Editorialiste camerounaise, militante nationaliste et ancienne membre du Conseil national de la communication (CNC), Suzanne Bema Kala Lobe est décédée ce jeudi 1er août 2024, des suites de maladie. Elle avait 71 ans. Ses confrères portent le deuil.
Suzanne Kala Lobe n’est plus. La journaliste et éditorialiste a rendu l’âme ce « jeudi 1er août 2024 des suites de maladie à l’hôpital militaire de Douala », apprend-on de nos confrères du journal en ligne Cameroon Files. Née le 16 janvier 1953 dans la capitale économique camerounaise, Douala, la doyenne de la presse écrite et de l’audiovisuel décède à l’âge de 71 ans.
La nouvelle de sa disparition s’est répandue comme une trainée de poudre. « Elle est décédée ?», s’étonne Xavier Messe à Tiati, directeur de publication de « Le Calam », la voix tremblante. Joint au téléphone par la rédaction de La Plume de l’Aigle pour recueillir sa réaction suite à la disparition de celle qu’on appelait affectueusement « Ma’a Sû », il apprend la triste nouvelle par notre canal. Comme cet enseignant de journalisme, d’autres confrères sont sous le choc. « C’est un choc parce que jusque-là rien ne présageait que Suzanne allait partir », lance Armelle Nga, journaliste sénior, coordinatrice à Dash info radio.
Selon la journaliste du groupe Dash Média, leur consultante « se plaignait de douleurs atroces ces derniers temps. Vous savez, à partir du troisième âge, on a des maladies dites maladies de la vieillesse, telles que l’arthrose, les douleurs musculaires. Elle souffrait déjà depuis quelque temps. Mais, il y a de cela deux mois, elle n’arrivait plus à monter les escaliers, il fallait donc qu’elle reste couchée et qu’elle suive son traitement. Quand elle a annoncé être malade, ça n’a pas plus inquiété que ça parce que c’était déjà la routine. Elle suivait son traitement et tout allait bien. On s’est dit que ça allait passer mais, hélas, non. Elle a eu du mal ces dernières semaines à revenir sur le plateau. Son décès fait très mal, c’était inattendu. »
Suzanne Kala-Lobe, une bibliothèque partie trop tôt !
Pour la journaliste qu’elle était, Armelle Nga pense que la doyenne n’a pas légué tout ce qu’elle avait appris. « Cette bibliothèque est partie avec plus de la moitié de ce qu’elle avait. On aurait dû peut-être la prendre en professeur de journalisme, ça aurait été profitable pour les gens. Professionnelle, elle l’était. Avec Suzanne sur un plateau, tu étais sûr de sortir de là avec quelque chose. Ces dernières années, elle était celle-là qui essayait de temporiser. Elle relativisait beaucoup de choses, par exemple, les attaques contre le gouvernement camerounais. Elle essayait de faire comprendre aux gens que l’inaction ne sert à rien, mais plutôt l’action. Elle nous apprenait à tirer le meilleur d’elle sur les plateaux. Elle acceptait les critiques, elle était accomplie. »
Femme imposante, intellectuelle et cultivée, Suzanne savait utiliser son verbe pour faire valoir sa pensée. Son départ laisse un grand vide dans la presse et représente une perte énorme pour les jeunes générations. Journaliste et enseignant de journalisme, Charles Nforgang garde d’elle « une dame qui avait refusé cette problématique de genre. Pour elle, quand on était journaliste, on était journaliste. Il n’y avait pas de journaliste femme ou homme. Elle avait cette poigne-là, cette capacité à rivaliser avec le genre masculin. D’ailleurs, elle ne se considérait pas comme une femme. Je me souviens que nous avons milité ensemble sur le plan politique et là aussi, elle avait pesé de tout son poids pour qu’on ne puisse pas avoir ces dénominations dans un parti comme le Manidem. »
Xavier Messe lui, se rappelle qu’il avait consacré « une chronique de bloc-notes à Mutations à un plateau de Canal Presse que nous avions fait à 4. Il était dirigé par Joly Koum et il y avait Pius Njawé, Suzanne Kala-Lobe, Thierry Ngongang et moi-même. Il y a eu quelques échanges assez poignants sur lesquels Suzanne était revenue avec sa technique et sa poigne habituelle pour redresser les gens qui avaient tendance à parler d’autres avec une espèce de condescendance non justifiée. Cette chronique qui était intitulée » ce journaliste qu’il faut » tuer » « , je l’ai actualisée ce matin avant que vous ne m’appeliez pour m’annoncer sa disparition », rapporte l’ancien directeur de publication du quotidien à capitaux privés Mutations.
Comments