Le maire sortant et son challenger direct aux élections municipales de dimanche ne sont pas des saints. Ils utilisent leurs tares pour battre campagne.
Pour la plupart de citoyens de Douala 5, Gustave Ebanda était un maire fantôme à la tête de la commune. Son impopularité ne joue pas en faveur du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) dans cet arrondissement. « Il y a un désordre fou dans sa liste. Chacun va de son coté, il fait comme il veut, malgré le rappel à l’ordre du Minjustice », s’insurge un militant du parti des flammes. Mais la consigne de la hiérarchie est claire : malgré les tares, on ne lâche pas les camarades. Le parti au pouvoir est prêt à faire l’impossible pour garder l’une des plus importantes communes du pays.
Carlos Ngoualem, tête de liste du Social democratic front (Sdf) aux municipales dans cet arrondissement le sait parfaitement, mais n’a pas l’intention de se faire battre aussi facilement. L’espoir de l’opposition dans la commune, pendant ses opérations de charme dans les quartiers, expose les casseroles de son adversaire. Le registre contenant les failles du maire sortant est élastique. Ce dernier, selon son adversaire politique, cumule une dette d’environ deux milliards de francs CFA, « le loyer de l’immeuble siège de la mairie n’a pas été payé depuis dix ans », apprend-on. Le bâtiment en question n’a pas d’eau, soutient Carlos Ngoualem. Impossible donc d’aller au petit coin pour se soulager. « Pour laver les mains, où pour nettoyer le sol, on est obligé de recueillir l’eau des climatiseurs », regrette un employer de la Mairie croisé sur les escaliers.
A qui se plaindre dans ces conditions ? A un personnage invisible ? Parce que Gustave Ebanda l’est. Ce maire est très peu connu de ses populations. « Il n’est jamais surplace. En plus la photo utilisée pour ses affiches de campagne n’est pas actuelle», constate un habitant de Douala 5e.
Carlos Ngoualem entre vol et viole
Visiblement, le successeur de Françoise Foning n’a pas maintenu le flambeau haut dans la commune de Douala 5. Le constat est palpable au lieu-dit « Palais » à Makepe Missoke ce mercredi 5 février 2020. « Je me rappelle quand madame Foning faisait les meetings ici, le quartier grouillait de monde », se souvient le journaliste William Meli. Carlos Ngoualem tient son meeting sur les lieux ce jour. Le rendez-vous ne fait pas foule, « mais il est meilleur que ceux des autres partis politiques qui ont défilé ici depuis le début de la campagne », lance un habitant de Makepe Missoke, assis dans un bistrot.
Toutefois, cette mobilisation ne fait pas de Carlos Ngoualem un saint. Les accusations qui pèsent contre la tête de liste Sdf sont de nature à le discréditer aux yeux des électeurs dimanche. « Carlos Ngoualem avait été accusé par ses propres camarades du Sdf d’avoir détourné leur caution à hauteur de 3 millions. L’affaire est allée jusqu’au tribunal. Dans le Sdf, on est habitué aux coups bas avec lui. C’est quelqu’un qui a un mauvais rapport avec l’argent. En plus d’être un voleur, il est un violeur», accuse un militant du Rdpc, qui dit s’appuyer sur des preuves tangibles. Des accusations qui peuvent avoir un réel impact dans les urnes ce weekend.
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