Opinion : Simone Gbagbo lance le MGC. Les journalistes plongent. Maurice Kamto dit le droit
Laurent et Simone Gbagbo
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Opinion : Simone Gbagbo lance le MGC. Les journalistes plongent. Maurice Kamto dit le droit

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La manipulation de l’opinion par le système politique et médiatique français n’instruit pas les journalistes africains sans âme journalistique. Ils reprennent à leur compte et distillent les mensonges des médias occidentaux. Ces «crayons cassés» qui pratiquent le journalisme sans un ingrédient de géopolitique ou un zeste de géostratégie font le journalisme des autres pour les autres. Ignorant que leurs intérêts sont différents de (voire en contradiction avec) ceux de ces autres.

Journalisme accusatoire ressuscité

Ils ont repris avec ce journalisme de contrefaçon à peine Simone Ehivet Gbagbo portée à la tête du Mouvement des Générations Capables (MGC) pour donner une autre envergure à sa bataille politique. A la porte, ils ont attendu sagement que les médias impérialistes sortent de leur coffre de mots-déchets et phrases accusatoires, de vieilles formules pour étoffer leurs textes. Ils ont recyclé leurs versets favoris dont les «3000 victimes de la crise politique», le «refus du président Gbagbo de quitter le pouvoir», et leur accusation taxant Simone Ehivet de «celle qui a formé un redoutable tandem avec Laurent Gbagbo lorsque celui-ci était président de 2000 à 2011

Contrairement à ce que ces tortionnaires de l’histoire écrivent, les archives renseignent que les Gbagbo ont formé un «redoutable tandem» politique (pour reprendre leur expression) depuis la clandestinité pour se battre pour la souveraineté de leur pays. Ainsi, «tant sur le plan privé que politique, ils ont mené ensemble le combat pour le multipartisme dans leur pays il y a plus de 30 ans.» Relatent les esprits sains dans leurs papiers. Simone Ehivet le dit elle-même. «Je suis dans l’arène politique depuis tellement d’années, je ne suis pas sortie à un moment donné de l’arène politique. J’y suis sous une forme ou sous une autre.» Cet éclairage venait en réponse à une question-affirmation, confuse et tendancieuse de France 24, le 30 août 2022, qui est, «si vous êtes élue présidente après des années à avoir réfléchi de se lancer seule en politique, sans Laurent Gbagbo, on peut imaginer que c’est votre volonté pour gagner la présidentielle

3 000 morts, un faux chiffre                                                       

Koffi-Koffi Lazare, ancien ministre ivoirien, a publié en 2016 un ouvrage intitulé, «Côte d’Ivoire, l’énigme des 3000 morts—la France au cœur du génocide ivoirien», préfacé par le Pr. Michel Galy et postfacé par le ministre Emile Guirieoulou. «Ce livre a été écrit pour s’élever contre l’oubli des crimes de la France en Côte d’Ivoire, de 2002 à 2011. Mais il a aussi été conçu comme un rappel de tout ce qui s’est passé au sortir du deuxième tour de l’élection présidentielle de 2010.» Ce livre lève un coin du voile sur, «la crise postélectorale, qui a fait plusieurs milliers de morts, [et] cachent de sombres entreprises.» Koffi-Koffi a vulgarisé la même année la connaissance du faux de ce faux chiffre dans un excellent papier—étoffé de références—intitulé «Côte-d’Ivoire : Ce faux chiffre des 3 000 morts que la France et l’ONU veulent nous imposer.»

Ce chiffre de 3 000 morts selon Tino Xada, un internaute, «a été évoqué pour la première fois par les organisations des droits de l’homme comme étant le nombre des victimes du génocide de Duékoué…et c’est France 24, par la suite, qui a réussi à faire passer ce chiffre comme étant celui de l’ensemble des victimes du putsch électoral et militaire de 2011», relève Koffi-Koffi. Pour d’autres, «ce chiffre a été lancé avant même que la résidence du chef de l’Etat soit prise d’assaut par les forces françaises et onusiennes», poursuit le ministre. L’AFP a utilisé ce chiffre «dans sa tentative de justifier les raisons de l’arrestation, de l’emprisonnement, et de la déportation du président Gbagbo», dévoile-t-il.

Le 10 août 2012, le rapport de la Commission nationale d’enquête de Ouattara a recensé 3 248 morts dont «1 452 attribués à la majorité présidentielle, 727 à Ouattara et ses rebelles, et 1 069 non-classifiés». Le rapport de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation’ (CDVR) créée en 2011, remis à Ouattara Alassane en 2014, a recensé un nombre de victimes plus de cinq fois plus élevé. A l’évidence, ils sont nombreux les observateurs qui doutent de ce chiffre qui paraît prémédité. Sauf bien sûr les journalistes africains à la traîne dans la pratique du journalisme d’investigation.

