Depuis le mois de janvier 2021, une effervescence particulière règne sur le campus de l’Ecole internationale des Forces de Sécurité d’Awae. Entre la formation en cours du Diplôme d’Etat-major des Forces de Sécurité, le Stage de Commandant d’Unité et les modules de formation en matière de sécurité routière, il y a lieu de se demander où le « top management » de cette école puise-t-elle son énergie pour remplir ce cahier de charge chronophage, sans occulter dans ce calendrier 2020-2021, le Brevet Supérieur des Forces de Sécurité qui se déroule au même moment à NGOUSSO et bien d’autres formations. La clé de cette réussite se trouve dans la vision de l’excellence en matière de formation sécuritaire, mais aussi dans celle de l’animation d’un espace synergiciel qui rassemble les partenaires et l’intelligence académique duale des forces de sécurité et des civils.
Par Dr Didier BADJECK
Concrétiser une vision politico-stratégique
L’École Internationale des Forces de Sécurité (EIFORCES) a été créée par décret présidentiel N° 179/2008 du 22 mai 2008. Cette initiative participe de la vision du Chef de l’État camerounais, à apporter par cet instrument, une contribution à la réduction des conflits et de l’insécurité en Afrique, toute chose qui catalyse le développement social et économique. Toujours avant-gardiste sur des questions sécuritaires, le Président Paul BIYA a su asseoir un projet qui répondrait aux conflits actuels, dont le kaléidoscope laisse émerger durablement, l’image d’une Afrique grêlée de crises, souffrant également d’un déficit en ressources humaines susceptibles de remplir au niveau standard, les missions en matière des opérations de soutien à la paix. La concrétisation de cette vision fût complexe au regard des moyens multiformes qu’un tel projet solliciterait, partant des acquis endogènes sur lesquels il aurait fallu préalablement compter. Le Cameroun a su tirer à bon escient les fruits d’une coopération affirmée auprès de partenaires bilatéraux et multilatéraux, pour que cette initiative louable se transforme en réalité. Une chorégraphie aboutie dans laquelle chaque acteur a joué sa partition. Année après année, l’EIFORCES a en effet grandi. Elle a diversifié ses offres de formation et le Cameroun a joué le rôle que l’on attend d’un pays en quête de développement ; celui du partenaire et non d’assisté. L’expérience acquise en une décennie et la qualité des enseignements ont permis très vite à cette école d’être labellisé comme centre d’Excellence de la Communauté Economique de l’Afrique Centrale et de l’Union Africaine. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, l’EIFORCES s’est inscrite aussi dans le processus de reconnaissance et de certification de ses formations par les Nations Unies comme centre d’excellence.
Les formations sur la sécurité routière renforcent un panel d’enseignement déjà important !
Les formations jusqu’ici disponibles concernaient les formations de Gouvernance sécuritaire, de la Protection des civils, de Lutte contre le terrorisme, et s’étendaient aussi sur la Criminalité transfrontalière et la Protection. Entrer dans les formations en matière de sécurité routière était une inconnue au regard de la spécificité pointue du domaine. Les accidents de la route devenus un véritable fléau mondial s’étant par ailleurs aggravé au fil des années, cette problématique mettait en perspective la formation, comme premier barrage aux accidents de la route. L’EIFORCES s’est présenté alors comme la structure idéale pour abriter une telle formation qui ciblait des objectifs au niveau stratégique et opératif. La conception du contenu des formations par strates, le chronogramme et les volumes horaires ont été l’action pédagogique incisive à entreprendre. L’identification des profils des potentiels personnels au sein de la Gendarmerie, de la Police et des référents routiers a été également, une étape importante, ainsi que celle de l’élaboration du profil des experts.
La première composante visant la Prévention, le Contrôle et la Répression a commencé
Cette composante ne s’est pas effectuée conformément au chronogramme initial en raison de l’épidémie au Corona virus. Elle a pour but d’améliorer les moyens de contrôles (sur le plan de la logistique, de la formation, etc.), de renforcer les capacités de tous les acteurs impliqués dans la sécurité routière et même les populations, de systématiser les sanctions (répression) et faire appliquer la législation en vigueur sur les différents cas relevés comme accidentogènes. Par ailleurs, un accent particulier sera mis sur la connaissance et la mise en application de la réglementation sur le comportement des usagers de la route.
C’est ainsi que du 31 mai au 4 juin 2021, s’est tenu le premier séminaire de renforcement des capacités des hauts cadres de la Police et de la Gendarmerie qui a visé à donner aux participants des enseignements d’ordre stratégique et d’orientation régionale sur la sécurité routière. Ils ont été également sensibilisés sur l’importance d’une bonne gestion humaine et matérielle des unités qui leur sont confiées.
La formation des commandants d’unité de sécurité routière en matière de prévention, de contrôle et de répression s’est déroulée quant à elle du 7 au 11 juin 2021. Cette formation a concerné le personnel du niveau de commandants de peloton motorisé, celui de la Police nationale mais également du ministère des Transports, en charge de la mise en œuvre de la lutte contre l’insécurité routière.
Ces deux formations ont bénéficié d’un module-média approprié (Média Training) donnant aux apprenants, malgré le temps relativement court, une posture de communicant en situation de terrain, correspondant à chaque niveau de compétence et allant respectivement de la sphère stratégique, opérative et tactique.
Placée sous l’égide du Programme d’Appui à la Gouvernance des Infrastructures Régionales et Nationales en Afrique Centrale (PAGIRN) et subventionnée en partie par le 11ème Fonds Européen de Développement, la formation sur la sécurité routière, encadrée de mains de maître par l’EIFORCES souscrit tout au moins à deux attentes majeures : diminuer par ricochet le taux d’accident sur les routes mais également, disposer désormais de l’interface pédagogique idoine pour ce faire. En effet, cette structure ne peut que progresser dans le sens de la concrétisation de formations pertinentes qui élargissent davantage son champ de l’enseignement sécuritaire déjà auréolé.
Comments