By «Pourquoi les panafricanistes ne critiquent jamais Paul Biya?» Cette question m’a été posée hier par un ami panafricaniste vivant au Mali. Visiblement remonté par les nombreuses critiques dirigées contre le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara (ADO). Plus précisément dans le cadre des 49 soldats détenus et qualifiés de mercenaires par Bamako. Il redoute que cette situation n’entraîne une confrontation entre Maliens et Ivoiriens. Au lieu de continuer à penser et à déclarer haut et fort que ADO a tort dans ce dossier, il aimerait que les panafricanistes, surtout camerounais, encensent Abidjan. Qu’ils traitent ce dossier comme ils traitent souvent ceux concernant Yaoundé.
Mon confrère estime que les panafricanistes qui interviennent sur Afrique Media et sur les autres médias panafricains ménagent Paul Biya, le Chef de l’Etat camerounais. Alors que ce dernier, selon lui, «est un mort vivant, un malentendant, qui aura fait 40 ans au pouvoir…». Il s’étonne de ce que les panélistes ne mettent pas un accent particulier sur le locataire du Palais d’Etoudi.
A mon frère et ami, je répondrais que le panafricanisme n’a pas vocation à faire l’apologie de la démocratie à l’occidental avec les jumelles étrangères. Le combat majeur des panafricanistes du 21ème siècle consiste à détruire le disque impérialiste qui hante nos cerveaux. Et à restaurer notre souveraineté. Grosso modo, couper le cordon ombilical et parler d’égal à égal avec nos partenaires. Ce qui passe bien évidemment par la sensibilisation des masses. L’éveil des consciences.
Les dirigeants africains qui servent les intérêts occidentaux au vu et au su de tous ne seront pas épargnés. Pour sensibiliser, il faut des canaux et des hommes courageux. Surtout des dirigeants audacieux. Sur ce dernier point, le président Paul Biya n’a pas son pareil en Afrique francophone et peut-être même sur tout le continent. Combien de médias des autres Etats de ce qu’on a souvent appelé «pré-carré français» traitent les questions de la décolonisation avec rigueur et professionnalisme tout en réunissant les experts en la matière des quatre coins du monde comme les médias camerounais? Combien de pays du continent peuvent autoriser une chaîne de télévision qui traite essentiellement de ce sujet comme Afrique Media ou For you au Cameroun?
Paul Biya libère les énergies panafricanistes
Juste pour avoir permis aux panafricanistes du monde de s’exprimer librement depuis plus de dix ans sur une chaîne de télévision émettant depuis le Cameroun malgré les menaces des grandes puissances occidentales, le président camerounais mérite notre total respect. Je ne voudrais pas revenir sur les témoignages des dirigeants africains qui reconnaissent sa sagesse et son panafricanisme.
Mon frère, je dis oui, les panafricanistes ont tout à fait raison de ménager de temps en temps Paul Biya du Cameroun. Il le mérite bien. Il n’a jamais pris de sanction contre un Etat voisin. Il n’a jamais critiqué les choix des partenaires de nos voisins. Et n’a jamais fait feu de tout bois pour enlever un dirigeant africain à la tête de son pays, fut-il militaire. Paul Biya comme son prédécesseur (Ahmadou Ahidjo) n’a jamais accepté de faire du Cameroun la base-arrière de la déstabilisation d’un pays voisin. Bien au contraire les nombreuses crises en RCA et au Tchad ont fait du Cameroun de Paul Biya, la terre d’accueil des réfugiés par excellence. C’est ça le panafricanisme.
Tous les dirigeants africains qui se comporteront comme Paul Biya auront toujours l’admiration des panafricanistes. Mais ceux qui se battent de toutes leurs forces pour nous maintenir dans les griffes de l’Occident, seront épinglés par les citoyens de l’Afrique nouveau.
Didier Ndengue
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