Détachés de l’histoire

Malgré la pléthore d’ouvrages, une foultitude d’articles de presse et de papiers scientifiques, un volume impressionnant de rapport d’enquête, une masse importante de communications retenues pour les conférences, séminaires, et colloques, des milliers de pièces traitées à la CPI, le tout physique et/ou numérique, les media-menteurs continuent de violer l’histoire récente de la Côte d’Ivoire. Ils espèrent réussir à implanter leur nanopuce de mensonge dans l’opinion africaine et occidentale, afin de la contrôler à distance. Ces dissimulateurs vont encore profaner la vérité tant que les journalistes africains ne se dépâtisseront pas de la dépendance financière occidentale. Ils demeureront dans les liens de l’asservissement s’ils ne sortent pas du nombrilisme national pour s’intéresser aux questions africaines, mener leurs propres enquêtes, et surtout, arrêter de s’approvisionner auprès des agences de presse impérialistes.

En ce qui est de la Côte d’Ivoire, si les journalistes africains avaient suivi le procès du président Gbagbo à la CPI (4 chefs d’inculpation, 3 ans de procès, 5300 éléments de preuves, 520 heures de vidéo, 82 témoins sur 138 prévus, une cinquantaine seulement a témoigné, 230 comparutions, 14 demandes de liberté provisoire, toutes refusées, 2 révisions de copie pour Bensouda), ils se seraient posés de bonnes questions sur les objectifs de cette nouvelle cabale bien que tiède. D’ailleurs, les journalistes africains ne se sont pas interrogés sur la vingtaine d’années et plus de propagande destructrice déclenchée au lendemain de l’élection de Gbagbo à la magistrature suprême. Endoctrinement qui a accompagné le putsch manqué de la France le 19 septembre 2002 dans ce pays. Catéchisation qui a développé les éléments de contestations des résultats de la présidentielle du 28 octobre 2010. Cette désinformation a agrémenté la tragédie du 11 avril 2011 et orchestré le retour de Gbagbo le 17 juin 2021. Ce matraquage médiatique mensonger était dans le sillage du lancement du PPA-CI (17 octobre 2021). Il a resurgi lors de la naissance du MGC (19-20 août 2022).

Kamto dit le droit

Les petits mensonges assassins des médias impérialistes sur les Gbagbo tels que «la crise née du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite» ou encore «leur rôle pendant la crise sanglante ayant causé environ 3000 morts», ont contribué aux crimes politiques les plus cruels en Côte d’Ivoire. Ce charlatanisme qui met en cause les Gbagbo a été démonté par le Camerounais Maurice Kamto, président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). Il a écrit : «Le Conseil Constitutionnel a arrêté et proclamé les résultats de l’élection présidentielle. On en connaît le vainqueur, exit donc la bataille des chiffres. Car pour ceux qui sont attachés à la légalité républicaine, les décisions de cette auguste juridiction sont comme des dogmes. Non pas qu’on y puisse déceler parfois quelques scories; mais notre système juridique pose pour principe immuable, qu’en disant le droit, la haute juridiction, tel le Pape, est habité par la grâce d’infaillibilité. C’est pourquoi, elle parle no varietur, une fois pour toutes et ce qu’elle arrête et proclame est sans recours.» Cette analyse épouse le contexte électoral de tous les pays qui se proclament démocratiques.

Cette réflexion juridique judicieuse de Kamto—dont Ouattara dit-il est son modèle—, indique que la Côte d’Ivoire a été plongée dans la guerre jusqu’au génocide Wé, à cause de la France et Alassane, pour «avoir refusé de reconnaître la victoire du président Gbagbo.» Le journaliste Théophile Kouamouo sur cette vérité est plus précis. La crise ivoirienne est née «du refus d’Alassane Ouattara, soutenu par une partie de la communauté internationale, d’accepter les résultats définitifs de l’élection présidentielle.»

Victimes des politiques et des médias

Il n’y aurait donc pas eu des morts d’une crise politique à compter si Ouattara et ses mentors avaient accepté le verdict du Conseil Constitutionnel, ou s’ils n’avaient pas fait barrage à l’option du «recomptage des voix» proposée par Gbagbo. Et si les médias du crime ne les avaient pas accompagnés dans cette sale besogne.

Feumba Samen

 

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