens, avec professionnalisme et dans le respect des droits de l’homme. De manière générale, le Cameroun est actuellement engagé dans un vaste programme de réformes qui visent son émergence à l’horizon 2035, dans l’esprit du Programme de Développement Durable des Nations Unies et de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine.
Je saisis cette occasion pour remercier nos partenaires bilatéraux et multilatéraux pour l’assistance qu’ils nous apportent dans cette entreprise.
Monsieur le Président,
Excellences, Mesdames, Messieurs les délégués, Nous vivons une période marquée par de nombreux défis, mais aussi par de nombreuses opportunités. Il nous appartient d’en tirer toutes les conséquences, d’œuvrer solidairement pour l’avènement d’un monde de paix, de sécurité, de bien-être pour chacun et pour tous. Le Cameroun est résolument engagé dans cette voie.
Je vous remercie de votre aimable attention.
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